SUBODORE

EXPOSITION

LE LAPION INTRÉPIDE
LES CHRONIQUES DU LAPION

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Je somnolais paisiblement devant Télématin quand un reportage m’a amenée à soulever une paupière, puis les deux. La chronique évoquait une “exposition olfactive” au Palais Royal. Dans son interview, l’artiste disait des choses un peu compliquées pour un petit matin de rentrée mais j’en ai compris assez pour me sortir du lit et aller voir.
J’ai découvert le Palais Royal, il y a bien longtemps, à travers un film de Caroline Roboh, Clémentine Tango, où deux jeunes gens se cherchent, s’aiment et se trouvent dans les jardins du Palais. Le lieu est resté à mes yeux indissolublement lié à l’adolescence et à la quête d’identité. Est-ce l’envoûtement du film, étrange et décalé, ou le caractère secret de cet espace enchâssé dans un bijou d’architecture Grand Siècle, toujours est-il que c’est pour moi un endroit à part, où j’aime m’asseoir et regarder la vie passer. C’est donc avec plaisir que j’y suis revenue, heureuse de retrouver intacte l’atmosphère des lieux, mon regard se superposant sans heurt à mes souvenirs. En revanche, j’étais un peu perplexe sur l’expo elle-même, d’une part parce que j’ai mauvais esprit, d’autre part parce que, même si je sais que c’est très tendance, je fuis les installations de tous poils devant lesquelles on sourit poliment en faisant semblant de croire qu’il y a quelque à comprendre.

En réalité, Chantal Sanier, artiste créatrice de parfums, a imaginé une œuvre étonnante, un petit moment de poésie touchant et éphémère, qui colle magnifiquement au lieu et qui par la seule grâce des odeurs, ressuscite les grands personnages ayant habité l’édifice. On colle son nez dans de grosses boules de terre cuite, on ferme les yeux et des parfums anciens et rares viennent nous raconter des histoires secrètes. La fragrance verte, vigoureuse et légèrement sucrée du jasmin parle de la jeunesse de Louis XIV tandis qu’une odeur de bois et de forêt évoque la solitude du pouvoir. Richelieu, avec ses parfums poudrés, sent la vieille coquette, Anne d’Autriche dégage un parfum de boîte à bonbons. Chantal Sanier est là qui veille sur ses bébés tout ronds avec bienveillance et gentillesse, heureuse de nous faire rentrer dans ses bulles d’odeurs et de Temps.

Subodore, jusqu’au 21 septembre
Métro Ligne 1 • Palais royal

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