Réfugiés, un investissement humanitaire ? Quelles actions et quelles solutions?

#Convergences, lundi 5 septembre, 16h30. Grand Auditorium.

Chloé
Les temps forts de #Convergences 2016
3 min readSep 6, 2016

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Palais Brongniart, lundi, fin de journée. On s’assied dans le Grand Auditorium pour réfléchir à un sujet qui, à première vue, peut sembler étonnant, presque contradictoire… “Réfugiés, un investissement humanitaire ?” Laissons-donc la parole aux intervenants, pour essayer de mieux comprendre.

Théo Scubla, Co-Fondateur de Wintegreat, raconte l’histoire de Rateb. Rateb, réfugié syrien de 46 ans, ingénieur brillant dans une centrale électrique, trouve asile en France. A son arrivée, il doit faire face à plusieurs difficultés. Voulant reprendre son parcours professionnel là où il l’avait laissé, Rateb se trouve d’abord confronté à la barrière de la langue. Mais bientôt une nouvelle difficulté surgit. C’est le regard des autres dans son pays d’accueil, et son regard sur lui-même… Théo l’a noté à de nombreuses reprises, les réfugiés se retrouvent perdus dans un changement de référentiel, et c’est ce qui entraîne chez eux une forme de “déclassement automatique acté” dès leur arrivée.

“L’important c’est de recréer du lien social et du lien professionnel là où ils ont été rompus.

Parce les réfugiés sont un réservoir de compétences et de talents. Ils apportent aussi de l’optimisme à notre société en venant s’y reconstruire”, explique-t-il. De nombreux réfugiés dont il a croisé le chemin se lancent dans l’entreprenariat. Pourquoi ? “Parce que l’entreprenariat c’est la suite d’un voyage”. L’entrepreneuriat c’est une manière de poursuivre cette aventure de façon positive, de créer, d’en faire quelque chose de bien. Avec Wintegreat, Rateb a remis à disposition de la société ses compétences, il a gagné en crédibilité à la fois aux yeux des autres et à ses yeux.

De gauche à droite: Lionel Bodin, Accenture — Joung-Ah Ghedini Williams, UNHCR — Estefania Rubio Sea, Global Compact Colombie — Théo Scubla, Wintegreat — Isabelle Hennebelle, L’Express (modératrice) — Crédits photo : Yann Castaigner.

Lionel Bodin est responsable des partenariats au niveau Européen chez Accenture et en tant que professionnel, il est très actif dans le soutien aux réfugiés. Pour lui, cette crise est d’abord humanitaire, sociale et politique bien sûr. Mais elle a aussi des effets économiques, explique-t-il. Dès lors, deux questions se posent : comment, en tant qu’entreprise du secteur privé, fournit-on à cette population les services dont elle a besoin de manière éthique et responsable (services de connectivité, services financiers…) ? Et ensuite, comment ces réfugiés peuvent-ils être insérés au mieux sur le marché de l’emploi ?

De gauche à droite: Lionel Bodin, Accenture — Joung-Ah Ghedini Williams, UNHCR — Estefania Rubio Sea, Global Compact Colombie — Théo Scubla, Wintegreat — Isabelle Hennebelle, L’Express (modératrice) — Crédits photo : Yann Castaigner.

La nécessité d’un partenariat entre les institutions publiques et privées semble s’imposer. C’est en tout cas ce que défend Joung-Ah Ghedini Williams de l’UNHCR.

“On perd trop souvent de vue la contribution et la valeur que peut apporter un réfugié à un pays”, explique Joung-Ah Ghedini Williams.

Les réfugiés viennent rechercher une protection, de la sécurité, mais on omet souvent ce qu’ils apportent avec eux. Les migrants et les réfugiés ont enrichi la société, aussi bien au niveau de la culture qu’au niveau socio-économique. Selon elle, les réfugiés sont bien souvent, les plus actifs, les plus productifs et les plus fervents défenseurs de leur nouveau pays.

“Il existe à travers le monde, que ce soit en Europe ou Amérique Latine, beaucoup de partenariats publics privés en faveur de l’accueil et du soutien aux réfugiés”, confirme de son côté Estefania Rubio Sea de Global Compact Colombie. Mais ces projets ne sont pas assez valorisés. “Il faut lever le voile et libérer la parole sur les initiatives positives lancées pour et avec les réfugiés”, explique-t-elle en conclusion.

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