Les 3 leçons des cultures ancestrales à notre monde en quête de sens

Vanessa Honvo
#LePlateau
Published in
4 min readApr 15, 2019

Le 9 avril dernier, Makeba Chamry (fondatrice de Swaan) est intervenue lors d’une conférence sur Le Plateau sur la thématique “Des peuples premiers à l’ère du numérique”.

Dans un monde en proie à des bouleversements technologiques majeurs, il est important pour les entreprises de se constituer des racines, un socle, une raison d’être durable, une base solide sur laquelle peut s’appuyer la réinvention.
Bienheureusement, les cultures ancestrales des peuples premiers, sagesses occultées par la conquête scientifique et technologique, nous parlent de quelque chose qui nous concerne encore aujourd’hui.
Il ne s’agit pas ici de glorifier les temps passés, mais de se demander comment les réinventer dans les entreprises au XXIe siècle, à l’heure d’une accélération anxiogène, des transformations permanentes et du désenchantement général.
Les fondements de ces pratiques étant les rituels et les rites de passage, quels enseignements en tirer pour les leaders en quête de sens aujourd’hui ?

1. Cultiver le lien à soi

En 2012, Google a lancé le projet Aristote, une étude destinée à découvrir les modèles et principes généraux derrière les équipes les plus efficaces.
Ce qui est ressorti comme élément le plus important a été la sécurité psychologique. C’est à dire la capacité pour chacun à s’exprimer de façon authentique et prendre des risques sans se faire sermonner par un leader.
Les Kogis, cela fait 4 000 ans qu’ils la pratiquent!

Les Kogis, peuple semi-nomade de Colombie, vivent dans un environnement difficile et parfois violent, ayant perdu beaucoup de leurs terres. Pourtant ils sont d’un naturel doux, résultat d’un travail intérieur très intense dès leur plus jeune âge.
Ils apprennent à maîtriser ce qu’ils appellent leur « cheval fou », cette pulsion, ces émotions qui nous submergent quand on n’a pas travaillé dessus.

Ils ont des espaces et des temps prévus, des pratiques pour les faire émerger et des personnes qui les encadrent. Ils disent qu’on ne peut pas jouer juste si un instrument est désaccordé. Ce travail intérieur est garant d’une relation harmonieuse avec l’extérieur.

« Ce cadre de sécurité psychologique où chacun peut montrer ses émotions, dévoiler sa vulnérabilité et être accepté tel qu’il est, permet de partager sa confiance, de partager ses idées et de booster sa créativité. »

2. Cultiver le lien aux autres

Chez la plupart des cultures des peuples premiers, le chiffre 2 revêt une importance primordiale !
Pour eux, le 2 représente le mouvement, la création. Il est associé à la création de vie sur Terre.
Les Massaïs, peuple d’éleveurs entre le Kenya et la Tanzanie, par exemple, ne se déplacent qu’à deux. C’est la symbolique que l’autre est le prolongement de soi, qu’on n’est pas séparé, que nous sommes toujours deux côtés.
Nous retrouvons cette dualité chez d’autres cultures comme en Chine avec le Yin et le Yang, cette alternance de lumière et de ténèbres avec laquelle on doit vivre. Il n’y a pas une seule bonne voie à suivre. En acceptant cette altérité, nous devons trouver notre point d’équilibre avec ces 2 aspects opposés en permanence.

En Occident, nous sommes plutôt dans une affirmation de soi.

Même si nous n’en avons pas assez, il nous reste encore des rituels d’ouverture aux autres (le bonjour, le café, etc.) mais nous ne les habitons plus !

Makeba nous alerte sur le risque de transformer un rite en un process dans le monde de l’entreprise. Il ne doit pas être instrumentalisé selon elle, mais participer plutôt à l’émergence et à la co-création.

« Un rite doit rester gratuit ! C’est un geste qui doit être profond et habité. Ce n’est pas un outil managérial de plus.»

3. Cultiver le lien au vivant

Les peuples premiers se sentent complétement partie prenante de cette dynamique du vivant. Dans les cultures occidentales, on a choisi de s’en détacher. On va plutôt l’étudier, le copier mais on ne s’intègre pas dedans.
Par conséquent on oublie de s’intéresser à une part essentielle du vivant, celle qui est en soi, l’écologie humaine.

Conclusion

À l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, nous devons travailler ces 3 dimensions en même temps car nous avons une grande responsabilité face à la puissance des algorithmes et nous avons besoin de retrouver cette part de sagesse en nous via les rituels et les rites de passage inspirés des peuples premiers pour remettre du vivant dans nos organisations et marquer les étapes signifiantes dans la transformation.

L’intervention de Makeba Chamry est à regarder en intégralité sur Youtube :

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