Citoyen acteur : de l’épargne solidaire à l’engagement citoyen.

#Convergences, lundi 5 septembre 2016, 10:00. Salon d’honneur

--

Ils sont certes différents, mais finalement d’accords sur certaines choses. Jacques Bailet le responsable associatif, président de la fédération française des banques alimentaires, Bernard Devert l’entrepreneur social, patron d’Habitat et Humanisme et Eric Groven le banquier, directeur général de la Société Général (banque de détails), étaient réunis sur le plateau du salon d’honneur autour de l’Epargne Solidaire. L’occasion pour les trois hommes de partager avec la centaine de participants présents dans la salle, le constat d’un monde qui change.

De gauche à droite: Jacques Bailet, Bernard Devert, Catherine de Malet (modératrice), et Eric Groven.

« La misère ne disparaît pas, malheureusement. Mais l’élan bénévole non plus », explique Jacques Bailet dont la fédération distribuent 100 tonnes de denrées (valorisées pour 400 M€) à 4M de personnes. « Au contraire, les bénévoles sont de plus en plus nombreux chaque année. Chez nous, ils sont 5800 à ce jour, et leurs profils évoluent. Ils sont plus jeunes, ils ont envie de s’épanouir et d’être utile, mais dans le cadre d’un engagement clair et balisé. Ils ont tendance à se mobiliser plutôt sur des missions courtes. C’est une force de frappe importante (la grande collecte annuelle mobilise 125 000 personnes pour un week-end), mais nous avons aussi besoin de bénévoles en capacité prendre des responsabilités sur le long terme», explique-t-il.
Même son de cloche du côté de la banque. « Nos jeunes collaborateurs sont très mobilisés par leur bien-être. Il n’y a pas que le salaire qui les intéresse. Le « Life at Work » est une notion importante pour eux. Ils sont aussi très au clair sur les outils collaboratifs et l’économie du partage. Ils sont en phase également avec les attentes de nos clients, qui souhaitent de plus en plus consacrer une part de leur épargne aux placements solidaires. Nous travaillons à intégrer le sujet dans les cursus de formation internes et tâchons d’en faire la promotion auprès des épargnants, mais ce n’est pas toujours facile au sein d’un catalogue de plus de 400 produits », reconnaît Eric Groven, de la Société Générale.
Bernard Devert — pionnier de l’entrepreneuriat social en France — est à son aise dans le nouveau paysage économique qui semble émerger. « Les murs qui séparent l’économie dite traditionnelle de l’économie sociale sont en train de tomber. Les acteurs se rassemblent autour de projets fédérateurs qui transforment la réalité sociale », explique-t-il avant d’évoquer « La vie grande ouverte ». Un projet d’ensemble d’habitats intergénérationnels aménagé dans les anciennes prisons lyonnaise, accueillant des personnes fragilisées sortant de l’hôpital et des étudiants aux revenus modestes, qui seront sollicités pour participer au « prendre soin » des personnes convalescentes. « On a mis le rectorat, l’hôpital, la préfecture et les banques autour de la table pour inventer le maillon manquant de la chaîne du logement. Le vivre ensemble passe aussi souvent par le faire ensemble », explique Bernard Devert. Avec la puissance publique?
“Bien sûr, répond Jacques Bailet, son rôle est de nous soutenir. Ce que l’Etat continu à faire à masse constante malgré la crise”, indique-t-il. “Il faut que le législateur stabilise le système. On ne peut pas créer de produits d’épargne solidaire si les règles changent tous les deux ans”, insiste pour sa part Eric Groven de la Société Générale. “On la critique beaucoup, mais sur le terrain des populations très fragilisées, l’Union Européenne et ses programmes sont très efficaces. On a réussi dernièrement à sortir plus de 250 enfants Rom du ghetto “, témoigne-t-il en conclusion.

Deux actions vers le 3Zeros

“La vie grande ouverte”

Pour répondre aux nouveaux défis posés par les problématiques croisées de la précarité, de l’isolement, et des fragilités liées à l’âge ou aux accidents de la vie, des acteurs publics et privés de la région de Lyon s’associent dans le cadre d’un projet inédit: Réaménager les anciennes prisons du centre ville en ensemble d’habitat intergénérationnel accueillant des personnes fragilisées
sortant de l’hôpital et des étudiants à revenus modestes, qui seront sollicités pour participer au « prendre soin » des personnes convalescentes, notamment dans la gestion du quotidien : visites individuelles, aide aux repas,
courses… Par ailleurs, pour répondre à l’urgence d’une réflexion à partir des savoirs et des pratiques, il sera mis en place en partenariat avec l’Université Catholique les « Ateliers de l’Entrepreneuriat Humaniste ».

B.A Microdon

L’application “B.A Microdon” permet à la Banque alimentaire du Rhône de faciliter le don des invendus par les petits commerçants. En un clic, ces derniers peuvent publier la liste des denrées disponibles, qui sont directement récupérées en magasin par les associations prévenues via un SMS. En collectant et redistribuant au moins 20% des aliments jetés par les petits commerces du département du Rhône, soit 880 tonnes de nourriture, ce sont 1.8 million de repas en plus qui seront distribués chaque année.

--

--

Seb Poulet-Goffard
Les temps forts de #Convergences 2016

formateur - auteur - consultant #ESS et #solidarités. Ancien travailleur social. Aux manettes de la CGA, avec quelques Autres