Essaimer, mais comment et pourquoi ?

L'Arbre qui Pousse
Les feuilles de l’Arbre
4 min readJul 29, 2020

Vous lisez Le Manifeste d’un Printemps, partie 7/8. Retrouvez-ici toutes les autres parties du Manifeste. Pour obtenir une version papier, vous pouvez aussi la commander en remplissant ce formulaire.
Bonne lecture à vous !

Oui, un changement doit avoir lieu. Nos sociétés doivent évoluer. Nos comportements de consommation et de production doivent muter. Peut-être passer de l’”avoir” ou du “faire” à l’”être”. Devenir capteurs de ce qui nous entoure, mieux appréhender nos paysages et les ressources. Donner et rendre davantage que prendre. Sortir d’un individualisme extrême, reconnaître que d’autres humains et d’autres espèces existent, végétaux, champignons, bactéries, animaux,… Nous faisons partie d’un Tout, un système vivant qui repose sur un supposé inerte, des minéraux et matières organiques qui nourrissent. Réaliser que le déploiement actuel de l’espèce humaine est artificiel et toxique: il se fait aux dépens des autres.

Ce changement de cap doit être radical. Le chemin semble si long. Tellement ambitieux. Et pourtant, une myriade d’initiatives restaurent, respectent, édifient et ensemencent. Une par une. Chaque pas après l’autre. Par des démarches complémentaires: sensibilisation, alignement, construction d’écosystèmes naturels et humains. Sur les territoires, notamment à l’intersection des zones urbaines et rurales, se déploient des dizaines de jardins, d’éco-villages, de pépinières, de zones protégées, des micro-fermes et autant de communautés humaines qui visent à régénérer ce qui a été extrait ou exploité.

Quels seraient les leviers pour renforcer la venue et l’installation de ces oasis sur un maximum de territoires ? C’est là qu’interviennent les notions de propriété et des capacités financières liées à la régénération. Le spectre possible est très large: de la zone à défendre (ZAD) au propriétaire terrien. Une ZAD, une terre ré-appropriée par un collectif de citoyen•ne•s en auto-gestion, pêche souvent par le manque de moyens et une légitimité inadaptée, tandis qu’un•e propriétaire terrien•ne la régénère pour son intérêt personnel, et même si la vertu se travaille, le modèle ne repose que sur un•e acteur•rice, pas des plus résilient. Au milieu de ce spectre, un modèle de co-propriété encadrée existe grâce à plusieurs véhicules: une Fondation ou une coopérative. Identifier un projet, une vision, rassembler des fonds rapidement. Mettre en branle des chantiers de rénovation ou un modèle locatif qui distribue les charges et déclenche des dynamiques vertueuse sur le territoire: voilà l’atout de ces entreprises collectives. Dans le cadre du projet de l’Arbre qui Pousse, un véhicule de ce type voit le jour: la Fondation Écotones.

La Fondation Ecotones: vecteur d’émancipations

Écotones signifie littéralement “espaces d’interaction entre deux ou plusieurs écosystèmes”. Vecteurs d’émergences, ces espaces sont les plus riches. Cela explique l’objet social de la Fondation: stimuler la création de lieux d’émergences. Ces lieux qui vibrent se pensent comme des systèmes intégrés, où l’interdépendance et la diversité renforce la résilience, individuelle et collective, du vivant en général. Des lieux où la part belle est faite à l’organique, un chaos dont la propriété émergente pourrait être une magie et un sens retrouvé(e). Des lieux où la simplicité, la sobriété et le Beau sont au creux de chaque détail, sans artifice. Des prises de terre(s).

Initialement créée pour permettre à l’Arbre qui Pousse d’acquérir la ferme de la Balbrière, la fondation Ecotones est aujourd’hui composée d’une poignée d’utopistes pragmatiques. Une famille choisie, toujours très chaleureuse, qui manie subtilement la conscience du contexte, la sensibilité et la patience vis-à-vis d’une construction longue et un dynamisme visionnaire. En pratique, il s’agit d’un véhicule légal qui permet de faire le pont entre des porteuse•r•s de projets régénératifs et des soutiens financiers (mécénat ou émission de certificats immobiliers). Aujourd’hui propriétaire du foncier et des terres de la ferme de la Balbrière, cette acquisition est probablement le premier geste. D’autres suivront mais la suite reste à écrire.

La Famille Écotones

Essaimons

Il y a de la suite dans les idées et dans les actions. S’agit-il de renforcer et de déclencher des projets similaires à l’Arbre qui Pousse, de dupliquer, de répliquer ? Où plutôt d’agir sur une sensibilisation des territoires, d’aider les agriculteur•rice•s conventionnel•le•s à entrer en transition agro-écologique, où à construire des poches de résilience sur les territoires pour protéger la biodiversité ? Les ambitions sont multiples et les besoins sont nombreux. Le futur de cette Fondation s’inscrira quelque part entre la satisfaction d’avoir déclenché cette première dynamique en Brabant-Wallon et une série d’actions plus radicales au niveau local, ou des interventions à plus large échelle. En toute humilité, personne ne peut encore savoir de quoi tout à l’heure sera fait. Nous n’avons pas la prétention d’y associer un modèle ou une recette toute faite, les caractéristiques propres de chaque territoire et les besoins des humains qui énergisent le projet nous empêchent notre devenu si cher “copié-collé”. Néanmoins, de nombreux freins, obstacles et inerties peuvent être levés grâce à notre première expérience. Le contenu variera inéluctablement, mais des morceaux de méthodes (modèle de financement, conventions, fédération de communauté, etc.) inspireront les nouvelles pousses. Au vu de l’accélération ambiante (ou de la décélération, encore une question de perspectives), il est plus que probable qu’à l’heure où vous lirez ces lignes, de nouveaux chantiers soient ouverts et de nouvelles choses soient amenées à en composter d’anciennes.

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