Pour l’agilité durable des organisations

Bruno Borghi
Les Cahiers Agiles
Published in
4 min readMar 4, 2021

Nous soutenons que l’agilité durable, c’est-à-dire l’adaptation continue aux besoins de l’environnement, permet aux organisations de réussir dans un environnement de faible croissance et de complexité élevée.

Nous savons que plus que la description idyllique d’un fonctionnement souhaité, ce qui compte, et ce qui est difficile, c’est d’engager l’organisation dans un processus d’apprentissage de ces pratiques agiles, dans la durée.

Par notre propre pratique et en aidant les autres dans leurs pratiques, nous avons découvert des valeurs et des principes dont le partage facilite la transition de nos organisations vers cette agilité organisationnelle.

Valeurs

Grâce à ce travail, nous en sommes venus à valoriser :

  • La création de valeur de préférence à la réduction aveugle des coûts,
  • L’adaptation continue aux besoins de l’environnement, de préférence à un retranchement sur ce qu’on a fait jusqu’à présent, et qu’on maîtrise,
  • Les équipes et l’intelligence collective, de préférence aux processus normalisés et aux outils de contrôle,
  • La coopération avec les parties prenantes, de préférence au rapport de force,
  • La réponse aux changements pour ajouter de la valeur, de préférence au respect d’un plan,
  • La diversité des approches, de préférence à l’uniformisation des pratiques,
  • Les itérations apprenantes, de préférence à une logique séquentielle.

Dans ces valeurs nous reconnaissons l’intérêt des seconds éléments, mais nous privilégions les premiers.

Principes

Dans nos actions, nous respectons les principes suivants :

  1. L’organisation a une raison d’être explicite et partagée, qui donne du sens aux actions de chacun.
  2. Les équipes délivrent et coopèrent.
  3. Chaque membre de l’équipe est individuellement responsable de ses compétences et collectivement responsable du résultat délivré.
  4. Les experts sont au service de ceux qui font. Ceux qui font prennent les décisions.
  5. L’organisation s’adapte grâce à des retours d’expérience rapides et fréquents.
  6. Toute action prend en compte la maturité des acteurs et de l’organisation,
    et la fait progresser.
  7. L’organisation privilégie l’engagement librement consenti des acteurs.
  8. Chaque équipe organise elle-même son travail pour atteindre les résultats qui sont attendus d’elle. On ne planifie pas les gens, ils se planifient.
  9. L’action est rythmée par des rites rares, respectés et centrés sur la valeur.
  10. La controverse est la méthode la plus efficace pour animer l’apprentissage collectif.
  11. Les acteurs se mettent d’accord sur l’étape suivante et engagent aussitôt l’action, sans attendre de trouver un accord sur un plan détaillé de longue durée.
  12. Un référentiel explicite, connu de tous, permet à la décision de se prendre au plus bas niveau possible.
  13. L’organisation distribue des signes de reconnaissance cohérents
    avec l’obtention de la valeur et les pratiques agiles.
  14. L’organisation sanctionne les hors jeux et fait respecter la discipline.

Texte proposé par Olivier d’Herbemont, Bruno Borghi, Frédéric Fleuret et Marlène Borghi.

Ce texte est publié selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution 4.0 International.

Vous pouvez aussi consulter la version en langue anglaise de ce manifeste.

La célébration du vingtième anniversaire du Manifeste Agile m’a donné l’envie de publier à nouveau ce Manifeste pour une Agilité Durable, que j’ai co-écrit en 2016, sous l’impulsion d’Olivier d’Herbemont.

Comme les nombreux manifestes qui ont repris le Manifeste Agile, notre manifeste peut être lu comme un hommage à la forme épurée du manifeste original et à sa puissance extraordinaire.

Depuis 2001, les auteurs se sont succédés, dans le monde entier, pour souligner que Le Manifeste Agile propose un cadre plutôt au niveau de l’équipe, plutôt dans la réalisation de logiciel, mais pas vraiment au niveau de l’entreprise, ni pour tout type d’activité. Je trouve que ça se discute — souvent cet argument est employé pour éviter de s’inscrire dans une démarche agile, qui remet en cause croyances, habitudes, et positions de pouvoir. En effet, j’ai à de nombreuses reprises appliqué les valeurs et les principes du Manifeste Agile pour mettre en place des dispositifs qui délivrent de la valeur transversalement dans l’entreprise.

Avec Olivier, nous avons voulu cerner ce qui pouvait rendre durable une démarche agile dans l’entreprise. En effet, nous avions constaté que trop souvent les entreprises font l’expérience d’un fonctionnement agile puis retombent dans les réflexes anciens et perdent les bénéfices de l’agilité. Ce manifeste pour l’agilité durable des organisations a été conçu comme une liste de contrôle, permettant à l’entreprise de s’auto-évaluer. Le préambule du manifeste tente d’exprimer en quoi notre focus est différent de celui du Manifeste Agile.

Pour concevoir et rédiger ce manifeste, Olivier a constitué une équipe pluri-disciplinaire. Olivier vient du monde de l’organisation des entreprises ; Frédéric dirigeait des usines de production de ciment ; Marlène et moi, issus monde du génie logiciel, appliquions déjà, comme beaucoup, les principes du Manifeste Agile plus de dix ans avant sa parution. Cette diversité de parcours nous a permis d’éviter le travers qui consiste à s’adresser uniquement au monde de l’informatique.

J’espère que la lecture de ce manifeste vous inspirera. Pour approfondir le sujet, je vous suggère aussi la collection d’articles de la ScrumAlliance sur le thème de l’agilité durable : “Leveraging Agile Leadership for Sustainable Business Agility”.

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