Manifeste d’hiver 2020
Ou le bilan pirate des plantations de l’Arbre qui Pousse
À l’ombre du tilleul,
Pourquoi ne pas faire une sieste à l’ombre du tilleul… Mais gare à celui qui s’y endort la nuit ! Car c’est au crépuscule, après s’être abrités au pied de l’arbre, que petits elfes et fées se réveillent pour se livrer à une sarabande effrénée ! Ils dansent alors tous ensemble, formant une ronde tout en se tenant par la main, tout en psalmodiant des chansonnettes inconnues dans notre langage mais aux sons joliment cristallins tels les petits cliquetis de fines clochettes… Ils tournent, ils tourbillonnent aussi légers que l’air aussi transparents que lumineux. Les plus jeunes de ces farfadets sautillent bien gaiement, de branches en branches, en suçotant les fleurs jaunes du tilleul, sous l’œil globuleux de quelques bourdons. On entendrait presque le majestueux tilleul frémir de joie dans cette belle candeur enfantine, simple, magique, féérique…
Cette campagne, ce manifeste et ces actions ont largement été entrepris(e) par Quentin. Un énorme merci lui !
Être arbre. Un arbre ailé. Dénuder ses racines dans la terre puissante et les livrer au sol quand, autour de nous, tout sera bien plus vaste, ouvrir en grand nos ailes et nous mettre à voler — Pablo Neruda
Des haies multi-fonctionnelles
Parfois centenaires, les haies embellissent et structurent nos campagnes. En empruntant des rythmes bien différents, comme on peut s’en rendre compte en passant des régions bocagères aux plaines de grandes cultures.
Autrefois alliées indispensables, prodiguant quantité de ressources, les haies ont été mises au second plan lors de la ≪ Révolution Verte ≫. Arrachées ou non-entretenues, elles ont également souffert de l’augmentation de la dimension des parcelles agricoles, surtout dans les régions dédiées aux grandes cultures.
Depuis quelques années, les haies trouvent de nouveaux échos dans les campagnes. Progressivement, leurs atouts sont à nouveau cités : attrait paysager, participation au maillage écologique, complément fourrager, production de bois de service et de fruits, frein aux processus érosifs du sol en sont quelques exemples.
Un design précis pour une grande haie brise vent :
Les Hauts-jets (en bleu) donneront de la hauteur à la haie : Alisier torminal, châtaignier, chêne sessile, érable sycomore, merisier, noyer commun…
La Cépée (orange) et Petits arbustes (vert): seront Recépés (taillés drastiquement au ras du sol pour une repousse par plusieurs tiges) l’hiver suivant la plantation sauf ceux avec une petite étoile, afin de densifier la haie pour l’effet brise vent : Aubépine à 1 style, charme, cognassier, noisetier, sorbier des oiseleurs, merisier, orme champêtre, châtaignier, bourdaine, cornouiller sanguin, églantier, fusain d’Europe, genêt à balais, saule pourpre, viorne obier…
Les Petits arbustes (brun) seront aussi recépés et monteront moins haut, plantés 5 par 5, aux essences reprises plus haut s’ajouteront des petits fruitiers : groseillier à maquereaux/rouge, prunelier, viorne obier, sureau noir.
Planter un arbre n’est jamais un geste anodin. Je suis étonné de voir que les jeunes de l’ICHEC s’approprient ce geste avec tellement de joie et de profondeur, ils perçoivent toutes et tous l’importance de planter leurs racines pour donner corps à leurs rêves.
Dans un monde qui leur offre seulement la possibilité de vivre hors-sol, plantés devant leurs écrans, le geste symbolique de planter un arbre donne un humus à leurs rêves.
Ils sortent d’une forme torpeur pour sentir qu’ils sont à nouveau capables d’agir dans le monde en œuvrant dans le sens de la vie et de la beauté.
Je suis ému d’être témoin de cela et d’y participer, je comprends plus que jamais une des missions de notre écosystème : permettre à chacun.e de sentir en lui l’Arbre qui Pousse!
Reynald
Voici la première photo d’une série annuelle prévue pour… quelques centaines d’années… Comment imaginer que nous reviendrons avec eux lorsqu’ils seront adultes? Que peut-être eux-memes viendront avec leurs enfants et leurs petits enfants. Et le Tilleuls pendant ce temps sera le témoin de la vie à l’Arbre qui Pousse. Perché fièrement sur le chemin qui surplombe les terres du bas et du haut.Merci à tous de nous avoir permis de partager cela avec les enfants de la Cabane à Apprendre. Loin des grandes théories, c’est les mains dans la terre que cette génération prend conscience de son environnement, des saisons, de la force et la fragilité de la nature, de l’action de l’homme.Rendez-vous l’année prochaine pour la photo numéro 2.
Laurent
Détails des autres haies :
Bilan en chiffres…
Cet hiver ce sont 1 662 plants de haies de 34 espèces différentes qui ont été plantés dans la prairie de la Balbrière, ainsi que 305 Petits fruitiers dont 105 intégrés aux haies et 21 arbres fruitiers.
Les chantiers se sont étalés sur 10 jours de fin novembre à fin février, avec la participation de près de 94 bénévoles qui ont aussi soulevés à la main et repartis sur les plantations 18 M3 de copeaux, paille, compost…
Un immense merci à chacun d’entre eux ! Au total, près de 14 958 coups de bèche, pelle, fourche, houe-hache ont été donnés… Je vous laisse imaginer le nombre de calories dépensés !
La coordination des chantiers a été réalisée par l’équipe Yakaplanter, en collaboration avec l’asbl de l’Arbre qui Pousse.
Plantons des arbres, les racines de notre avenir s’enfonceront dans le sol et une canopée de l’espoir s’élèvera vers le ciel. — Wangari Maathai
