« C’est une hérésie de mettre les gens en retraite à 62 ans »
Christine Damiguet n’a pas honte de son âge. Elle approche doucement des 70 ans et semble n’avoir jamais été aussi active que ces dernières années.
Et d’ailleurs, pour quelle raison devrait-elle avoir honte de son âge ?
Les seniors souffrent pourtant très souvent d’inemployabilité. S’il leur est parfois difficile de rester en poste… ils font également face à un véritable parcours du combattant pour lancer une nouvelle entreprise : les banques et les investisseurs peinent à prêter et investir quand le porteur de projet dépasse un certain âge.
Le fonctionnement actuel est une aberration aux yeux de Christine.
« C’est une hérésie de mettre les gens en retraite à 62 ans quand ils ont parfois encore 30 de vie devant eux », martèle-t-elle.
Elle décrit alors le grand vertige qui peut saisir un senior qui se voit déposséder de son activité : arrêter de travailler amène souvent une rupture social. Dans une certaine mesure, cela va les empêcher de contribuer à la société… jusqu’à en faire des poids : un coût qu’il va devenir difficile à financer.
« Économiquement, ce n’est pas viable », assure-t-elle.
Christine Damiguet avait observé tout cela alors qu’elle était notamment à la délégation inter-ministérielle à l’économie sociale et à l’innovation sociale. Elle avait aussi découvert les bienfaits de l’intergénérationnel, notamment au travers d’un projet de co-habitat permettant à des étudiants d’habiter avec des personnes âgées. Cela venait répondre en même temps aux difficultés financières à se loger des premiers, tout en apportant une solution à l’isolement des seconds.
Une solution gagnante-gagnante qui avait inspiré Christine.
Ainsi, lorsqu’elle fait valoir ses droits à la retraite, ce n’est pas dans l’optique de se mettre au vert pour se reposer. Elle le fait avec l’idée de lancer un projet favorisant l’entrepreneuriat intergénérationnel. Ce projet, c’est le TIGcRE : le Tandem InterGénérationnel pour la création et la Reprise d’Entreprise.
Christine se voit ainsi en agence matrimoniale qui va se faire rencontrer des associés potentiels, toujours avec une génération minimum d’écart entre les profils et en recherchant le bon mix entre personnalités, âges, et compétences.
Elle file la métaphore en présentant ses formations comme étant une préparation au mariage et ses sessions de coaching comme du conseil conjugal.
Lors de notre interview, Christine Damiguet était accompagnée d’Astrid Greuzat, entrepreneur social adhérente de l’association. Après des études à l’EBS (European Business School), Astrid s’est jetée dans un premier stage dans les achats, un premier job dans les achats, puis un autre…
Jusqu’à la prise de conscience : elle n’était plus en phase avec ce qu’elle faisait. Elle signe alors une rupture conventionnelle pour se mettre en quête d’un projet qui lui ressemble. C’est en rencontrant l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) qu’elle découvre le TIGcRE. Quelques mois plus tard, elle a le sentiment d’avoir appris à mieux se connaître et a acquis une certitude : elle est définitivement prête à lancer sa propre entreprise. Mais est-ce que ce sera avec un associé intergénérationnel ? L’avenir nous le dire.
Pour retrouver l’intégral de la rencontre avec Christine Damiguet et Astrid Greuzat, retrouvez-nous en Décembre prochain dans le premier numéro de Mandala, magazine qui va à la rencontre des acteurs de l’inclusion.
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