Le courage de s’écouter et le pouvoir de prototyper son changement de carrière
Portrait de Vanessa
Dans cet article, tu apprendras qu’il n’est jamais trop tard pour vraiment s’écouter, qu’expérimenter permet de mieux se rendre compte de ses aspirations profondes, et qu’oser ça rapproche de soi-même, tout au long de la vie !
Cet article fait partie d’une série de portraits (que nous réalisons avec Lily Gros) de Joyeux Audacieux qui ont osé se mettre en audace, prendre des risques et poser un pas de plus vers leur propre bonheur.
Vanessa est naturopathe. Je l’ai rencontré par hasard à l’Anticafé d’Aix en Provence. Elle était en train de mener un atelier pour créer ses cadeaux de noël avec la naturopathie et avec le cœur. Sa présence et sa posture de service et de transmission m’ont tout de suite touchée. Et j’ai appris par la même occasion qu’avant ça, Vanessa a été responsable comptable pendant 12 ans. Waouh, il fallait en savoir plus !
Rencontre.
Pour te décrire, on va te demander un exercice pas facile. Si tu étais un animal tu serais…
Un papillon, oui. J’aime l’idée de la chenille qui se transforme étape par étape. J’ai cette sensation depuis que je suis enfant, d’apprendre petit à petit à voler. Je ne vole pas encore très bien, mais j’apprends !
🍱 Si tu étais un plat tu serais…
En fait, je ne choisirais pas un plat précis, mais plutôt les plats du monde car je suis faite de plein de choses. Je suis nourrie des personnes, des expériences, des voyages dans d’autres pays. Je suis composée de tout ça.
Comme les plats du monde, c’est cette diversité que j’ai en moi qui me représente et représente le monde autour de nous.
🌍 Si tu étais un endroit dans le monde tu serais…
La planète terre, l’univers. Comme pour le plat, chaque lieu est un voyage, une expérience universelle qui nous rapproche. C’est un aspect que j’aime particulièrement dans mon métier de naturopathe aujourd’hui : cette unicité et cette universalité.
💬 Toi en 3 mots
Solitaire
Peut-être du fait que je sois fille unique ? Pour moi la solitude est positive, c’est quelque chose qui me ressource. J’adore être avec les gens, voir des amis, rencontrer de nouvelles personnes, mais j’ai toujours besoin de moments seule. Sinon je me sens vidée. J’en ai besoin pour recharger, je me replie pour reprendre des forces. C’est des fois déstabilisant pour certains de mes proches qui sont beaucoup plus dans l’échange. Mais quand je l’explique, c’est mieux compris :)
Sensible
Je suis très très sensible. Tout me touche et je vis les choses — les joies et les peines — à 200%. Ce n’est pas négatif, j’arrive à mettre un sas quand je suis avec une personne. Mais après je ressens cela très fort. J’ai écris un article sur les larmes et la sensibilité récemment. Au départ, je percevais cet aspect de moi comme une faiblesse, mais en fait c’est aussi une richesse. On ne peut pas être tout le temps fort. C’est important de pouvoir montrer ses émotions même dans un monde qui ne l’autorise pas trop.
Humaine
C’est une valeur très importante, l’humanité. Déjà dans mon emploi précédent où j’encadrais des personnes, il était crucial pour moi de mettre l’humain au centre. Pour moi, cela se traduit par comprendre l’autre, autoriser des journées moins productives et plus de moments de pause, instaurer un climat de confiance, avoir de petites attentions, et surtout prendre les gens en compte avec leur vie. Il est très important pour moi que les personnes avec qui l’on travaille se sentent épaulés. On ne peut pas être à 100% chaque jour au travail, et c’est ok. Aujourd’hui j’en apprends plus sur la motivation, la performance en fonction du rythme des saisons. Il y a beaucoup de paramètres qui entrent en jeu sur l’équilibre et notre bien-être.
🧨 Qu’est-ce qui t’a donné le déclic de changer de métier ? Où remonte cette envie, ce projet qui a du être une petite graine au début ?
La première petite graine du changement c’était quand j’étais enfant. Quand j’avais environ 10 ans, une rencontre m’a particulièrement marqué. C’était une dame employée par mon grand-père. Elle était polonaise et très croyante, et j’ai été très impressionnée par sa grande générosité. Je trouvais ça épatant qu’une personne puisse être aussi gentille et bonne.
Puis j’ai mis ça de côté, je me suis dis qu’aimer et aider l’humain ce n’était pas un métier. J’ai continué ma route. Je suis devenue comptable puis responsable dans une entreprise pendant douze ans.
Et puis au fur et à mesure, je ne me suis plus sentie en accord avec mes valeurs. Je n’étais pas à l’aise là où la société m’obligeait à être, même si je n’avais rien de particulier à reprocher à mon entreprise. Je m’ennuyais, même en ayant beaucoup de choses à apprendre. Je faisais bien mon job sans être passionnée. Mais je m’éteignais au fur et à mesure comme une bougie. Je savais qu’il me manquait cette humanité, mais je ne savais pas comment ni quoi en faire.
J’ai fait un bilan de compétences en 2004, et c’est encore ce qui est ressorti. On m’orientait vers des métiers du type sophrologue ou psychologue, mais j’avais encore beaucoup de peurs. Je me disais que je pouvais toujours trouver cette humanité dans mon travail, d’essayer de l’aligner actuel avec mes valeurs.
Un premier palier a été d’expérimenter mon travail dans un environnement beaucoup plus en phase avec mes aspirations.
Par un concours de circonstance, j’ai mis à disposition mes services de comptable pendant 2 ans dans un studio de yoga où je venais régulièrement. J’y ai adoré le cadre positif, la belle énergies des gérantes et la créativité générale — et pas spécialement la comptabilité. Cela m’a permis de me rendre compte que j’aimais vraiment les plantes, la nature, le fait d’avoir l’humain au centre. Mes collègues du studio m’ont poussé à me renseigner sur des métiers, des écoles, à aller voir sans forcément me lancer.
👣 Comment as-tu démarré ? Quels ont été tes premiers petit pas ?
Après ce test au studio de yoga et une initiation à la naturopathie d’un soir pendant 6 mois, j’ai voulu passer à l’étape d’après.
Je suis allée passer un entretien “pour voir” dans une école de naturopathie près de chez moi par intuition. Même si à ce moment là, je n’y croyais pas trop, c’est cette école qui me parlait. J’y suis allé en étant 100% moi, en me disant que si ça ne se faisait pas, ce ne devait pas être le bon endroit. En sortant, j’ai eu l’impression d’avoir gravi le Mont Blanc ! J’étais enfin allée vers mon désir profond, quelle victoire !
Cela n’a pas été facile, mais j’ai obtenu le financement de ma formation après avoir argumenté avec mon parcours et toutes les actions que j’avais mis en place.
💃 Est-ce que tu as fait des choses que les gens pensaient impossible, au delà de leur croyances — et de tes croyances ?
Le fait de changer d’emploi ! Je n’aurais jamais cru pouvoir le faire. J’admirais les gens qui le faisaient, mais j’arrivais pas à passer la première. Pendant un moment j’ai eu la sensation de passer à côté de ma vie, je ne me voyais pas faire ça encore plusieurs années.
Malgré un début d’activité difficile, j’ai du mal à m’imaginer autrement. Je vais mettre toute l’énergie qu’il faut. Maintenant que j’ai commencé, je suis sur ma lancée. Il y a plein de chose qui m’aide, des signes que je veux bien voir me poussent à avancer. Je ne peux pas croire que je ne peux pas vivre d’un métier qui aide les autres. Ni que l’on pourra toujours vivre des jobs qui enfoncent les autres. On vit une transition.
🙌 En regardant ton parcours, on a quand même l’impression que l’audace est très présente ! Qu’est-ce que ça représente pour toi ?
L’audace, c’est aller vers soi même. C’est presque une thérapie. On découvre des choses sur soi quand on ose. C’est aller au delà de ses croyances et de ses peurs, pour mieux se rencontrer et découvrir les possibilité de l’être humain.
A chaque fois je fais un petit pas, je suis tellement fière de moi, même si c’est presque imperceptible. La confiance et l’énergie se gagnent à chaque petite étape. Je n’ai pas confiance en moi à 200%, mais j’en ai gagné quand même beaucoup avec ce changement de carrière.
Puis c’est le chemin de toute une vie : oser, apprendre, admirer, c’est ça qui rend la vie pétillante. On continue à se dépasser tout le temps !
🚀 Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer vers son rêve ?
Fixer son objectif et y aller.
Et si on sent que la retenue ou la peur est trop grande, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par ses proches et par des professionnels. Au fond de soi on est seul et en même temps on est tous en interaction. On ne peut pas vivre les uns sans les autres, on est fait pour s’aider.
Ce n’est pas dévalorisant du tout. Au contrainte savoir quand solliciter les autres est une force. Sans ça, j’y serais arrivée d’une autre manière, mais ça m’a vraiment aidé.