À la rencontre de Laurent BROUAT
“Nous avons besoin de ré-enchanter le recrutement”
Acteur incontournable du monde du recrutement, il était évident pour nous de dédier notre première interview à Laurent. Toujours à droite ou à gauche, il a tout de même bien voulu nous accorder un moment afin de nous faire partager son parcours, sa vision et ses “tips” de recruteur !
3, 2, 1… le coup de fil est lancé… nous démarrons l’interview avec le “poil à gratter” du recrutement !
Laurent, pourquoi te présenter comme le poil à gratter du recrutement ?
Quand j’étais à Londres, j’ai travaillé en tant que chasseur de têtes, puis lorsque je suis devenu indépendant, j’ai décidé de créer un blog qui s’appelait: “A job you love” (toujours en ligne ;) ), dans lequel je revenais sur tout ce qui était lié à l’emploi et au recrutement et qui selon moi, ne semblait pas fonctionner. Donc, j’ai toujours eu ce côté poil à gratter qui aime bien remettre en question l’existant. Au delà de cet aspect de moi-même, je dirais surtout que ce qui me définit le mieux c’est le besoin de transmission : comment transmettre le recrutement, l’amour du métier, le meilleur en matière de techniques, d’outils ou encore de stratégie. C’est vraiment ça qui est important ! J’ai d’ailleurs naturellement évolué ensuite dans le monde de la formation en intervenant dans un premier temps dans des écoles de commerce.
Comment a démarré l’aventure Link Humans ?
Ça s’est fait en 2010 à Londres. J’aidais des chercheurs d’emploi à trouver du boulot. Petit à petit, j’ai fini par rencontrer un suédois (ndlr: Jörgen Sundberg) qui voulait faire des formations sur les réseaux sociaux pour les professionnels. On s’est associé sur plusieurs formations et puis, un jour, on s’est dit, “et si on montait une boite ensemble !” On a commencé par former des RH et des recruteurs sur LinkedIn, tout en les aidant à monter des stratégies sur les réseaux sociaux. On s’est rendu compte qu’il y avait un besoin, parce qu’ils ne savaient pas du tout les utiliser. Aujourd’hui, Link Humans est présent à Londres et à Paris.
Comment es-tu arrivé dans le monde du recrutement ?
Ce n’est pas très glamour ce que je vais dire… mais c’est un petit peu par hasard. En fait, je suis allé à Londres en 2007 et le plus court chemin pour accéder à l’emploi était d’être consultant en recrutement. Il y avait une partie commerciale et une partie recherche de candidats. J’ai eu une formation à l’anglo-saxonne, c’est-à-dire plutôt agressive. Il fallait faire 50 appels par jour ! Ça ne marchait pas très bien avec moi, même si j’avais des résultats très corrects, voire plutôt bons.
Aujourd’hui, tu diriges Link Humans. Peux-tu nous partager ce que tu aimes dans ton métier et ce que tu apprécies moins ?
Ce que j’aime bien c’est la variété. C’est d’avoir de la formation, de rédiger des articles, d’organiser des événements #Tru, de parler du métier. Bref, la diversité plus le fait de manager une équipe, ce qui est plutôt sympa. Ce que j’aime moins, c’est toute la partie administrative et de devoir parfois courir après le temps.
Comment se passe le process de recrutement chez vous ?
J’identifie très en amont les besoins et la manière dont je vais trouver la personne. J’essaie de rencontrer beaucoup de gens autour d’un déjeuner pour échanger posément. Je fais vraiment mon sourcing très en amont de mon besoin pour me construire mon vivier. En fait, quand tu échanges de manière non-intrusive et non-évaluatrice, les personnes sont beaucoup plus cools. Elles se révèlent telles qu’elles sont vraiment. C’est une méthode forcément chronophage ! Ma technique c’est de ne pas dire à ces personnes que j’ai dans l’idée de peut-être la recruter. Si elle s’avère correspondre, je finis par lui exprimer mon envie de travailler ensemble. Si l’aventure la tente, elle va rencontrer l’équipe. Je ne suis pas le seul décisionnaire. La culture de l’équipe est assez forte et s’il n’y a pas de fit avec les autres, ça va être compliqué ! (ndlr: pour en savoir plus: Comment on recrute chez Link Humans)
Comment repères-tu ces personnes ?
De temps en temps, je propose à des personnes qui peuvent être intéressantes d’animer des sessions à #TruParis, d’écrire un article ou de faire une petite contribution, en fonction de leur situation. Pour les deux derniers jobs que nous avons pourvu, on a fait des annonces sympa. Paradoxalement, ces dernières n’ont pas ramené des candidats qui nous correspondaient, mais cela nous a permis de communiquer peut-être dans nos réseaux respectifs et de trouver plus rapidement. L’annonce n’a pas généré les bonnes personnes en direct, mais elle nous a permis de sensibiliser sur notre besoin.
Quels outils utilises-tu pour recruter ?
LinkedIn avec tout un travail que j’effectue autour de mon réseau. Le blog aussi est très utile, car je peux repérer certains de mes followers ou encore de diffuser des annonces.
Comment réalises-tu ta veille ?
Pour le sourcing, on va à une conférence qui a lieu tous les ans en septembre à Amsterdam : Le Sosue. Et puis je suis beaucoup tout ce qui se passe dans les pays anglo-saxons, ainsi que tous les experts sourcing de la communauté telle que Irina Shamaeva (@braingain). J’utilise surtout LinkedIn pour faire ma veille.
Quel regard portes-tu sur le monde du recrutement ?
Je pense que nous avons besoin de ré-enchanter le recrutement. C’est-à-dire qu’il faut donner envie aux gens de faire ce métier et de le pratiquer. Il s’agit de mettre de l’amour dans cette profession. C’est comme ça que selon moi, nous pouvons être meilleurs. Le recrutement, c’est un métier difficile. Ce n’est pas nouveau comme problématique, mais c’est important de garder ça en tête pour continuer à attirer les bonnes personnes et que ce ne soit plus un métier de hasard, voire un métier de défaut… ce qui est encore pire. Il s’agit de se poser des questions sur la manière d’exercer ce métier et de le faire de manière stratégique. Cela passe par le fait de se réunir, de partager et d’échanger, afin de donner du sens à ce pourquoi nous faisons ce métier là. Il faut aussi que les entreprises investissent dans des outils et dans la montée en compétence des recruteurs. Pour moi, l’expérience recruteur doit être mise au centre de leurs stratégies.
Est-ce que tu aurais des “tips” à partager à nos lecteurs?
Il y a un “tip” que je trouve bien. Je l’ai vu l’autre jour sur le blog US d’une chargée de recrutement. Lorsqu’elle travaille avec les opérationnels pour identifier des profils, elle prend le descriptif de poste de l’opérationnel et, au moment de réaliser son travail de recherche, elle fait la chose suivante: “Bon OK. J’ai été sur vos profils LinkedIn respectifs et j’ai regardé dans votre réseau les personnes qui correspondent au descriptif que vous m’avez donné. J’en ai identifié 4. J’ai préparé un mail de prise de contact, mais c’est vous-même qui allez les contacter. Je reprendrais la main si vous obtenez des retours.” Il s’agit là d’avoir une démarche pro-active afin que l’opérationnel se rende compte de la qualité de son réseau, tout en le sensibilisant au recrutement. Et puis, cela permet d’avoir un meilleur taux de retour, car si la personne contactée est dans son réseau, c’est qu’à priori, ils se connaissent.
Le saviez-vous ?
Nous avions demandé à Laurent, une petite anecdote pour clôturer l’interview. Pris de court, la réponse a été : “Alors là, je sèche !”. Bon c’est noté, nous préviendront plus en amont nos interviewés. Qu’à cela ne tienne ! Nous terminerons cette interview différemment, en vous proposant d’apprendre à connaitre encore un peu plus Laurent. Qui savait que Laurent est un passionné de Jiu-Jitsu brésilien et de tout ce qui a trait au Brésil (Cf. A job you love) ?
Première interview réalisée… C’était top ! Louis se détend après avoir pris tout un tas de note concernant Laurent. Moi, je suis ravie de m’être improvisée “journaliste” l’espace de quelques instants. Je me dis surtout que la bonne humeur et le dynamisme de Laurent a rendu l’exercice particulièrement agréable ! Merci encore :)
Nous espérons que vous aurez pris autant de plaisir que nous à en savoir un peu plus sur Laurent. Vous pouvez bien entendu le suivre via LinkedIn, Twitter, ou encore le blog de Link Humans. Je vous invite aussi à découvrir Dessine Toi Un Emploi, le blog de Nicolas GALITA, un de ses collaborateurs ;).
Prochaine interview le mois prochain… Mais en attendant RDV la semaine prochaine avec les Perles du Recrutement ;)
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