#CycleIFS : Enjeux économiques d’un modèle en bout de course
En Janvier, Yannick Roudaut (chroniqueur, conférencier et co-fondateur d’Alternité) a introduit le premier thème « Economie et Finances » du #CycleIFS avec une intervention sur les enjeux de ce modèle de société né après la seconde guerre mondiale et qui arrive désormais en bout de course.
Nous sommes les acteurs d’un nouveau néolithique.
Cela fait 400.000 ans que l’Homo sapiens a fait son apparition sur la Terre et pendant les 390.000 premières années, son quotidien de chasseur cueilleur nomade varie que très peu.
Au néolithique, changement complet de mode de vie avec la construction des villages et l’apparition de l’agriculture ! Homo sapiens se sédentarise et c’est le début de l’urbanisation et l’avènement d’une société stratifiée de manière pyramidale avec des castes.
Une rupture technologique qui change le court de l’humanité.
Ainsi après 390.000 ans de chasseurs cueilleurs nomades, nous sommes passés depuis 12.000 ans à des sédentaires urbains qui vont travailler et consommer des produits obsolètes !
Dans les années 1990, Al Gore lance les autoroutes de l’information, censées mettre un terme à la pénurie d’information.
Internet va, de nouveau, changer l’Histoire de l’humanité.
Nous vivons une nouvelle mutation aussi puissante que celle que le monde a connu il y a 12.000 ans !
Les conséquences d’un modèle de société basée sur l’hyper-consommation.
Au lendemain de la IIe Guerre mondiale, les 30 glorieuses ont généré l’explosion de la société de consommation qui repose sur le concept d’obsolescence programmée conceptualisé par Bernard London.
L’hyper-consommation de produits jetables permet alors de relancer l’économie Nord-américaine et de l’Europe de l’Ouest.
Une des conséquences collatérales de cette hyper-consommation c’est le dérèglement climatique. Les pollutions sont inhérentes à nos modes de production, lesquelles entraînent un dérèglement climatique lequel entraîne des perturbations qui coûtent cher humainement, qui ont des conséquences agricoles, des vagues de migration.
Tout le monde veut désormais accéder au confort de vie lié au modèle occidental qui repose sur l’accès illimité et infini aux ressources fossiles (pourtant limitées par définition).Tant qu’on reste dans l’hyper-consommation de produits polluants, ça ne rentre pas dans l’équation.
Si tout le monde consommait comme un Nord-américain, il faudrait 5 planètes Terre pour subvenir aux besoins.
Sur quelles ressources disponibles reposeraient cette consommation quand il ne reste que quelques décennies de ces ressources ?Après l’abondance du 19e siècle, nous allons connaitre la pénurie.
On entre dans l’âge des ressources difficiles d’accès pour lesquelles nous allons dépenser beaucoup de ressources pour n’en trouver que quelques unes.
Economie : la fin de l’effet d’irrigation
Il y a aujourd’hui une décorrélation entre le monde de la finance stratosphérique et l’économie réelle. Le jour où la finance s’effondre, tout le monde paie. Depuis 10 ans on a colmaté les brèches au prix d’une dette mondiale qui ne cesse d’augmenter. Jusqu’à quand ?
Les richesses mondiales crées depuis une trentaine d’années ne redescendent plus dans l’économie réelle, il n’y a plus d’effet d’irrigation.
C’est une remise en cause totale de la pensée de l’économiste Milton Friedman qui disait que le but d’une entreprise c’est de créer de la valeur financière qui sera redistribuée par les salaires et les gens feront ainsi tourner l’économie en retour dans un cercle vertueux.
Les 5 facteurs d’effondrement de grandes civilisations tels que listés par Jared Diamond sont réunis, l’occidentalisation du monde touche à sa fin.
Ce n’est pas la planète qu’il faut sauver, c’est l’Humanité.
Notre civilisation actuelle est vouée à disparaître car Homo sapiens est devenu un animal dénaturé.
Nous avons perdu le contact avec le vivant, sommes devenus petit à petit des serial killers écologiques et depuis deux siècles nous ne cessons de détruire le vivants, alors que nous sommes interdépendants de toutes les autres espèces. Nous sommes menacés par notre inhumanité.
Nous allons vers un autre monde où tout va changer : le mode de vie, le rapport à l’argent, le rapport au travail.
Il y a deux façons d’envisager ce changement : soit on y voit une opportunité de réinventer quelque chose soit on se dit que c’est dramatique.
La fin d’un monde n’est pas la fin du monde !
Homo Sapiens est un grand primate qui ne prend jamais de risque, il reste en permanence dans sa zone de confort !
Il s’agit aujourd’hui de passer de la branche pourrie sur laquelle nous sommes pour passer à celle de la soutenabilité. Mais pour ça il faut accepter que nous vivons la fin d’un monde mais qui annonce le début d’un autre.
Le monde d’aujourd’hui ne pouvait pas être imaginé au moyen-âge, tout comme nous ne pouvons pas encore concevoir les ruptures technologiques et les mutations philosophiques et sociétales à venir.
Il est très difficile pour les contemporains d’un monde d’imaginer un changement radical et donc l’émergence d’une autre civilisation.
La renaissance signe également la fin des certitudes. Tous ces géocentrismes, toutes ces vérités acquises qui ne sont pas négociables par le contemporain deviennent obsolètes voire ridicules par ceux qui suivent. L’indispensable d’hier devient l’impensable d’aujourd’hui.
Prenez l’exemple de l’esclavagisme !
La différence aujourd’hui est l’accélération du temps de l’Histoire et de la diffusion de l’information notamment grâce au numérique.
La grande force de la révolution digitale est qu’elle connecte les individus.
Les gens qui savent sont en danger !
De l’acceptation de l’ignorance, de la fin des géocentrismes jaillit l’innovation et la connaissance.
Il faut accepter de ne plus aborder le monde de demain avec la clé d’analyse du monde d’hier.
Ne doutez pas de la capacité d’un petit groupe d’individus déterminés qui aspirent à des valeurs nouvelles de faire vaciller un empire.
3% de la population mondiale peut entraîner un nouveau monde.
Nous avons la chance de vivre une RenaisSens. On change de valeur et de regard sur le monde. Nous tendons vers la fin de l’anthropocentrisme : l’Homme doit reprendre sa juste place dans l’écosystème et arrêter de sacrifier le vivant pour générer de la croissance. Il n’y a pas de supériorité de l’Homme face aux autres espèces mais une interdépendance.
Chacun de nous doit faire son pas de côté, penser autrement, reconsidérer son rapport à l’argent, à la nature, etc.
Faisons notre Metanoia !
L’intervention de Yannick Roudaut sur Le Plateau est à (re)voir en intégralité sur Youtube
Le Plateau a co-créé avec l’Institut des Futurs souhaitables, des cycles de conférences autour de 4 thèmatiques : Economies et Finances, Energies, Vivre ensemble et sécurité alimentaire.
L’objectif ? Enrichir notre vision de l’avenir, s’inspirer avec des intervenants sans langue de bois, apprendre, comprendre et ressortir avec l’envie de changer le monde :)