Accès à l’Education : quels leviers pour une éducation de qualité accessible à tous les enfants ?
#Convergences, mardi 6 septembre, 11h30. Notre Dame des Victoires.
Si l’accès à l’éducation compte parmi les 17 Objectifs du Développement Durable, ODD, il constitue également une stratégie à initier pour atteindre les 16 autres à l’horizon 2030. Un sujet transversal qui favorise l’empowerment de tous — notamment des femmes — et peut contribuer significativement à atteindre les 3 objectifs du Forum mondial Convergences : Zéro Exclusion, Zéro pauvreté et Zéro Carbone.
Co-organisateur de la conférence du mardi matin au Palais Brongniart sur l’éducation, l’UNICEF était représentée par Jennifer Hofmann, Conseillère régionale en Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette dernière a pu dresser un panorama de l’éducation notamment grâce à un rapport réalisé de concert avec l’UNESCO. “Les chiffres sont en progression : la part des enfants non-scolarisés est passée de 102 millions en 2000 à 59 millions de nos jours” précise-t-elle. Cependant, de nombreux freins restent à lever et l’explosion de la démographie dans les pays du sud devient un enjeu déterminant. En Afrique Centrale et de l’Ouest — où vivent 11% des enfants du monde — 38% d’entre eux n’auraient pas accès à l’école. La moitié de ces effectifs est par ailleurs perdue entre les échelons primaires et secondaires. Le vocable utilisé est d’ailleurs révélateur : on parle de “survie scolaire”.
Si l’on ne peut pas amener les enfants sur les bancs d’écoles, de nombreuses solutions ingénieuses pour amener l’éducation aux enfants ont cependant été mises en avant par nos intervenantes.
La scolarisation des filles : un défi aux multiples bénéfices
Souvent écartés du système scolaire en raison des tâches domestiques notamment, 31 millions de filles en âge de fréquenter un établissement scolaire dans le monde ne seraient pas scolarisées selon l’UNESCO. Sur les 774 millions d’analphabètes dans le monde 2/3 seraient des femmes. Au regard de la place tenue par les femmes dans ces sociétés, la scolarisation des filles constitue pourtant un enjeu vital pour les populations. Elle a des incidences importantes sur la santé, la mortalité infantile et l’employabilité.
Hlima Razkaoui de Care Maroc, indique à ce sujet que des leviers simples peuvent être trouvés qui ne sont pas forcément corrélés aux besoins de financement. “Au Maroc 25% de budget est consacré à l’éducation, ce n’est donc pas le sujet. La sensibilisation des familles est primordiale. Ces dernières ont peur par exemple pour la sécurité de leurs filles qui doivent parcourir plusieurs kilomètres pour aller à l’école, l’absence de séparations filles/garçon : autant de freins à leur scolarisation selon certains parents. “C’est la raison pour laquelle nous travaillons à faire dialoguer, à outiller et à responsabiliser les parents mais aussi les élèves et professeurs”, précise-t-elle.
Pour Miren Bengoa de la Fondation Chanel, “la formation professionnelle est un levier majeur. Cantonnées aux métiers du soin ou de la beauté, les femmes ne peuvent s’émanciper que dans un cadre restreint. C’est pourquoi, nous offrons des formations à l’entrepreneuriat”. Les actions entreprises par la fondation ont touché plus de 20 000 femmes dans le monde. Des résultats spectaculaires et inattendus ont ainsi pu être observés : “l’une des femmes que l’on a soutenu a tellement changé de regard sur elle-même et pris conscience de ces capacités et opportunités, qu’elle a fini par se présenter à la mairie de son village, soutenue par son entourage : une première nationale et une petite révolution”.
Innover, par tous les moyens et collaborer
Progresser, innover, révolutionner les modes de pensées, la tâche de ces organisations n’est pas mince. Néanmoins, l’ingéniosité déployée tient parfois plus de l’écoute et du bon sens. “Pour permettre l’accès à l’éducation dans les endroits les plus reculés, il n’est pas utile de distribuer des Ipad dans la brousse” indique Juliette Hofmann. Les différents intervenants ont dès lors détaillé les dispositifs mis en place pour amener l’éducation là où elle semble bannie.
Au Nigéra par exemple, avec la présence de la secte terroriste Boko Aram, des programmes éducatifs diffusés par voies hertziennes permettent aux enfants d’avoir accès à une certaine éducation tout en gardant un lien avec la population et d’autres enfants auditeurs. Au Tchad, un système éducatif de type communautaire se développe avec des parents qui deviennent enseignants. Ces derniers reçoivent un appuie pédagogique qui peut bénéficier de relais par SMS. Au Maroc, des écoles peuvent être utilisées par les parents l’après-midi et certains se sont constitués en association et ont démarché des financeurs philanthropes pour rafraîchir les murs de l’établissement et acheter du matériel, …
Pour améliorer le système éducatif, il est nécessaire d’intervenir sur des causes profondes sociétales (violences conjugales, abus sexuels, manques de moyens, analphabétisation, …). Ceci peut être fait par les ONG à condition d’agir en concertation avec tous les acteurs. Il apparaît en effet que la création d’espaces de dialogue, la formation, l’écoute des enjeux locaux, la prise en compte des solutions locales ainsi que la création de synergies entre pays sont des leviers déterminants.
