Vos enfants vous expliquent : User Story & EPIC
Dans cet article je vous explique les concepts d’EPIC et User Story en analysant la manière dont vos enfants apprennent à écrire (à l’école ou avec vous)
Introduction
Vous avez fait appel à des consultants, des coach, un “Agile Guru”… mais les résultats se font attendre ?
Vous avez lu tous les livres, guides et vu toutes les vidéos de “la méthode Spotify” à “Lego le modèle d’agilité” et malgré tout, vous n’avez toujours aucune idée de comment transformer votre organisation en entreprise Agile ?
Découvrez comment vos enfants peuvent vous apprendre l’Agilité mieux que n’importe quelle Méthode, Formation, Bootcamp ou Consultant (à 1200€ la journée).
Dans cette série, je vous partage mon quotidien de père de famille ou comment mes enfants me permettent, tous les jours, de me rendre compte que l’agilité est innée et qu’on peut s’inspirer de sa vie de parent pour l’appliquer dans sa vie professionnelle.
Leçon #3 : EPIC & User Story quelle est la différence ?
Vous avez sans doute déjà entendu parler de User Story, d’US, d’EPIC, d’épopée, de cas d’usage ou Use Case (c’est un peu diffèrent mais nous y reviendrons en détail dans un futur article) tout en vous demandant ce que cela pouvait bien vouloir dire (sans oser le demander 😁)
Avant de détailler ces concepts et leurs différences, je vous propose d’analyser le parcours initiatique d’un enfant dans sa quête de l’écriture (ou pour faire simple : Comment un enfant apprend-il à écrire… et lire ?)
Commençons par une petite expérience :
Mettez votre enfant devant une feuille avec un stylo puis demandez-lui d’écrire une phrase (de votre choix)… Va-t-il y arriver?
La réponse est évidente, NON (enfin, si votre enfant a plus de 7 ans ça peut fonctionner mais partons du principe qu’il doit apprendre à écrire… donc qu’il a 4, 5 ou 6 ans)
Avant même de pouvoir commencer à écrire, il y a un certain nombre (et un nombre certain) de prérequis ou d’étapes à franchir.
Détaillons un peu ce “Projet” en décrivant les grandes activités et tâches à réaliser pour le mener à bien.
Description du “projet” : apprendre à écrire
Voici une liste (non exhaustive) de ce qu’il semble utile de faire pour apprendre à écrire à un enfant. Pour en simplifier la lecture, j’ai regroupé les tâches par macro-activités :
Activité 1 : Développer la dextérité, pratique manuelle afin de savoir tenir un objet (un stylo idéalement).
- Tenir un objet
- Tenir un pinceau, un feutre, etc…
- Tenir (correctement) un stylo pour dessiner
- Tenir (correctement) un stylo pour écrire
- …
Finalité de cette liste de tâches : Je sais tenir mon stylo correctement pour écrire
Activité 2 : Apprendre à reconnaître les lettres de l’alphabet, les sons et les syllabes
- Reconnaître les lettres de mon prénom
- Identifier les voyelles et les consonnes
- Apprendre la chanson de l’alphabet
- Reconnaitre les lettres unitairement et donner leur nom
- Écrire les lettres de l’alphabet d’une manière lisible, compréhensible et “universelle” (comment s’écrit un A, etc…)
- Écrire les lettres de l’alphabet en cursive
- Écrire les lettres de l’alphabet en caractère d’imprimerie
- Écrire les lettres de l’alphabet en majuscule
- Écrire son prénom
- Respecter les interlignes
- …
Finalité de cette liste de tâches : Je sais reconnaître et écrire les lettres de plusieurs manières… et correctement.
Activité 3 : Connaître les règles d’orthographe et de grammaire Française
- Connaître la règle des EN / AN / EM / AM
- Connaître la règle des GU / GN / G
- Connaître la règle des ON / OM / ONN
- …
Finalité de cette liste de tâches : Je sais former les sons “complexes” pour écrire tous les mots.
Activité 4 : Écrire des mots, puis des phrases
- Écrire des mots selon leur sonorité (en faisant plein de fautes mais “c’est pas grave, papa”)
- Écrire les mots avec les bonnes règles de grammaire/orthographe (en faisant moins de fautes)
- Écrire des phrases courtes et simples
- Écrire un “petit mot” pour ses parents, amis (ou la petite souris 🐭)
- Écrire au format SMS (en faisant des fautes encore plus grosses qu’à l’étape 1. Oui, tout ça pour ça 😭)
- …
Finalité de cette liste de tâches : Je sais écrire des mots et former des phrases
Observations et questions que posent ce projet
Avez-vous remarqué une certaine structure se dégager de notre exemple ?
Notre projet se décompose en Activités (finalités) qui se décomposent elles-mêmes en sous-tâches … qui (étant elles-mêmes, pour certaines, assez importantes) pourraient aussi être découpées en sous-sous-tâches (ça commence à se compliquer, non ?)
Maintenant que nous avons cette structure, posons-nous quelques questions :
- Faut-il avoir terminé toutes les sous-tâches d’une activité avant de passer à la suivante ?
- Toutes les sous-tâches d’une activité doivent-elles être traitées ensemble (d’un coup) ou peuvent-elles être traitées petit à petit ?
- Ne peut-on pas traiter des sous-tâches de différentes activités en même temps (ou en parallèle)? Ou dit autrement, peut-on ordonnancer les tâches d’une autre manière que par activité ?
- Certaines sous-tâches de notre Projet n’apportent-elles pas de la valeur par elles-mêmes ? Si oui, ne peut-on pas en prioriser certaines pour bénéficier rapidement de la valeur qu’elles apportent ?
- Faut-il avoir terminé TOUTES les sous-tâches de ce projet pour atteindre l’objectif ?
A quelles questions pouvons-nous déjà répondre ?
- Tout d’abord, est-il nécessaire de savoir tenir un stylo (sous-tâche de l’activité 1) pour apprendre à reconnaître les lettres de son prénom (sous-tâche de l’activité 2) ? Faut-il connaître parfaitement toutes les règles de grammaire (activité 3) avant de commencer à (essayer d’) écrire ses premiers petits mots pour ses copains, parents, etc (activité 4) ?
>> Évidemment que Non ….
L’ordonnancement des tâches n’est donc pas lié à leurs macro-activités, elles peuvent être traitées dans un ordre différent.
- Peut-on dire que la sous-tâche “apprendre à tenir un objet/stylo pour dessiner” apporte de la valeur par elle-même ? Avant même de permettre d’écrire, les sous-tâches “comprendre les règles de grammaire”, “connaître les sons EN / AN”, “savoir reconnaître les lettres, leurs sons et les syllabes” permettent-elles d’apprendre à lire.
>> Oui. Votre enfant pourra vous faire de magnifiques dessins alors qu’il est encore en petite section… et donc bien avant de penser à apprendre à écrire.
Ces tâches apportent de la valeur par elles-mêmes… avant de concourir à l’objectif du projet.
Conclusion intermédiaire : Il semble donc possible de prioriser des sous-tâches indépendamment de l’activité à laquelle elles appartiennent.
Si nous schématisons notre projet, nous pouvons dire que l’ensemble des sous-tâches représente la Backlog du projet… et que les activités sont des regroupements thématiques de certaines sous-tâches.
Ce regroupement permet d’atteindre une finalité/ un but précis… qui est une étape ou une partie de notre projet.
Vous voyez où je veux en venir ?
Nos activités sont donc nos EPIC, nos sous-tâches sont nos USER-STORY(ies) et l’ensemble est la BACKLOG de notre PROJET.
Maintenant que nous voyons cette liste d’activités et de sous-tâches sous un angle différent, reprenons chaque Question et cherchons à y Répondre :
Q Faut-il avoir terminé toutes les sous-tâches d’une activité avant de passer à la suivante ? ET Toutes les sous-tâches d’une activité doivent-elles être traitées ensemble ?
R Non et d’ailleurs on peut les mélanger pour traiter en priorité les tâches qui apportent de la valeur rapidement
💡 L’autre point intéressent que soulève cette question est “comment délivrer cette valeur rapidement alors que la liste des tâches à réaliser est grande et qu’elles ne peuvent pas toutes être traitées dans un court laps de temps ?” (La réponse se trouve dans notre prochaine leçon (4) : Itération / Sprint / Just In Time…)
Q Peut-on ordonnancer les tâches d’une autre manière que par activité ? ET Ne peut-on pas prioriser certaines tâches pour bénéficier rapidement de la valeur qu’elles apportent ?
R Oui puisqu’elles sont toutes dans notre Backlog et que nous avons appris à la leçon 1 comment prioriser les taches d’une BL
Q Faut-il avoir terminé TOUTES les sous-tâches de ce projet pour atteindre l’objectif ?
R Pour répondre à cette question il convient de préciser 2 choses.
[1] Quel est l’objectif précis de notre projet (quelle est la valeur attendue) ? [2] Quel est le point de départ ou, à qui s’adresse notre projet ?
Je vous explique :
1 — Peut-on considérer que votre enfant sait écrire lorsqu’il ne maîtrise pas parfaitement l’écriture cursive mais qu’il maitrise l’écriture en lettres manuscrites ?
Il y a débat et je vous dirais : “tout dépends de la valeur attendue ?”
- Si votre objectif était de savoir écrire. Il est atteint !
- Si votre objectif était plus précis (“Savoir écrire de beaux poèmes ou courriers a l’encre de chine”) c’est une autre histoire…
Est-il atteint ? Partiellement atteint ? Pas du tout atteint ?
A quel moment considérons-nous qu’un objectif est atteint ?
Nous aborderons ce sujet lors d’une prochaine leçon : “Savoir Dire STOP/NON, Mesurer le rapport l’Effort/Valeur”
2 — Si votre enfant a 6 ans… il est probable que certaines tâches de notre projet ne soient pas (plus) nécessaires ! J’imagine qu’elle connait déjà les lettres, les sons, et même qu’elle sait déjà lire (ou presque).
Si elle a 4 ans c’est une autre histoire…
Finalement la bonne question c’est “Ce projet est-il adapté au besoin de notre “utilisateur” ? Nous aurons l’occasion d’en reparler lors d’une prochaine leçon sur “Just In Time / partir du BESOIN”
Du coup c’est quoi un(e) EPIC (et une US/User Story)?
Avant tout, ça veut dire quoi ?
Epic = Épopée (en Français).
Une épopée est (selon le Larousse) un “Long récit poétique d’aventures héroïques où intervient le merveilleux” ou une “Suite d’actions extraordinaires, merveilleuses, étonnantes ou héroïques”.
Finalement si nous reprenons notre exemple, les Epic sont les macro-activités qui regroupent elles-mêmes une suite d’actions (nos sous-tâches) et qui nécessitent une temps long pour être réalisées (contrairement aux sous-tâches qui, elles, peuvent être réalisées rapidement).
☺️ Fun Fact : le monde de l’Agilité est connu pour son coté “cool” (gamification du travail, prise de plaisir, simplification, visualisation, etc…) et est issu de l’IT où se trouvent (souvent) de grands amateurs d’héroïque fantaisie, de jeux de rôles, etc….
Je vous laisse relire la définition du mot Épopée (ci-dessus) et faire le parallèle. Le nom n’a pas été très complexe à trouver.
Et donc, ça marche comment ?
Maintenant que vous savez distinguer Epic / Story et que vous avez compris leur utilité, il ne vous reste plus qu’une étape : l’imbrication des différents niveaux… et c’est très simple :
Du plus gros au plus petit : Projet / Initiative / Feature / … / Epic / User Story / Tâches / Sous-Tâche / etc
Vous voyez qu’il est possible d’ajouter autant de niveaux intermédiaires que voulu… comme “Feature”
❗️Note : Plus il y a de niveaux, plus le pilotage devient complexe.
Lorsqu’une entreprise “embrasse” l’agilité et souhaite devenir une “entreprise agile”, ces multiples niveaux peuvent se justifier.
Si cela vous intéresse, nous l’aborderons dans une future leçon : “Qu’est-ce que l’agilité à l’échelle et une Entreprise Agile?”
donc
Une story est un élément unitaire qu’on peut réaliser au cours d’une itération (voir leçon n°4 : Itération / Sprint 👉 À paraitre)
Un(e) EPIC est un élément (regroupement d’US) qui prendra plusieurs semaines/mois et donc généralement plusieurs itérations, à terminer.
Et finalement, pourquoi fait-on ça ???
Laissez-moi vous poser (encore) une question : Combien de choses différentes savez-vous faire en une journée ? Vous me répondrez (sans doute) que ça dépend de la taille de ces choses (tâches).
Donc si je souhaite traiter plusieurs tâches par jours, mieux vaut qu’elles ne soient pas trop grandes/complexes.
Dit autrement, il est plus facile de finir une petite tâche (User Story) qu’un gros projet (et ses EPIC).
Quant à l’impact sur le suivi et le pilotage de votre projet :
- Au quotidien il est plus simple de voir avancer des petites tâches que des grosses activités (sur plusieurs semaines).
De plus, il est nettement plus gratifiant et motivant de voir avancer votre projet (12 tâches terminées ce jour vs. l’EPIC est passée de 5% à 10% de complétion) - A moyen terme : Le pilotage de l’avancement d’un EPIC donne le rythme du projet et permet de suivre la complétion de “jalon” voire de livrables au cours du projet.
- Distinction Epic et US : Elle permet une lecture de l’avancement à plusieurs échelles et à chacun de suivre l’avancement et célébrer les victoires à son propre niveau… et régulièrement (D’ailleurs c’est encore un concept que nous aborderons dans une prochaine leçon : Pourquoi célébrer les victoires le plus régulièrement possible ?)
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Vous souhaitez animer un atelier de “User Story Mapping” (ou tout autre atelier participatif)? Utilisez Catena pour le préparer en quelques minutes… et maîtriser son animation à la minute près.
Note : J’ai développé Catena pour me simplifier la vie et optimiser le temps passé à concevoir des 100ene d’ateliers… mais aussi par respect pour les participants (un atelier de 2h ou 3h DOIT donner des résultats sous peine d’avoir fait “perdre” 2h ou 3h à chaque participant).
- Leçon 1 : Vos Enfants vous apprennent simplement Backlog et Priorisation par la Valeur!
- Leçon 2 : Vos Enfants vous apprennent simplement WSJF & Cost Of Delay ou Priorisation par l’effort
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Je suis “Agent du Changement” (“Change Agent” 🇬🇧).
J’accompagne les entreprises et les personnes dans leur voyage vers l’état d’esprit apprenant (Growth Mindset) ou ”Lean-Agile” et la mise en oeuvre des organisations ad-hoc.
Plus qu’un coach ou un consultant j’ai à coeur de faire comprendre que les méthodes ne servent à rien si elles ne sont pas accompagnées du “bon” état d’esprit…