Shaërazade Estèbe : Comment passer de la peur de l’échec à l’action ?

Cécile Eynard
Lean In Lyon
Published in
6 min readMar 26, 2019

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La peur de l’échec est bien souvent synonyme d’immobilisme ou de procrastination. Nous voudrions bien entreprendre mais… sommes-nous légitimes ou capables ? J’ai souhaité rencontrer Shaërazade Estèbe car elle a su dépasser ces pensées limitantes pour se lancer et j’avais très envie qu’elle me donne quelques clés pour avancer dans mon projet de devenir entrepreneuse.

Biographie

Je suis Shaërazade Estèbe, j’ai 33 ans, je suis mariée et l’heureuse maman d’un petit garçon de 3 ans.

Passionnée par l’univers de l’entrepreneuriat depuis l’âge de 16 ans, je me suis toujours projetée à la place de mes patrons, les ai enviés, sans pour autant oser me lancer.

En juillet 2017, après une série de déclics, j’ai enfin franchi le cap.

J’ai alors créé un club féminin bienveillant : Team Fourmis. Depuis, une quarantaine d’événements sur Lyon ont vu le jour. Ce club permet aux femmes de développer leur cercle amical et professionnel dans un environnement bienveillant et sans compétition.

Beaucoup de femmes me disent qu’elles envient cette capacité à être dans l’action, mais croyez moi, avant d’être aussi active et ancrée, il m’a fallu surmonter la plus grande de mes peurs, celle de l’échec !

Aurais-tu une définition de l’échec ?

L’échec est clairement le fait de ne pas atteindre un résultat, un objectif ou encore l’absence du résultat escompté. Cette définition parle à tout le monde ! Ce sont en revanche les émotions qui se cachent derrière la peur de l’échec qui sont propres à chacun.e !

Il y a deux ans, l’échec aurait été la pire chose qui puisse m’arriver !

C’était une angoisse. J’associais l’échec à la déception absolue. Lorsque j’imaginais devoir quitter mon emploi de salariée et toute la sécurité que je m’étais créée, j’associais automatiquement des pensées limitantes telles que “ je n’y arriverai jamais”, “je ne suis pas légitime pour créer ma boîte”, “le chemin est bien trop long et il faut de endurance, je ne tiendrai pas”…

Aujourd’hui je ne la conçois plus du tout de la même manière. L’échec est devenu une réussite, un cadeau car j’ai compris qu’il est le meilleur moyen de se remettre en question, de se surpasser. L’échec est une bénédiction. C’est même devenu un jeu. Je me dis “ Quel échec va se mettre sur mon chemin et comment je vais faire pour le contourner ?

“Il n’y a pas d’échec. Il n’y a que des tentatives de réussite.”

Pourquoi avons-nous peur d’échouer ?

Pour certain.es, échouer est associé à des émotions que l’on cherche à éviter par tous les moyens.

Nous pouvons nous sentir honteux, déçus, découragés voire en profiter pour nous apitoyer sur notre sort lorsque nous échouons. Puisque nous sommes convaincus que l’échec est associé à de telles émotions, nous préférons les fuir plutôt que les accueillir.

Comme le dit Clothilde Dusoulier dans son podcast dédié à la peur de l’échec : “ces émotions sont inoffensives”. En revanche elles sont peut être un signal à prendre en considération : “Peut-être n’ai-je pas entrepris les actions nécessaires pour atteindre mon objectif ?

Je pense que la peur de l’échec est également intimement liée à la confiance en soi, à l’éducation qu’on a reçu notamment le modèle de réussite qu’on nous a inculqué à l’école. J’ai grandi avec des professeurs qui sans cesse nous dirigeaient vers de grandes études, seule voie de la réussite selon le système français ! Tout cela à alimenté ma peur de l’échec.

Quelles sont les conséquences de cette peur sur notre vie ou notre capacité à entreprendre ?

Plus nous alimentons la peur de l’échec en générant les pensées limitantes qui y sont associées, plus celles-ci prennent le dessus au point de se réaliser. La peur de l’échec peut engendrer fuite, inaction, paralysie, ou procrastination.

Pour ma part, cette peur de l’échec me paralysait au point de reporter et avorter tous mes projets de création d’entreprise. Finalement je provoquais tout ce que je redoutais : je me décourageais avant même d’avoir saisi ma chance ! En procédant ainsi j’étais certaine de ne pas atteindre mes objectifs et de ressentir toutes ces émotions qui me faisaient si peur ! Allez comprendre !

Comment vaincre cette peur de l’échec ou comment l’utiliser ?

Peut être en commençant par l’accepter ? Il faut en faire notre alliée, considérer la peur comme un signal d’alarme !

Imaginez que vous conduisez, VOUS êtes au volant, et la peur, quant à elle, reste “sur la banquette arrière de la voiture et vous met en alerte pour vous prévenir du danger… donc vous l’écoutez mais en aucun cas celle-ci ne doit prendre le volant”. Je ne sais plus dans quel livre j’ai lu cette métaphore mais elle me plait beaucoup.

Selon moi, c’est en posant des actions petit à petit qu’on arrive à vaincre la peur. La technique des petits pas !

Mais aussi en relativisant … Pour ma part, j’ai lancé un tout premier événement Team Fourmis sans aucune attente. Je m’étais dit “ Au pire, je perds quoi ? Rien !” Et depuis, je relativise toujours en me disant que le “pire”qui puisse m’arriver ce serait de ne pas réaliser mes rêves. Ce n’est pas pour faire de la psychologie de comptoir, mais vraiment, relativiser fait beaucoup de bien. Si demain tout devait s’arrêter, mon plus grand regret serait de ne pas avoir essayé ! Nous nous mettons souvent des barrières et cherchons des excuses pour justifier notre inaction… nous sommes tellement plus heureuses et accomplies lorsque nous levons ces barrières !

T’a-t-on aidée à surmonter cette peur de l’échec ?

Oui énormément. Tout d’abord mon mari qui me soutient dans tous mes projets et m’a encouragée à me lancer. Ma famille qui croit énormément en moi.

J’ai également beaucoup investi en temps et en argent dans mon “mieux être” !

Que ce soit avec du coaching individuel grâce à Carole Buffelard et Annabelle Plenier, du coaching systémique avec Bertrand Beauregard à l’IICH, de la sophrologie avec Tiphanie Simon, et beaucoup beaucoup de lectures inspirantes… J’ai pris toute l’aide qu’on pouvait m’apporter et cela a porté ses fruits.

Je ressens également le besoin d’être au contact d’autres femmes pour échanger sur ce type de problématiques. Cela me fait un bien fou de participer à des événements Lean In Lyon une fois pas mois. Cela me permet de réaliser que je ne suis pas seule, me sentir soutenue et faire de belles rencontres.

Quel a été ton plus gros échec ?

Je me rends compte que finalement je n’ai pas vécu de gros échecs, je les ai juste imaginés pendant longtemps ! Mais si je devais en citer un ?…

Lorsque j’ai quitté mon job en juillet 2017, j’avais déjà un projet de création d’entreprise. Je souhaitais révolutionner le monde du Make Up en proposant des stands mobiles de maquillage afin de se faire belle à toutes occasions et à petit prix. Je me suis inscrite en formation pour préparer un CAP esthétique et j’ai foncé tête baissée dans ce projet.

Accompagnée par “Les premières AURA”, incubateur qui soutient les femmes dans leurs projets de créations d’entreprise, j’ai pu grâce à un “co-développement”, atelier collectif, réaliser que ce projet ne me correspondait pas totalement. Pas évident de se dire qu’on n’ira pas au bout d’un projet avec l’investissement que cela avait engendré. Mais finalement cette décision n’est pas un échec.

En parallèle, j’avais lancé Team Fourmis. Très vite, j’ai pris conscience que c’était ce projet qui me correspondais à 1000% ! Je me sentais à ma place. J’ai donc décidé de me consacrer entièrement à Team Fourmis. Dans le jargon de la reconversion professionnelle, on appelle ça “pivoter” ! Je n’ai pas vécu l’abandon de mon premier projet comme un échec mais plutôt comme le bon choix pour aller vers mon épanouissement.

As-tu des sites, des lectures ou des podcasts intéressants à nous recommander sur ce sujet ?

Des livres

Partie de rien” de Hapsatou Sy : très facile à lire et très concret. Elle explique cette notion de l’échec et comment se relever.

“Les Quatre Accords toltèques, la voie de la liberté personnelle” de Miguel Ruiz : des conseils à mettre en application petit à petit. Il ne faut pas chercher à appliquer les quatre accords en même temps. A lire et à relire.

“Éloge de la Chance” de Philippe Gabilliet qui a également écrit “Eloge de L’Optimisme”.

“Le Psy de poche” de Susanna Mc Mahon : un livre qui m’a permis de comprendre que développer mon estime de moi n’était pas incompatible avec l’altruisme.

“Reconversion professionnelle, une méthode en 3 dimensions : Penser — Ressentir — Agir” de Annabelle Plenier, coach lyonnaise, nous accompagne dans le processus de reconversion en s’appuyant sur le triptyque du coach : Penser — Ressentir — Agir.

Des podcast

“Génération XX” de Siham Jibril : pour entendre des témoignages de femmes qui entreprennent, qui créent, qui s’engagent.

“Change ma vie” de Clotilde Dusoulier : un podcast publié tous les jeudis pour faire un tour d’horizon des leçons de sagesse qui ont changé la vie de Clotilde.

Interview participative de Shaërazade Estèbe par Cécile Eynard

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Cécile Eynard
Lean In Lyon

Créative, passionnée et organisée, je conçois, planifie et met en oeuvre la #stratégie #social #média des entreprises.