La dette de l’indépendance payée à la France par Haïti
La Révolution Haïtienne, qui s’étend du 14 août 1791 au 1er janvier 1804, “accouche” de la première république noire indépendante du monde, première “expérience” de décolonisation.
Dessalines défait Napoléon. L’armée indigène, composée en grande partie de “va-nu-pieds”, anciens esclaves, sans réelle expérience militaire, défait l’armée napoléonienne.
L’indépendance par rapport à la France est proclamée le 1er janvier 1804 sur la Place d’Armes, aux Gonaïves. L’acte de l’indépendance, rédigée par Boisrond Tonerre et lue par le général en chef Jean-Jacques Dessalines stipule:
“ Jurons à l’univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination.
De combattre jusqu’au dernier soupir pour l’indépendance de notre pays !”
La proclamation d’indépendance est vite déclarée nulle et non avenue par la France. La déroute à Saint-Domingue, ancien nom d’Haïti, passe très mal. La France ne supporte pas d’avoir perdu “sa Perle des Antilles” et ainsi accuser un sévère manque à gagner dans les caisses de cet Etat colonial…Pire, se voir vaincre par une armée composée d’esclaves venus d’Afrique fait figure d’humiliation ultime.
La France reconnait finalement l’indépendance d’Haïti en 1825…au prix fort! L’ordonnance de Charles X, Roi de France, concernant l’indépendance de l’île de St. Domingue, en date du 17 avril 1825, exige en son article 2 le “versement de la somme de cent cinquante millions de francs, destinés à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité”.
Charles X fait escorter l’ordonnance par une armada de 14 bâtiments de guerre armés de 528 canons et menace “ d’établir le blocus le plus rigoureux devant les ports de l’île” afin d’asphyxier le nouvel Etat. Le président Boyer est contrait d’accepter de payer ces 150 millions de francs, afin de soit-disant indemniser les colons expropriés. Haiti va prendre 125 ans pour conclure cette ténébreuse affaire: après avoir versé 30 millions, Haïti obtient en 1938 que le reliquat de la dette soit réduit à 60 millions…
Beaucoup d’historiens et d’économistes s’accordent à reconnaitre que cette dette aurait eu pour résultante de condamner Haïti à la pauvreté !
Max Jean-Louis