Tenir un journal, 1% de papier essentiel quand tout le reste est digital
Le digital n’a pas tué le papier. Mieux : nous assistons à un retour en grâce de l’écriture manuscrite sur carnet. Une révolution silencieuse sous-tendue par l’essor de techniques de développement et de productivité personnels, elles-mêmes étayées par les apports des neurosciences.
Découvrez pourquoi et comment il est possible de tirer parti d’un carnet et d’un stylo pour vous lancer dans n’importe quelle entreprise, vous motiver dans la durée, adopter de nouvelles habitudes bénéfiques. En appliquant des techniques d’apparence très simple, vous vous surprendrez rapidement à reprendre le contrôle sur votre temps et votre capacité d’attention, pour accomplir vos objectifs, professionnels comme personnels. Sans vous épuiser ni avoir l’impression de devoir sacrifier l’un à l’autre.
1/ Faire le choix du papier pour se connecter à l’essentiel
Nos outils numériques regorgent de solutions de prise de notes, de gestion documentaire et d’archivage dans le nuage. On ne compte plus les applications de TO-DO Lists et pourtant le marché des post-its se porte bien, merci ! Il semble qu’il se joue quelque chose de beaucoup plus immédiat avec ces petits morceaux de papier, quand on les voit fleurir sur les bureaux autour des écrans d’ordinateurs, ou lors d’ateliers de créativité en entreprise…
En vérité, pour tenir un journal, il est très difficile de choisir un support digital et de s’y tenir dans la durée. Par exemple, il peut être tentant d’essayer successivement différentes applications de prise de note. Surtout, l’accès au contenu nécessite d’allumer un appareil — ordinateur, smartphone — puis une application, sans se laisser tenter, au passage, par une autre application ou des notifications impromptues.
A contrario, un carnet offre un accès immédiat et déconnecté. Il offre une parenthèse de concentration à tout moment, en évitant la stimulation lumineuse des écrans, qui peut ralentir l’endormissement le soir. Concrètement, le contact du stylo sur le papier nous oblige à commencer à écrire, sans fausse excuse — appareil éteint à rallumer ou batterie à rechargée. Et si l’on se trompe ou si l’on veut reformuler le texte, il est impossible de revenir en arrière pour l’effacer. Barrer un mot ou raturer un passage laisse une trace. Dans ces conditions, impossible de se mentir. Place à l’action.
Au fond, ce qui se joue avec un journal papier, c’est une reconnexion plus authentique à ses aspirations.
2/ Matérialiser l’usage de son temps pour l’utiliser à bon escient
Combien de projets abandonnés et de bonnes résolutions renouvelées chaque année le 1er janvier ? Il suffit pourtant d’acquérir quelques techniques pour surmonter les écueils de la procrastination, de la dispersion et du découragement, intimement liés au fonctionnement de notre cerveau, comme nous l’enseignent les neurosciences.
Démarrer un journal, c’est entamer un dialogue avec soi et prendre conscience de l’usage que l’on fait de son temps, autrement dit, ce que nous avons de plus précieux.
Bâtir un plan d’actions qui serve de point de référence
Le journal fonctionne comme un agenda augmenté. Cela peut paraître intimidant au début mais l’aisance s’acquiert au fil des pages et les effets bénéfiques sont immédiats. Tout commence par des objectifs bien définis et déclinés en sous-objectifs, pour établir un plan d’actions réaliste, à une échéance raisonnable. Par exemple, un trimestre plutôt qu’une année.
Ensuite il s’agira de planifier les activités et les tâches à accomplir, puis de tracer celles qui seront accomplies et de prendre régulièrement un temps pour s’interroger honnêtement et tirer des enseignements utiles afin de progresser. Une réflexion hebdomadaire est un bon début.
Cultiver des émotions positives
En couchant sur le papier un point de départ et des jalons successifs, la tenue d’un journal évite d’être trop sévère envers soi. Au contraire, elle aide à se féliciter de ses succès et à savourer le chemin parcouru. Une récompense bienvenue qui évite le ressassement de pensées négatives, dévalorisantes ou culpabilisantes. Ajoutez à cela un exercice de gratitude quotidien (ou plus) par écrit, et vous cultiverez encore davantage d’émotions positives qui boosteront votre moral et vous motiverons dans la durée !
Soulager la charge mentale
Comme l’explique la professeurs Barbara Oakley dans le MOOC Learning how to learn parmi les techniques pour développer de nouvelles habitudes — ici apprendre à apprendre — la planification des tâches par écrit apporte un double bénéfice.
- Premièrement, cela permet au cerveau de ne plus s’en préoccuper, libérant ainsi de la “mémoire vive” pour travailler sur des tâches plus complexes (le cortex préfrontal ne pouvant “processer” que 4 tâches simultanées maximum).
- Deuxièmement, organiser son agenda la veille au soir pour le lendemain, en priorisant ses tâches dans une liste, facilite leur assimilation par l’inconscient, qui s’y préparera pendant le sommeil. Le lendemain matin, vous aurez ainsi un cerveau frais et dispos, libéré des pensées parasites et prêt à s’attaquer aux tâches cognitives les plus complexes.
3/ S’inspirer d’un modèle pour se lancer
La pratique du journaling est un pli à prendre. Vous avez peut-être envie de vous lancer de manière libre et intuitive, comme vous l’auriez fait, enfant ou adolescent, avec un journal intime. Très bonne idée !
Il existe aussi de nombreuses méthodes, plus ou moins visuelles, plus ou moins sophistiquées. Il pourra s’agir d’un bujo — le surnom affectif du bullet journal — personnalisé à la main de A à Z et faisant la part belle aux illustrations de scribing. Ou d’un agenda “augmenté” avec des rubriques déjà imprimées.
Personnellement, je me suis inspirée de la méthode du SELF Journal mise au point par BestSelf.co. Elle permet d’ordonner ses activités et ses tâches au jour le jour, en les alignant avec des objectifs de vie et de carrière plus larges.
- Le SELF Journal est disponible en anglais, prêt à compléter, ou en libre téléchargement au format PDF, ce qui m’a permis de rédiger moi-même mes rubriques dans un carnet Moleskine professionnel, moins onéreux, l’essentiel étant d’avoir des pages numérotées et lignées.
- La tendance est récente sur le marché français alors ouvrez l’oeil dans les librairies et sur les plateformes de crowdfunding. Citons par exemple : M3 Journal (adopté par de jeunes entrepreneurs, il conseille même de constituer une équipe pour jouer l’émulation).
A chacun sa méthode
J’ai fait de mon journal mon coach de papier. Il me permet d’organiser mon travail de manière structurée, au stylo noir, au fil des pages et des rubriques, autour d’objectifs clairs, de routines quotidiennes, de bilans hebdomadaires et trimestriels. Son “petit frère” est son opposé : un carnet de créativité au pages blanches et sans numérotation, où se mélangent notes, croquis et schémas, très colorés, souvent brouillons.
Le vôtre sera à l’image de votre personnalité et de vos besoins. Une seule règle : faire preuve de bienveillance envers vous-même pour apprendre à savourer chaque pas, chaque petit succès, sur la voie que vous aurez tracée. La discipline suivra. Ainsi, je l’espère, vous apprendrez peu à peu à donner voix à votre ambition et à concilier harmonieusement ces vies et ces projets entre lesquels vous ne parvenez pas à jongler comme vous le souhaiteriez aujourd’hui.
Bonne chance !
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