Connecter finance, innovation tech (de pointe) et grands enjeux sociaux / environnementaux.
Alexandre Terrien est venu sur Le Plateau pour présenter une nouvelle vision de l’investissement dans lequel la finance peut jouer un rôle dans le soutien et le développement de filières d’entrepreneuriat tech conjuguant la création de valeur économique et l’impact à grande échelle sur nos enjeux de société.
Il existe aujourd’hui trois méga tendances de fonds à l’échelle globale qui sont structurantes pour la société mais qui sont peu portées dans la vision des investisseurs (capital risque) :
- Les changements démographiques :
Il y a 3 milliards de personnes qui arriveront en ligne d’ici 10 ans. D’ici 2050, il y aura 1 milliard de personnes en plus sur le continent africain. Aujourd’hui il y a 1 milliard de personnes âgées de plus de 60 ans, pourtant la plupart des services et produits développés n’ont pas comme public cible les seniors alors que c’est une partie croissante, importante et structurante de notre société.
Ces changements démographiques auront forcément un impact conséquents sur l’économie et ils sont peu voire pas considérés par la plupart des investisseurs. - Les changements climatiques :
Il y a une vraie prise de conscience globale qui s’actionne depuis les deux ou trois dernières années alors que c’est un sujet majeur depuis beaucoup plus longtemps. Entre 2015 et 2018, 400 Milliards de dollars ont été alloués par les gouvernements à travers le monde pour tacler ces défis associés aux changements climatiques. - L’accroissement des inégalités :
Il y a une énorme montée des inégalités qui pose une tension assez forte sur nos sociétés, beaucoup plus forte qu’elle ne l’était avant. 8 personnes sur Terre détiennent les richesses équivalentes de 50% de la population mondiale.
Comment créer un monde auquel les gens aspirent ?
“En réponse à ces changements, il y a un paquet de défis, pour la plupart globaux, qu’on doit résoudre dans les années à venir si on veut vivre dans une société prospère et équitable”.
Ces défis de développement durable ont été définis par les Nations-Unies au travers de 17 objectifs (global goals) à atteindre d’ici 2030.
“Ce que réalise peu de gens c’est que ces objectifs n’ont pas besoin d’être uniquement approchés par des ONG.” L’ensemble de ces objectifs représente 12 trilliards de dollars d’opportunité de marché d’ici 2030. Ce potentiel de marché n’est aujourd’hui peu ou pas approché.
On a complété le framework du design spéculatif (discipline qui consiste à imaginer des futurs différents pour redesigner le présent) en lui ajoutant une brique de “futur préférable” pour donner un nouveau regard aux objectifs de développement durable.
En plus des trois méga tendances citées plus haut, Alexandre Terrien a également vu émerger trois autres tendances qui sont en train de modifier de manière structurante le paysage entrepreneurial et que réalisent trop peu de fonds aujourd’hui.
- il y a une nouvelle vague déferlante d’entrepreneurs qui, à presque 90%, ne veulent travailler que sur des projets forts de sens.
- une maturation du marché par rapport aux produits en lien à la consommation responsable. D’ailleurs, 90% des consommateurs sont prêts à changer de produit au profit d’un autre qui apporte plus de sens.
- il y a une vraie évolution des technologies (IA, biotech, machine learning, blockchain…) qui sont applicables dans beaucoup d’industries et ont un potentiel d’impact énorme sur les sujets de développement durable.
Il y a une décorrélation quasi-totale entre les investissements en capital risque réalisés actuellement et les secteurs qui représentent les investissements les plus intéressants sur des marchés directement liés aux objectifs de développement durable.
“Alors même qu’on est face à une opportunité énorme de croissance économique et d’impact sociétal fort, on continue aujourd’hui à investir sur des sociétés qui ne s’attaquent pas directement aux enjeux auxquels on fait face”.
Future Positive Capital redéfinit la notion de valeur portée jusqu’ici par les investisseurs historiquement (à savoir la valeur financière), en lui ajoutant d’autres valeurs pour une équation qui rendraient l’entreprise prospère dans les 10 années :
- la valeur humaine,
- la valeur business,
- la valeur d’innovation,
- la valeur sociétale.
“Positive Finance” vs. “Impact Investing”
La finance positive (positive finance) est une forme d’investissement qui nécessite une interdépendance forte (voire complète) entre le produit ou service vendu et l’impact sociétal/social/environnemental que ce produit crée.
L’investissement durable ( Impact Investing) est une autre catégorie d’investissement qui porte sur des projets aux classes d’actifs très divers et avec des approches à l’impact très différents et surtout encore mal définis.
“A l’échelle mondiale, la finance positive ne représente que 0,1% des actifs sous gestion ! Essayons collectivement d’amener ce chiffre à 1%”.
En France, les investissements à impact ont progressé de 6% entre 2013 et 2015, ce qui est assez bas quand on se compare à d’autres pays européens.
Liberté Living-Lab a imaginé avec #LePlateau des conférences sur l’économie à impact, co-construites et animées par des experts thématiques, VCs / fonds, chercheurs, économistes, prospectivistes, start-ups,etc.
Toutes les conférences sont à suivre sur Twitter @LePlateauSG
Pour aller plus loin :
