From Cadix to Madère

Cécile Juju
Les filles en-barquent
6 min readNov 6, 2019

Si Louis Mariano vantait les mérites de ses habitantes dans ses chansons, nous serons sous le charme de la ville, en entier !

Ah Cadix… Ses étroites rues pavées entourées de façades colorées aux fenêtres en fer forgé, son marché animé où tout déguster, ses grandes places avec terrasses pour attendre le coucher de soleil, sa majestueuse cathédrale, ses bords de mer peuplés de chats, son château aux pierres foulées par James Bond lui même, ses bars où de beaux éphèbes fredonnent dans leur plus bel espagnol sur des airs de guitares… C’est sûr, après l’étape Barbate, nous avions bien mérité quatre jours dans ce havre de paix à profiter de tous les charmes de l’Andalousie et même y retrouver par un joyeux hasard, nos amis Pierre et Julie. Mais Madère nous appelle, enfin une fenêtre météo semble s’ouvrir à nous, zoubidou !
A peine éloignées de Cadix à la voile, on sort de l’eau notre premier maquereau d’au moins… 25cm !!! Tonnerre d’applaudissements de la part de la bande de cétacés qui miroite notre butin ! Que nenni, on remonte la bête que je découpe immédiatement, non sans dégoût / douleur, on décidera d’ailleurs de pêcher que quand on a vraiment envie de poisson, courageuses mais pas téméraires ! Tout juste rassasiées, on entame nos prochaines 40 heures au moteur, vrooom vroomm, on a la tête comme un gros chat ! Heureusement la nuit noire cumulée à la grâce de Poséidon (rappelons-le, lourdement acquise) nous offrira un show lumière digne des plus grands Zénith ! Voile de plancton étincelant de part et d’autre du bateau, puis sauts de dauphins dans plancton façon carte postale à paillettes que normalement on déteste mais que là, franchement, on se dit qu’ils sont pas loin de la vérité ! La passion plancton ira même jusqu’à s’adonner au crachât ou à leur faire pipi dessus pour les illuminer, faute avouée à moitié pardonnée !
Si côté nocturne c’est donc la grande marrade, côté diurne on mange / dort / tente de faire marcher Hercule le régulateur d’allure / barre / dort / lit / joue / tente de percer l’univers obscure des mots croisés / dort / mange / réussi à faire marcher Hercule / lit / triche en regardant les réponses des mots croisés / mange / dort, le tout en musique, palpitant !

Nous ferons lors ce programme de festivités la rencontre de Pistache, un tout petit oiseau surnommé ainsi pour sa couleur. Pistache, maline, a débarqué à l’heure de l’apéro jour 3, autant dire au milieu de rien. Elle est minus, toute ronde et semble bien heureuse de trouver notre lazy bag puis le dessous de notre panneau solaire comme abris. Mais l’épuisement doit être bien trop fort, dans un courage de dernière chance, elle vole jusqu’à l’intérieur du bateau où elle trouve un petit coin au chaud pour littéralement s’effondrer, allongée de tout son long. On est persuadées qu’elle ne verra pas le jour mais, dans le doute, on lui donne un bout de biscotte tartiné de gras de canard et de l’eau… Solidarité du sud ouest ! 12 heures se passent et là, contre toute attente, Pistache se relève fraîche pimpante et s’envole vers le sud dans un battement d’ailes qui veut dire merci ! Houra ! Heureuses de ce sauvetage impromptu on continue notre route sous le vent mais sans Céline et Garou !

D’ailleurs parlons-en du vent ! En tant que grosse consommatrice de papillotes de Noël hors de prix, je me rappelle bien avoir lu un jour sur le petit bout de papier qui les accompagne cette triste vérité : “La météo c’est l’art de prédire le temps qu’il aurait dû faire” ! Si Bison futé lui ne se trompe jamais sur ses prévisions (le con !) wind machin, wind truc et wind bidule c’est une autre histoire… !
Le plan initial était : une traversée de mise en jambe de 5 nuits sans beaucoup de vent au début puis vent travers 15/20 nd max, agréable quoi, pour arriver au petit matin à Porto Santo, petite île avant Madère et se boire un café terrasse soleil en jour 6.
Ce qu’il s’est vraiment passé : 6 nuits en mer, 120 litres de gasoil partis en fumée, dernières 48h avec 23nd dans la face, donc pas agréable, pour le bateau non plus, ça nous vaudra d’ailleurs l’épisode deux de “Aventure : ce mot romantique pour dire galère” avec en guest star un nouveau trou à l’étrave et c’est pas pour y mettre un hublot ! Bref on arrive finalement jour 7 à Madère, rincées mais heureuses, toujours.
Maintenant que j’y pense, c’est vrai qu’on a surtout soudoyé le big boss des océans, pas celui du ciel et du vent, allez on file lancer des offrandes à Eole pour les prochaines traversées et tant qu’à faire, on va aller faire ça du point culminant de Madère ! Bisous

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