Blend Web Mix 2018 : nous y étions !

photo par La Cuisine du Web

C’est une conférence que j’ai découverte il y a déjà quelques temps, et qu’il me fait toujours autant de plaisir de retrouver : la Blend Web Mix est le lieu de rencontre, lyonnais, de tous les métiers du Web. Et quand on dit tous les métiers, c’est tous les métiers : développeurs, designer, marketing, startups, grands groupes, chercheurs, … Un véritable blender synonyme d’ouverture et de découvertes.

Petite rétrospective de ce très bon cru de 2018 !

Les équipes techniques (re?)trouvent leurs lettres de noblesse

C’est un point que j’avais remarqué dans les précédentes éditions, mais également dans les échanges sur les réseaux sociaux depuis quelques années : la part belle était faite au développeur, full-stack de préférence. Aucun souci sur le principe, mais la concentration était mise sur une granularité très fine : le développeur itself, et donc peu sur l’Equipe. Peut-être une tentative de (re)mettre le développeur dans la lumière ?
De plus, le développeur était mis en avant en tant que réalisateur, moins en tant que concepteur et/ou force de proposition. Un cloisonnement donc de l’activité sur les aspects les plus techniques — mais néanmoins nécessaires — , et donc une relation moins évidente avec le reste de l’équipe, technique et évidemment métier.

Dans cette édition 2018, nombreux ont été les conférenciers qui ont remis l’Equipe technique sur le devant de la scène, que ce soit pour lui redonner des leviers d’actions auprès des autres équipes de l’entreprise mais également pour lui redonner ses responsabilités. Avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités, vous la connaissez tous.

Placer l’équipe technique au cœur du dispositif d’une entreprise, grande ou petite, au même titre que toutes les autres équipes ou toutes les autres compétences a donc été un leitmotiv, un conseil, voire même une évidence pour certains. En tant qu’acteur de l’écosystème technique, cela fait évidemment du bien — d’autant que c’est une certitude chez Leroy Merlin — , mais c’est surtout l’évidence partagée par tous les corps de métier qui est encourageant, tant pour les équipes tech que pour les entreprises elles-mêmes. Car c’est bien aux entreprises que le principal bénéfice doit aller… et ira.

Autre signal faible intéressant, il y avait longtemps que je n’avais pas entendu le terme “Ingénieur”, répété de nombreuses fois, avec autant de conviction et d’intérêt. Là encore, peu importe le titre ou la fonction, mais j’ai eu le sentiment d’un signe fort de retour à des équipes techniques qui doivent faire partie intégrante du dispositif de conception du geste métier, toujours ni plus ni moins que les autres corps de métier. A ces équipes techniques de prendre leur responsabilité et d’être force de proposition de solutions adéquates, et au reste de l’entreprise de faire l’effort de venir avec des problématiques (et non pas de mauvaises solutions toutes faites). Ce point a été particulièrement bien expliqué dans la conférence de Julien Lemoine, “Not invented here’ syndrome : how to not reinvent the wheel ?”

En résumé, des équipes techniques qui (re?)trouvent leurs lettres de noblesse. Peut-être parce que les relations métier / technique mûrissent ? Un lien avec la digitalisation des entreprises ?

Les points clés des conférences

Voici quelques notes sur les trois conférences qui m’ont le plus marquées, sur les dix auxquels j’ai pu assister.

Je résume à chaque fois le contenu de la conférence, et en donne les points clés. Quand c’est possible, je donne le lien vers la vidéo de la conférence complète (je mettrai à jour l’article si les organisateurs de la Blend Web Mix publient les vidéos sur Youtube).

“Les devs, ces précurseurs qui s’ignorent.”

Conférence donnée par Peaks.

Résumé :

• Les développeurs ne sont pas uniquement le bout de chaîne d’un projet ou d’une entreprise. Ils ont, en eux, les clés pour agir sur la culture et l’organisation de leur entreprise. Car ils SONT l’entreprise, au même titre que tous les autres collaborateurs et fonctions.

Key points :

• VOUS êtes la culture de l’entreprise. La culture est la somme des individualités de l’entreprise : vous ne devez donc pas vous y mouler. Vous ÊTES cette culture.
• “Être manager” est différent d’ “être Leader”. Tout le monde peut être leader.
• L’idée ne vaut rien sans une exécution parfaite. Tout miser sur la réalisation, pas sur l’idée.
• L’organisation du travail doit permettre à l’équipe de proposer des solutions. Le métier doit apporter des problématiques, pas la solution (ex : on propose un pont pour traverser une rivière alors qu’en réalité on n’a besoin de la traverser qu’une seule fois, et un radeau peut donc suffire au besoin)
• Il est nécessaire de développer l’acculturation réciproque entre le métier et la technique. Expliquer ce que l’on fait pour s’ouvrir, comprendre et faire comprendre.
• La transformation digitale n’est qu’une évolution de culture collective relevant d’impulsions individuelles → ne jamais baisser les bras, toujours mettre en avant et défendre ses convictions. Évangéliser.

“Not invented here’ syndrome: how not to reinvent the wheel ?”

Conférence donnée par Julien Lemoine.

Résumé :

• Un nouveau projet, comme une nouvelle startup, c’est toujours sujet à des erreurs de décision. Parfois évitables sur le moment, parfois rétrospectivement. Voici un résumé des choses à ne pas faire et, surtout, comment ne pas les faire.

Key points :

• Paradoxalement, le “Make or Buy ?” est un choix plus compliqué ou risqué dans une équipe expérimentée qui aura plus tendance à privilégier le “Make”, plus “valorisant” → “Not invented here’ syndrome”
• Le choix du Make est risqué (et coûteux sur le long terme). En revanche, il permet de se différencier et de prendre un avantage sur ses concurrents. A privilégier donc uniquement sur le cœur de métier de l’entreprise.
• Mieux vaut ne pas arriver avec la solution auprès de l’équipe technique, mais donner les problématiques initiales et, en revanche, challenger sur les critères/méthodologies de choix de la solution. Le choix final revient à l’équipe réalisatrice !
• Toujours prendre des décisions pour des petites périodes de temps (3 mois) avec la capacité de changer facilement. L’erreur préjudiciable réside dans les engagements sur le temps long.

“Prendre un engagement contractuel tout en étant agile”

Conférence donnée par Alfred Almendra & Adrien Desportes

Résumé :

• Les contrats traditionnels (forfaits, régie, …) sont généralement perdant / perdant pour le fournisseur comme pour le client. Quels nouveaux types de contrat est-il possible de mettre en place pour rester Agile et Gagnant/Gagnant entre les deux acteurs (en externe, ou en interne…) ?

Key points :

• Contrat Forfait — Valeur : le client et le fournisseur déterminent au cours d’un atelier préalable quels sujets ils souhaitent prioriser (sur un découpage effort / valeur). Le contrat au Forfait se périmètre ensuite sur la sélection des sujets présentant le meilleur ratio.
• Contrat 50% — 50% : le client et le fournisseur définissent ensemble une enveloppe budgétaire maximum. A la fin du “projet”, le surplus est redistribué moitié-moitié entre les deux acteurs. Inversement, le dépassement est également partagé.
• Contrat Stop ou Encore : à intervalle fixe (conseillé en décalé des sprints), le client définit s’il poursuit ou non l’itération suivante. Avantage : cela privilégie la confiance entre les parties, et la délivrance régulière. C’est le modèle préféré des conférenciers, à choisir si le partenariat le permet effectivement.
• Expliquer un contrat, oui. Convaincre, non. Convaincre est un mauvais signe pour la suite de l’exécution du contrat.
• Toujours s’engager sur quelque chose de tangible et de réalisable, à valeur ajoutée pour le client : sur du périmètre, sur un délai, sur un démonstrateur pour un événement particulier, …

En bonus

Si vous avez le temps, voici les autres conférences qui valent d’y jeter un œil :

• “L’avenir du numérique à l’ère de l’anthropocène”, par Alexandre Monnin et Diego Landivar.
• “Dépenser c’est bien, mesurer c’est mieux.”, par Keyrus. Lien BlendWebMix, en attendant la vidéo.
• “Hoaxbuster, version IA”, par Virginie Mathivet.
• “Tempête de boulettes géantes (en PROD)”, par Agnès Haasser

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