[Tombées comme des mouches] Les Hirondelles

« Volent, volent les hirondelles, même les beaux plumages peuvent être une cage » disent les cowboys fringants dans leur chanson Les Hirondelles. Sauf qu’aujourd’hui en France et en Europe, les hirondelles n’ont pas de cage ni même de maison, car les habitats pour ces voltigeuses se font de plus en plus rares…

Le Troisième Baobab
5 min readSep 15, 2019

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On dénombre actuellement cinq espèces d’hirondelles sur tout le territoire français : l’hirondelle rustique ou hirondelle de cheminée (Hirundo rustica), l’hirondelle de fenêtre (Delichon urbica), l’hirondelle de rivage (Riparia riparia), l’hirondelle de rochers (Ptyonoprogne rupestris) et l’hirondelle rousseline (Cecropis daurica), bien que cette dernière soit rare et présente uniquement dans le sud-est de la France. Les plus communes et celles que l’on rencontre le plus souvent dans nos villes et villages sont donc : l’hirondelle rustique, l’hirondelle de fenêtre et l’hirondelle de rivage.

L’hirondelle est un oiseau connu pour sa rapidité de vol et l’efficacité de ses manœuvres aériennes. Si l’on comparait les oiseaux à des avions, il est certain que l’hirondelle serait un avion de chasse. En outre, elle est également bien connue pour ses migrations. A l’automne, elle quitte la France pour passer l’hiver dans des habitats plus chauds, notamment dans la région subsaharienne. Au printemps, elle revient dans nos contrées, elles y retrouvent un climat suffisamment clément. Nos vieux papés aiment d’ailleurs dire que les hirondelles sont les annonciatrices du printemps. Un peu comme si le soleil était accroché au bout de leur queue fourchue.

Les aires de répartition de l’hirondelle selon la saison (d’après ©frederiquecréation)

Bien que l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature classe chacune de ces trois espèces en préoccupation mineure (Least Concerned), on remarque que ces oiseaux se font de plus en plus rares sur notre territoire. Il arrive même que pendant plusieurs années, les hirondelles désertent totalement une ville. En moyenne, en France, on note un déclin de 30% des Hirundinidés en dix ans.

Les causes de ce déclin sont nombreuses et comme bien souvent, l’être humain en est en partie responsable.

Le nid des hirondelles ne peut pas tenir sur des matériaux lisses comme la tôle ou le verre. Ces oiseaux ont besoin de matériaux rugueux pour bâtir leur maison.

Tout d’abord, il faut savoir que les hirondelles sont des oiseaux qui ont besoin d’infrastructures humaines pour faire leur nid. L’hirondelle des fenêtres a par exemple pour habitude de nicher en colonies sous les toits des maisons. Leur principal problème est que l’humain, pour construire les habitations et les bâtiments, utilise de plus en plus des matériaux lisses du type béton ou métal contre lesquels il ne leur est pas possible de construire des nids suffisamment robustes. Leur site de nidification se faisant ainsi de plus en plus rare, les hirondelles ont tendance à fuir les quartiers d’architecture moderne, voire les villes au complet. Et quand ce n’est pas à cause des problèmes d’architecture que les hirondelles désertent les villes, c’est bien souvent en raison de la trop grande pollution urbaine qu’elles ont beaucoup de mal à supporter.

Une autre explication de la disparition progressive des hirondelles de notre territoire est la diminution de l’agriculture traditionnelle au profit d’une agriculture plus intensive et davantage industrielle. Alors qu’avant les hirondelles pouvaient nicher au coin des granges et se nourrir de la multitude d’insectes foisonnant dans les milieux ruraux, elles peinent aujourd’hui à nicher sur les murs d’une grange en tôle et ont encore plus de difficultés à trouver des insectes afin de se remplir le jabot. De plus, la monoculture ayant drastiquement affecté la biodiversité des invertébrés, il ne reste que peu de choix aux spécialistes de la voltige pour trouver un repas convenant à leur régime alimentaire.

Une hirondelle nourrissant ses jeunes poussins © Alain Gagne

Pire encore ! Quand elles trouvent de quoi se nourrir, les hirondelles font face au problème de bioaccumulation. Les insectes qu’elles dévorent allègrement sont loin d’être bio tant ils sont infestés par les d’insecticides, les pesticides et les métaux lourds. Après ingestions de ses repas chimiques, les substances toxiques sont stockées dans les graisses des oiseaux et redistribuées à leur organisme. Ainsi, lorsqu’elles puisent dans leurs réserves pour obtenir l’énergie dont elles ont besoin lors de leur migration, notamment lorsqu’elles traversent la Méditerranée ou le Sahara et qu’aucune pause n’est possible, les hirondelles parfois meurent empoisonnées.

Enfin, le bouleversement climatique et les tempêtes de plus en plus fortes ont parfois raison de ces migrateurs qui ne parviennent à survivre aux vents violents lorsqu’elles traversent des zones désertiques dans lesquelles elles n’ont aucun refuge possible.

Heureusement, il y a des nouvelles positives. Depuis 2009, les hirondelles sont protégées par le Code de l’environnement et l’arrêté ministériel fixant la liste des oiseaux protégés. Il est désormais rigoureusement interdit de porter atteinte aux queues fourchues, à leurs nids et à leurs couvées. Ainsi toute personne s’attaquant à un nid s’expose à une amende pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros voire à une peine d’emprisonnement allant jusqu’à un an, car il s’agit là d’un délit.

Donc si un couple d’hirondelles niche sous votre toit et que les fientes qui tombent à terre vous contrarient, plutôt que d’opter pour la solution destructive, je vous dirais -si j’écrivais en anglais- « Just MacGyver it ! » : fixez simplement une planche sous le nid, vous serez alors abrités des petits cacas de nos chers amis les oiseaux !

Une hirondelle songeant sans doute à sa prochaine migration

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Le Troisième Baobab

Après 6 ans d’étude en biologie, je me suis dit qu’il serait dommage de ne pas partager mes connaissances! La médiation scientifique, c’est chouette aussi!