Bois-Caïman: Vixamar, l’hostie nègre, s’offre en sacrifice pour la liberté de tous les Haïtiens.

Max Jean-Louis
Les Oubliés de l'Histoire
3 min readJul 31, 2018

La cérémonie du Bois Caïman, s’étant déroulée dans les voisinages de l’habitation Bréda, à l’entrée de la ville du Cap-Haïtien, dans la nuit du dimanche 14 août 1791, est considérée par beaucoup comme le point de départ de la Révolution Haïtienne et comme “mythe” fondateur majeur de la nation haïtienne.

L’Histoire avec grand “H”, la grande histoire, celle qui est enseignée dans les livres d’école, fait savoir que ce 14 août 1791, environ 200 esclaves révoltés se sont réunis pour fixer au 22 août 1791, la date de l’insurrection générale censée débuter à l’Acul-du-Nord et gagner l’ensemble de la colonie. S’en suit une cérémonie religieuse, où un cochon est offert en offrande…fin de l’histoire !

La petite histoire se révèle beaucoup plus complexe et ne manquera pas de surprendre, de détonner et même de “déranger”: le 14 août 1791, affranchis, noirs et mulâtres se réunissent sous une pluie battante. Parmi eux, tous les grands généraux de l’armée indigène dont Jean-Jacques Dessalines, Jean-François Papillon et Jeannot Bullet…

Cette réunion est en fait une cérémonie vaudou présidée par le Hougan (prêtre vaudou) Boukman, assisté des mambos Edaïse et Cécile Fatiman. Edaïse était possédée par Ogou et Cécile Fatiman par Erzulie Dantor…Il faut souligner qu’il se disait que la tenue de la cérémonie du Bois-Caïman avait été ordonnée par Ogou Féraille lui-même !

Boukman ouvrit la cérémonie en prononcant la prière suivante (en créole, traduit à la suite en français par Jean-Price Mars) :

« Le dieu qui créa la terre, qui créa le soleil qui nous donne la lumière. Le dieu qui détient les océans, qui fait gronder le tonnerre. Dieu qui a des oreilles pour entendre. Toi qui es caché dans les nuages, qui nous observe où que nous soyons, tu vois que le blanc nous a fait souffrir. Le dieu de l’homme blanc lui demande de commettre des crimes. Mais le dieu en nous veut que nous fassions le bien. Notre dieu, qui est si bon, si juste, nous ordonne de nous venger de nos préjudices. C’est lui qui dirigera nos armes et nous apportera la victoire. C’est lui qui nous aidera. Nous devrions tous rejeter l’image du dieu de l’homme blanc qui est si impitoyable. Écoutez la voix de la liberté qui chante dans tous nos cœurs »

A la suite, d’après la célèbre auteure Déita, tandis qu’Edaïse s’apprêtait à sacrifier un cochon à Ogou Féraille…un des esclaves présents dans l’assistance, répondant au nom de Jean-Baptiste Vixamar Legrand, soudainement possédé par Damballah, saisit le couteau que tenait Edaïse et se coupa les veines des deux coudes…Damballah qui parlait à travers Jean-Baptiste Vixamar Legrand invita les esclaves à boire “ce sang de Damballah afin d’avoir le courage de vivre libre ou de mourir ”. Ainsi tous les esclaves se mirent à genoux et burent le sang de Jean Baptiste Vixamar Legrand, l’hostie nègre. Gonflés à bloc et portés par la Trinité Ogou, Damballah et Erzulie Dantor, tous étaient prêts à se battre pour l’indépendance d’Haïti et la liberté des Noirs !

Le sang de Damballah, ce Saint Graal de liberté, d’égalité et de fraternité, coulerait donc dans les veines de tout Haïtien d’hier, d’aujourd’hui et de demain !

Max Jean-Louis

Peinture de Ulrick Jean-Pierre

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Max Jean-Louis
Les Oubliés de l'Histoire

MBA, Commissaire d'art, Journaliste et Spécialiste en Engagement Communautaire. MBA, Art Curator, Journalist & Community Engagement Expert