Avec AURA, l’aquaponie s’invite dans les entreprises

Vanessa Honvo
#LePlateau
Published in
4 min readMay 22, 2017

Comment nourrir les villes de demain tout en préservant les ressources naturelles ? Pour répondre à cette question, Vincent Boissard et Thomas Demerens se sont tournés vers l’aquaponie, méthode d’agriculture écologique qui associe la culture de végétaux hors-sol (hydroponie) et l’élevage de poissons (aquaculture). Formés au sein du Lycée Aquacole de Guérande, ils décident de créer AURA (Agriculture Urbaine Responsable pour l’Avenir) en septembre 2015.

Inventée par les aztèques il y a plus de 2000 ans, l’aquaponie est aujourd’hui remise au goût du jour par des citadins du monde entier, qui y voient une solution durable aux défis alimentaires présents et futurs. En effet, l’aquaponie offre de nombreux avantages. « On économise beaucoup d’eau — environ 90% par rapport à un mode de culture classique en pleine terre — car elle circule en circuit fermé et est entièrement recyclée, » explique Thomas Demerens. Technique hors sol, l’aquaponie permet de produire des poissons comestibles et des végétaux bio (plantes aromatiques, fruits et légumes) toute l’année et s’adapte parfaitement aux contraintes du territoire urbain (manque d’espace, pollution des sols).

« Notre objectif, au moment de la création de AURA, c’était d’ouvrir une ferme urbaine en plein centre ville de Nantes afin de produire et de vendre des fruits et légumes en maraîchage, » raconte Thomas. En décembre 2015, après avoir travaillé dessus pendant trois mois, le duo est confronté à la question de la viabilité économique de leur projet. Si les coûts d’exploitation d’une ferme aquaponique sont faibles, les coûts d’installation, eux, sont très élevés. La rentabilisation d’un tel dispositif est donc longue, trop longue pour Vincent et Thomas. Ils décident alors de se tourner vers les entreprises, qu’ils perçoivent comme des espaces privilégiés de sensibilisation à une méthode d’agriculture encore peu implantée en France et en Europe, et développer la filière en mettant en avant, auprès des employeurs, l’amélioration du bien-être des salariés et les bénéfices en termes de démarche RSE de leur offre.

Il ne s’agit plus ici de vendre les produits de l’aquaponie mais les systèmes eux-mêmes, en proposant aux entreprises une solution clé en main, comprenant l’installation d’un aquarium « qu’il suffit de brancher sur une simple prise secteur », ainsi que des activités pédagogiques à destination des collaborateurs. Un Proof of Concept est lancé en août 2016 au Cube, à Issy-les-Moulineaux, et le premier modèle d’aquarium sera commercialisé en février 2017.

La rencontre avec Société Générale s’est faite par l’intermédiaire de Nov’Impact, leur marraine (collaboratrice du Groupe) leur ayant présenté Flore Jachimowicz, Responsable du Plateau. Hébergée pendant 6 mois sur Le Plateau, l’équipe d’AURA a bénéficié d’une « infrastructure optimale » à la fois pour se développer et pour exposer son système d’aquaponie. Car c’est là, qu’elle a installé son premier modèle d’aquarium commercialisable. « Quand le produit a été développé, c’est exactement dans ce type d’espace de coworking qu’on l’imaginait. Pour nous, c’est la vitrine idéale, » affirme Bertrand Munier, responsable des opérations, qui a rejoint AURA en janvier.

Au delà, Thomas explique : « Le Plateau crée et entretient un véritable écosystème. On se retrouve à la fois avec des startups externes et internes, ce qui permet d’être confronté à des problématiques différentes et de construire une synergie de compétences. Un exemple : poursuit-il, l’organisation d’un brainstorming avec les autres résidents sur la proposition de valeur de notre produit, ce qui nous a conduit à adapter notre discours commercial. »

« Sur #LePlateau, nous accueillons des startups qui nous ouvrent sur des domaines complètement différents du nôtre et en même temps très proches, explique Flore Jachimowicz, Responsable du Plateau et des partenariats. Nourrir 9 milliards d’êtres humains en 2050 est un enjeu qui nous concerne tous. Nous serons amenés à financer des solution de production nouvelles, comme peut l’être l’aquaponie. AURA nous pousse à travailler sur le sens de notre métier demain, son évolution et notre capacité à accompagner ces grands changements de société. Et avec eux nous commençons dès maintenant à implémenter ces dispositifs dans nos murs ! »

Alors qu’ils répondent à leurs premières commandes, Thomas et Vincent ne perdent pas de vue leur objectif initial : la production biologique et la vente en circuit court de fruits et légumes. « Le virage du début leur a permis de réaliser que la démarche de sensibilisation était indispensable pour garantir un développement pérenne de l’agriculture urbaine, » indique Thomas, révélant ainsi l’une des qualités essentielles que doit posséder une startup : face aux coups durs, savoir s’adapter et retomber toujours sur ses pattes !

Originally published at www.societegenerale.com on May 22, 2017.

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