Qu’est ce que le Square de Renault ?

Edwin Mootoosamy
Le Square
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2 min readFeb 13, 2017

Avant le XIXe siècle et l’avènement de la notion de progrès, “inventer était implicitement, voire explicitement une forme de transgression”. Le contexte était beaucoup plus conservateur et la transgression foncièrement mal vue. On mettait à distance l’idéation “en plaçant invention et inventeur du côté du divin, du sacré, de l’exceptionnel.”

A partir du XIXe siècle nous avons assisté à un premier glissement : le “neuf” est devenu la quête de toute une société. Le progrès technique est vu comme le pendant de la recherche scientifique qui a pour but de donner à l’Homme les moyens de son émancipation de la nature. Cette approche est le fruit de l’époque des Lumières. La notion de progrès qui en découle insinue que l’histoire a un sens, que les souffrances passées de l’humanité ne sont pas vaines et vont vers son émancipation. Cela ouvrira une phase de développement industriel sans précédent, qui donnera à la science une aura quasi-divine. Cette dernière venant légitimer les développements les plus humanistes comme les plus barbares.

Cette époque va toucher ses limites avec un second glissement : la fin de la seconde guerre mondiale. Les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki vont montrer la puissance destructrice d’un progrès technique auquel on accorderait une rationalité propre. La même puissance destructrice qui se nourrit d’une science que l’on aurait fait neutre. Le progrès technique peut à la fois être vecteur d’une forme d’émancipation mais peut également conduire à la destruction.

Ces événements vont amener un glissement de cette notion de progrès vers la notion d’innovation. Pour Thierry Ménissier, “Selon le schéma induit par l’idée de progrès, le double aspect cumulatif et linéaire de la connaissance, implique que l’acteur de la découverte technique scientifique et intellectuelle “garde la main” sur son œuvre “, pour ce qui est de l’innovation, “ il semble qu’il l’ait perdue, et doublement — la découverte lui échappe car elle paraît souvent inopinée dans son mode de surgissement et toujours collective dans son mode d’appropriation et de diffusion. Les collectifs innovants sont régis par une logique de la pluralité car ils naissent de la rencontre entre des acteurs dont les intérêts sont variés, à savoir associent la recherche universitaire, la logique entrepreneuriale ou industrielle, et un milieu porteur pour le développement économique de l’invention sur une grande échelle.”

Ainsi que ce soit dans sa production, son appropriation ou sa diffusion, l’innovation, ainsi définie, nécessite d’autres moyens et d’autres dispositifs.

Le Square est l’un d’eux.

Sources :

GARCON Anne-Françoise, “Les chemins de la nouveauté : innover, inventer au regard de l’histoire”, CTHS, 2004

MENISSIER Thierry, « Philosophie et innovation, ou philosophie de l’innovation ? », Revue Philosophique, 2011, disponible en ligne : http://www.revue-klesis.org/pdf/Varia02MenissierInnovation.pdf

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Edwin Mootoosamy
Le Square

Co-Founder of @OuiShare. PhD candidate in human sciences.