Vers une fracture entre déconnexistes et « digital addicts »

Les TRansitions
les Transitions
Published in
3 min readSep 11, 2017

--

« Aujourd’hui, technologie et numérique soulèvent de façon très concrète la question du besoin des utilisateurs, et de l’équilibre éthique indispensable à trouver entre l’Homme et la machine»

Il devient urgent de questionner notre modèle de relation au numérique, tant le panorama du « design de service » s’ouvre à de nouveaux systèmes de conception persuasive et addictive.

Quand les ergonomes deviennent experts en facteurs humains, que psychologues et neurosciences travaillent à construire des produits toujours plus « irrésistibles », quelle relation établir avec une communauté d’utilisateurs ? Le problème éthique ne se pose pas uniquement dans la délocalisation de la production du code ou dans l’exploitation de nos données personnelles, mais aussi dans le contrôle de nos choix et dans l’exploitation de notre anxiété. La volonté de concevoir des services susceptibles d’infléchir nos comportements n’est plus une fiction.

Il est grand temps de moraliser l’économie du numérique ! Il s’appuie sur les travaux du chercheur James Williams, qui considère que les technologies sont de plus en plus conçues pour changer la façon dont nous pensons et nous agissons.

Les limites de l’exploitation par le numérique de nos vulnérabilités semblent toujours être repoussées. Ainsi, la « captologie » (ou l’étude des technologies comme outil de persuasion des individus), montre la « pathologisation » croissante de la connexion. De l’autre côté de l’écran, médecins et sophrologues considèrent les évolutions de nos comportements cliniques : syndrome d’anxiété, « syllogomanie du Cloud » ou « schizophrénie du profil », les pathologies de la (sur)connexion atteignent de plus en plus d’individus.

Cette surcharge d’informations nous confronte à trop de possibilités et donc de complexité. Elle génère à présent des comportements compulsifs et pathologiques que nous n’avions pas anticipés. Afin d’échapper à cette « prison attentionnelle » (d’après une étude Deloitte, nous consultons, selon notre âge, de 40 à 85 fois notre smartphone par jour), une frange de la population fait le choix de la déconnexion. Elle se prive par-là volontairement de l’autonomie que propose la révolution numérique.

Ces « déconnexionnistes » défendent une éthique de l’attention et réclament une transparence que trop peu de services sont capable de fournir aujourd’hui. Je les rejoins sur ce point, On a découvert, il y a six mois, qu’Uber développait, à l’aide de neuropsychiatres, des programmes captologiques à l’attention de ses chauffeurs et les testaient en situation réelle, sans en avertir ni les autorités ni même les utilisateurs !

« On voit bien le décalage perpétuel entre technologies et réglementation, qui n’intervient que lorsque les limites sont franchies ! D’où l’importance de s’engager en amont sur un développement éthique du numérique »

Il vaut évidement mieux prévenir que guérir, mais surtout reconquérir l’attention des utilisateurs et reconstruire la relation sur la confiance, le respect et l’intérêt mutuel.

Rédigé par Boris Petrovitch Njegosh pour les TRansitions

--

--

Les TRansitions
les Transitions

@TRansitions nous explorons tous les aspects des #mutations et #transformations de notre société