Acculturation. Adaptation. Appropriation.

Thomas Gerbaud
les Transitions
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3 min readSep 14, 2017

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« L’habitude est une grande sourdine. »

Disait Samuel Beckett, en attendant Godot. Ce que j’aime avec les citations, c’est qu’elles permettent des rencontres folles, imprévues, absurdes : ce bon vieux Beckett avec la data science, par exemple. Personne n’y aurait pensé, surtout pas lui. Cela n’a d’ailleurs aucun sens. Quoique … fin des années 1980, la science des données existait. sous un autre nom. On parlait de data-mining, de maths appliquées et de bases de données. Foin de noSQL et autre BigData, Hadoop ou encore MapReduce !

Ken Thompson (sitting) and Dennis Ritchie at PDP-11 [wikipedia]

Il commence bien ce billet. J’ai placé les mot-clés, agrémentés d’une petite référence intellectuelle pour satisfaire le décideur pressé qui, comme dans 97% des cas, ne dépassera pas le premier paragraphe. Maintenant, que nous sommes entre nous, je vais pouvoir exposer et compléter mon message : l’habitude est certes une grande sourdine, mais ce n’est pas une raison pour se sombrer dans l’apathie et se complaire, sinon se vautrer, dans des pratiques tout à fait éculées et si peu glitter.

Ce qui se passe actuellement autour de la #data me donne l’occasion d’illustrer mon propos, et de dégonfler une jolie baudruche. Intelligence artificielle, machine learning, deep-learning : ces termes recouvrent des techniques complexes et conceptuellement compliquées, qui seront selon toute probabilité employés dans un cadre purement commercial et donc dénués de toute pertinence. Du bluff, donc.

Mon métier, c’est l’accompagnement et la réalisation de projets #data. Je suis donc confronté, commercialement et quotidiennement, aux besoins ou aux envies des décideurs, stratèges ou responsables de d’entreprises tailles et secteurs divers. Il m’arrive d’être assez étonné par leur méconnaissance profonde des données sur lesquelles ils basent leurs cogitations. J’y vois évidemment un angle d’attaque, une transition ; vous aussi ? Ne vous méprenez pas une seule seconde ! Je ne leur jette pas la pierre, chacun son métier, chacun ses compétences, chacun son périmètre. Voilà l’homme tout entier, s’en prenant à sa chaussure alors que c’est son pied le coupable !

Se perdre quelques heures dans les bureaux de la direction informatique … ou pire partagez un café avec les administrateurs des bases de données

Ce qui permet de formuler une première recommandation : en ces temps d’innovation forcenée, pourquoi ne pas innover réellement, i.e. ailleurs qu’en task-force, workshop ou en partageant des articles fumeux sur LinkedIn, et bousculer ses habitudes ? On parle d’innovation numérique, de révolution digitale ? Soyez force de proposition, transitez vers les étages inférieurs, vous perdre quelques heures dans les bureaux de la direction informatique de votre structure ou, pire, partagez un café avec les administrateurs des bases de données qui hantent ses couloirs. La vraie valeur viendra de ces barbus parfois un peu bizarres.

Un projet #data ne s’épanouit qu’au contact intime des bases de données.

Eh oui ! Ces sont eux qui ont les clés des bases sur lesquelles le petit monde des décideurs, stratèges ou responsables s’excite. Pas moyen d’y couper : pour avoir une quelconque chance de ne pas se planter affreusement, un projet #data s’appuiera inévitablement sur ces experts du master/slave, du clustering et des requêtes SQL. Ce sera ma seconde recommandation : un projet #data ne s’épanouit qu’au contact intime des bases de données.

Les services commerciaux, com’, clientèles, financiers l’ont-ils compris ? Sauront-ils saisir cette opportunité ? S’immergeront-ils dans ce nouveau monde, s’imprégneront-ils de cette indispensable culture informatique ? L’effort d’adaptation sera certes important, mais gratifiant et enrichissant.

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Thomas Gerbaud
les Transitions

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