The Missing Room

Moriarty

Louis
L’écho des musiques

--

20h12, Dimanche soir en retard. Le Trianon n’avait pourtant pas encore ouvert ses portes.

On a remonté à grandes brassées le courant de la file d’attente, interminable le long du trottoir qui filait jusqu’à la place de Clichy. On s’y est greffés au bout, quoi que bien vite avalés par les retardataires dans les impalpables contorsions de notre chenille processionnaire.

C’est le moment où les téléphones s’extirpent une dernière fois des poches, l’alignement phosphorescent jalonnant le chemin vers Moriarty.

Derrière la scène, dans l’autre chambre, une lumière qui ne s’éteindra jamais. On l’oubliera souvent dans la joyeuse excitation des morceaux les moins retenus mais toujours on reviendra s’attarder dans son halo calme à la statique rassérénante. The missing room; c’était intime, c’était chaud, ça tenait dans le creux de l’oreille comme dans le bout des orteils, tapageurs sur le sol moelleux du théâtre.

En dégorgeant sur la rue, après tout ce flot d’harmonies gorgées de présence, on s’avance à pas feutrés vers la butte Montmartre, repassant dans sa tête les quelques bribes de son gardées par le tamis à large trou qui nous sert parfois de mémoire. Il faut à tout prix éviter pour un temps les criminels crissements d’un métro pratique mais strident. Alors on s’assoit quelque part sur une marche qui passait par là, près d’une guitare grattant la viscosité sans bruit d’une nuit déjà bien avancée.

--

--