S’aimer soi-même pour se révéler, l’audace est en chacun de nous — Portrait de Charlotte

Edith Maulandi
Les Joyeux Audacieux
10 min readMar 18, 2018

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Dans cet article, tu apprendras que toucher le fond est parfois un prérequis pour avancer, que créer un environnement positif pour atteindre son rêve est décisif, que l’on peut se soustraire aux carcans de la société, et l’amour de soi est clé pour s’en libérer, ensuite l’audace et la créativité ne sont plus qu’à un pas !

Cet article fait partie d’une série de portraits de Joyeux Audacieux (que nous réalisons avec Lily Gros) qui ont osé se mettre en audace, prendre des risques et aller un pas de plus vers leur propre bonheur.

Charlotte, c’est une personne avec un parcours de vie riche et fort en révélations. Elle a réalisé un voyage avec au cœur l’engagement responsable, qui l’a aussi aidé à se retrouver. Aujourd’hui rentrée en France, elle propose du yoga thérapeutique pour apaiser nos maux

Pour te décrire, on va te demander un exercice pas facile. Si tu étais un animal tu serais…

Un cerf ! Avec ses bois qui évoluent dans les bois …. Je ne sais pas pourquoi, c’est ça qui me vient directement. Non en fait, j’ai une anecdote sur le cerf, je pense que c’est pour ça que j’y ai pensé directement.

Le cerf dessiné par Charlotte

Il y a un an, j’ai eu d’un seul coup l’envie d’acheter une grande feuille blanche pour dessiner (je n’avais alors encore jamais dessiné de ma vie). J’ai dessiné un cerf sans modèle, en laissant ma main faire. Il est dessiné avec des formes géométriques à l’intérieur, ça lui donne un aspect simple et complexe à la fois. Et ça me ressemble je crois.

Je peux aussi choisir l’éléphant ? Je les adore et les trouve fascinant. Ils incarnent à la fois la douceur et la puissance. Quand ils marchent leurs pattes sont comme des coussins qu’ils posent délicatement sur le sol, et pour autant, ils ont la puissance de charger et de tout détruire sur leur passage s’ils le souhaitent. Ce contraste me fascine.

Si tu étais un plat tu serais…

Un plat en soi, ça ne m’inspire pas tellement, je serais plutôt un dessert !

Et franchement je serais une tarte au citron meringuée. Avec son côté acidulé complété à merveille avec le croustillant de la pâte, et la meringue qui font sous la langue … On ne peut pas ne pas céder !

Si tu étais un endroit dans le monde tu serais…

Ce qui me vient en premier c’est la forêt amazonienne. Cela doit être un des rares endroits sur la terre qui n’a pas été touché par la main de l’homme. Où alors les tréfonds de l’Himalaya, ou le fin fond d’un océan.

Ces endroits représentent pour moi une pureté vis à vis de tout ce qu’on a pu détruire.

Toi en 3 mots

Hypersensibilité, Amour et Humanisme.

L’hypersensibilité

C’est l’histoire de ma vie. Je suis extrêmement sensible. Je fonctionne à l’intuition et j’ai l’impression d’avoir des antennes qui captent tout. C’est une qualité indéniable pour mon métier de thérapeute et de professeur de yoga. Mais c’est aussi un risque, celui de se faire écraser par le poids des autres. Ma mère me disait quand j’étais petite de ne pas pleurer, que c’était pour les faibles. Mais pour moi, pleurer est en fait une manière d’extérioriser, et je suis fière de pleurer régulièrement !

L’amour

C’est juste la base de tout. Ce que j’ai compris, c’est que l’amour c’est la liberté.

Si tu t’aimes toi même, tu es libre.

Si tu es bien avec toi même, alors tu peux être bien avec les autres, être en harmonie avec tout ce qui t’entoure. Et pourtant je vois tellement de gens qui construisent leur propre prison. C’est pour moi l’un des maux du 21ème siècle. Les gens se prennent en otage tout seul et se privent de cette liberté.

C’est la base de l’enseignement de mon voyage, on y reviendra, mais je suis partie complexée, pas bien dans mes pompes et j’ai découvert cela au fur et à mesure. Tant que tu n’es pas bien avec toi, le reste ne suivra pas, peut importe où que tu sois. Et pourtant la clé est juste là, à l’intérieur de nous même.

Qu’est-ce qui t’a donné le déclic de partir pour ce voyage initiatique ?

C’est l’un des plus gros choc de ma vie, le jour où mon père est décédé en juin 2015.

A ce moment là, j’avais une vie à fond les ballons, poussée à l’extrême, j’étais en train de m’épuiser. Et quand c’est arrivé, tout a pété. Je ne pouvais plus travailler, j’étais émotionnellement et psychologiquement ravagée.

La seule chose qui m’a parlé à cette période là, c’était de me reconnecter avec mon rêve d’enfant. Je me suis revue à 7 ans à vouloir économiser pour faire le tour du monde, projet que je n’avais jamais concrétisé jusque là. C’était à la fois l’appel du cœur et la voie unique pour m’en sortir.

J’ai mis 10 mois pour construire ce projet.

Quels ont été tes premiers petit pas pour concrétiser ce projet ?

La première étape pour moi a été de comprendre pourquoi je voulais partir, j’ai commencé par le plus gros (et c’est souvent la conclusion d’un voyage pour d’autres).

En parallèle, j’ai commencé des petits pas administratif : vaccins, assurance, toutes ces petites choses qui m’ont mise dans l’ambiance ! Et puis une fois que tu t’es vacciné tu y vas !

Je suis aussi allée brainstormer sur mon projet lors d’apéros voyageurs. C’est vraiment ça qui m’a aidé, d’aller sur le terrain voir des gens qui venaient de rentrer. J’avais besoin de cette dynamique positive pour tenir sur la durée la préparation de mon projet.

Peut-être à l’inverse de beaucoup de gens, le facteur principal de stress dans la préparation de mon voyage concernait la destination. À chaque fois que j’y pensais, je rebondissait de pays en pays et de continent en continent, et avec 200 pays ce n’est pas facile de faire un choix. Alors, un jour, j’ai décidé de laisser l’itinéraire de côté, de lâcher-prise et de me concentrer davantage sur le cœur du projet :

Pourquoi je pars, comment je vais voyager, ce que je veux en retirer

Une nuit, plusieurs mois après le début de la préparation, j’ai rêvé de l’Himalaya. A mon réveil, j’étais tellement émue par la beauté de ce rêve que j’ai pris mes billets et je suis partie direction le Népal un mois plus tard. La suite du voyage, je n’en savais rien, je me suis laissée guider au fil des rencontres et des expériences. Je dois dire que le fait de n’avoir rien planifié à l’avance a été le plus beau des cadeaux.

Après le Népal, Charlotte est allée en Mongolie

Il y a-t-il des rêves / des choses que tu pensais impossible (ou que les gens pensaient impossibles) que tu as réalisé dans ton voyage ?

GRAVE !

  • Voyager seule en étant une femme en Inde pendant 3 mois. Je n’ai eu aucun problèmes malgré les mises en garde “l’Inde seule, mais tu es dingue!”
  • Faire un trek seule … “mais tu vas te tuer !!! “
  • Trekker au dessus de 5 000 mètres “tu vas y rester !!”. Je l’ai fait 5 fois …
  • Apprendre un art martial en étant femme “c’est pas pour toi”
  • Réserver avion à la dernière minute sans pas de plan à l’avance “mais c’est pas possible de voyager sans programmer, tout organiser”
  • Voyager sans guides, en rencontrant les gens et en leur demandant conseil “Mais tu n’as même pas le Lonely Planet ?”

Toutes ces remarques, c’était celles de mes proches pendant ma préparation, ou de certaines personnes rencontrées en route. Ce n’était pas pour m’empêcher de partir, ils projetaient seulement leurs peurs sur mon projet de voyage, mais cela peut ralentir voir décourager.

Travailler sur pourquoi je voulais voyager en amont m’a permis de rester droite dans mes bottes et d’aller chercher de l’énergie ailleurs. Si tu sais pourquoi tu es là et ce que tu recherches, tu ne vas pas te faire déstabiliser.

Charlotte en pleine ascension au Népal

En lire plus sur le projet de voyage responsable de Charlotte

En regardant ton parcours, on a quand même l’impression que l’audace est très présente ! Qu’est-ce que ça représente pour toi ?

Avant, je me considérais comme faible, j’admirais l’audace en tant que trait de caractère chez d’autres personnes.

Mais en fait, chaque personne est courageuse, c’est la peur qui vient annihiler toutes nos capacités. Dans chaque composante d’une personnalité il y a l’aspect positif et négatif d’une chose. La différence c’est vers où on choisit de mettre le curseur, et on peut choisir de le mettre vers l’audace.

Souvent, les personnes audacieuses et courageuses aujourd’hui, sont aussi celles qui sont allées au bout de leurs faiblesses, qui ont touché le fond d’abord, avant de choisir de changer le curseur.

Moi aussi. Je suis vraiment partie de loin. J’ai changé radicalement au travers de mes expériences de vie. J’ai connu de grosses périodes de dépression, de boulimie, des problèmes de santé. J’étais ennuyante, pas créative, introvertie et égoïste, j’avais peu d’amis. Dans ma culture familiale, on n’est pas porté sur la culture justement. Lorsque j’ai parlé de mon souhait de faire Sciences Po, on me disait “tu n’y arriveras jamais”, c’était vu comme inatteignable.

Je me sentais incomprise par les gens et la société. Et plus ils me renvoyaient cette image, plus je l’intériorisais. Ça m’avait rendue à l’opposée de ce que j’étais intérieurement, et cette tension devenait insoutenable..

Jusqu’à ce que ce cadre et cette prison explose.

C’est le voyage qui m’a sauvée la vie : j’avais conscience que le regard des gens sur moi était biaisé et sortir de mon cadre a été salvateur. J’ai rencontré des gens qui m’ont décrite comme positive, sensible, humaniste. Et enfin j’ai réalisé que cette image était en accord avec ce que je ressentait au plus profond.

En revenant, j’ai des amis d’enfance m’ayant connu avant qui m’ont dit : “mais quel chemin tu as parcouru” !

C’est en acceptant de toucher le fond qu’on rebondit vers plus grand. Et je suis convaincue que l’être humain est audacieux, curieux, créatif par nature. Le jour ou j’ai fait péter le cadre, j’ai eu une créativité délirante : des inspirations de malade, des réveils à 5h du matin pour écrire des poèmes …

Oh yeaahhh

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer vers son rêve ?

Souvent les rêves on les perçoit comme immenses et on s’imagine que c’est impossible ou qu’ils sont inatteignables. Mais pas tant que ça !

1 — Prérequis : croire vraiment en son rêve

Faire un travail préparatoire psychologique : se convaincre que c’est possible : le répéter, l’écrire, ne plus en parler au futur. S’inspirer de gens qui l’ont fait. Prendre du temps pour créer une dynamique où tu y crois vraiment !

2 — S’entourer de gens et d’informations qui vont te dynamiser

Je l’ai vécu lors de l’organisation de mon voyage : mon entourage me disait ce n’est pas possible, au final ils ne supportaient ni ne comprenaient mon projet.

Ça peut être flippant, et amener à abandonner son rêve. Je dirais qu’il vaut mieux les éviter (ne pas en parler dans certains cas)… Et il faut plutôt aller chercher ceux qui vont te donner l’énergie, ceux qui y croient, ceux qui l’ont fait !

De la même façon, malgré la surcharge d’information, tu peux maîtriser ce qui vient à toi :

  • Ne pas se focaliser sur le négatif (type forums et autres histoires sordides dans le cas d’un voyage à laisser de côté)
  • Faire délibérément la place pour le positif !!! Et ça permet de retrouver énergie et créativité.

3 — Désacraliser ses rêves et les segmenter, se concentrer sur des petites choses au départ

Je voulais faire le tour du monde, et je me suis rendue compte que c’était trop grand pour moi, et c’est devenue l’Asie, un seul continent. Et même là, j’ai commencé petit : le Népal un petit pays en Asie.

C’est aussi dans la simplicité et le réduit que que l’on trouve le bonheur.

4 — Être prêt à faire évoluer son rêve

Les rêves, c’est souvent beaucoup des projections mentales, on peut en être complètement déçu. Et c’est seulement en passant à l’action tu peux te rendre compte que le rêve de base n’est pas forcément le bon.

En fait mon rêve initial c’était d’aller tranquillement faire le tour du monde, apprendre des différentes cultures. Et dans les faits, je ne suis allée que dans quelques pays et je me suis découverte exploratrice des gens et pas du monde.

Pour connaître en savoir plus sur son activité rendez-vous sur la page Facebook l’épicurieuse

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Edith Maulandi
Les Joyeux Audacieux

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