Colomb dans les Amériques: Au nom du père, du fils et des épidémies

Max Jean-Louis
Les Oubliés de l'Histoire
3 min readFeb 14, 2021

En 2021, comme en 2020, toutes et tous, contre notre gré, nous vivons l’Histoire, nous vivons « dans l’histoire » : celle de la pandémie du nouveau coronavirus.

Détecté pour la première fois en décembre 2019, dans la ville de Wuhan en Chine, le Sars-CoV-2, septième coronavirus humain s’est répandu, en l’espace de quelques mois, dans la quasi-totalité du globe.

Bien sûr, ce n’est ni la première épidémie, ni la première pandémie que doit “affronter” le monde. L’Europe par exemple a connu dès 1348, l’épidémie de peste noire, qui fut particulièrement funeste. La Grande Peste a ainsi tué, en l’espace de 4 années seulement, plus de 25 millions de personnes, soit le tiers de la population européenne de l’époque.

Epidémie et ferveur religieuse sont étroitement liées. Cela peut étonner mais ce n’est pas, toutefois, moins vrai. Déjà, à l’époque de la Grande Peste, les Européens voyaient l’épidémie comme la manifestation de la « colère divine ». Les peurs et incompréhensions ont vite ravivé la ferveur chrétienne.

Près de 150 ans plus tard, Christophe Colomb et ses «Conquistadores », qui arrivent en Amérique en 1492, emportent aussi avec eux toutes sortes de virus inconnus des populations indigènes. Les agents infectieux importés d’Europe, tels que la rougeole, le typhus ou la variole étaient très virulents.

Ainsi, en plus des actes de violence comme les mutilations fatales, les viols, les noyades, pendaisons et autres dont étaient victimes les aborigènes, beaucoup d’autres mouraient de ces virus.

Parallèlement et paradoxalement, les Européens exigeaient aux indigènes d’adopter leur foi chrétienne « sans prédication, ni doctrine ». Ils devaient ainsi rejeter leurs dieux, leurs cémis, pour embrasser le christianisme. C’était à prendre ou à laisser. Ceux qui refusaient perdaient leurs biens, leurs familles et même leur propre vie !

L’évangélisation des indigènes allait avoir des alliées surprises…à savoir les diverses épidémies qui affectaient les habitants des territoires colonisés. Comment, me direz-vous ?

Les Espagnols avaient, au fil des ans, développé une immunité collective et une forme de résistance aux virus qu’ils ont emmené de l’Ancien au Nouveau Monde. Ainsi, quand l’un des Européens était malade à cause d’un des virus importés, généralement, il s’en remettait rapidement. Ce fut tout le contraire pour les pauvres aborigènes, dont les organismes n’avaient pas auparavant été exposés à de tels virus. De ce fait, 30 à 90 % des indigènes infectés n’arrivaient pas à survivre…

Cela aurait eu un certain impact psychologique auprès des populations amérindiennes qui pensaient que le « Dieu » des européens était plus puissant que les leurs car Il arrivait à épargner les envahisseurs de la mort engendrée par ces “étranges maladies”…

Cette thèse est développée par de nombreux intellectuels, dont l’historien William McNeill, auteur de Plagues and People.

Les épidémies importées par les Espagnols seraient donc des alliées surprises des Européens, dans l’évangélisation des indigènes du Nouveau Monde.

Max Jean-Louis

LEEMAGE VIA AFP

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Max Jean-Louis
Les Oubliés de l'Histoire

MBA, Commissaire d'art, Journaliste et Spécialiste en Engagement Communautaire. MBA, Art Curator, Journalist & Community Engagement Expert