Sorcellerie — Laure Briard

André Jean-Pierre
Les Aèdes
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2 min readAug 3, 2017

Laure Briard chante en anglais! Et pas que, sur cet EP Sorcellerie sorti cet hiver dernier, en janvier, et qu’on daigne aujourd’hui porter à votre attention. Quatre titres, le premier, Dreams, en anglais, une légère trace d’accent, à la Hardy ou à la Huppert. Chanter en anglais, après tout, cela ne devient intéressant qu’une fois qu’on a chanté en français, quand on ne tente pas de dénaturer sa voix.

Le temps d’une chanson ce petit pas de côté pour trois minutes d’une pop gentille. Il faut attendre Les pins des Landes, en suivant, pour prendre le rythme indolent de cet musique doucement psyché, dériver doucement le long de l’Adour. «Il pleut que d’un côté…c’est un signe divin, j’aperçois les pins… tout est vert, ça sent la pinède…» Un ciel sans nuage, la pluie sur les aiguilles, «tu as l’air indécis / mais petit, il faut choisir», comment choisir, comment faire quoi que ce soit lorsqu’on se laisse aller ainsi, au son de ces réverbérantes guitares, cette voix qui en français s’épanouit, et ici prend les devants.

On dit que je ne suis pas sage, titre polisson pour une chanson dont le ton taquin, d’une légèreté haut-perchée par Laure dans laquelle on retrouve ici Françoise. (Françoise H.). Une instrumentalisation à nouveau tout dans le flux, acoustique, avec des percussions en tout genre, xylophones et cliquetis, des «ouh» et des «ouah», des «ouh-hah». «Nous irons à la découverte, le temps nous semblera très court», et cette chanson file. Tranquille, un petit air de flute et puis s’en va.

il est énervant ce blanc^ (on n’y peut rien)

S’en va et s’en revient, pour un dernier tour de piste, sur la piste de danse, avec Sorcellerie, pour clore cet écrin d’EP avec l’amorce d’un spectre. Ici, Laure Briard s’aventure dans ces territoires hantés et fanstamés, où le vent souffle, violons et loups chantent leur complainte dans l’obscurité, ces territoires dont La Femme, par exemple, est aussi familier. Des échos de conservations, des orgues et des sirènes, une voix deux ou trois octaves au-dessus, depuis Dreams l’atmosphère s’est progressivement embrumée*, brumes de l’esprit, brumes musicales, en voilà de la sorcellerie.

*À noter que si sur Spotify, Les pins des Landes précède On me dit que je ne suis pas sage, ces deux titres figurent dans l’odre inverse sur la bandcamp de l’EP, chez Midnight Special Records.

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