Modes et travaux

Thomas Gerbaud
les Transitions
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3 min readNov 27, 2017

Cette histoire de transformation numérique me fatigue.

Et dire que je ne suis pas la cible … ! Je plains les professionnels, C-executive
ou pas, qui doivent constamment justifier de leur plein et entier dévouement au nouveau dieu #data, forme actuelle de l’implacable et permanente innovation.

Et c’est un data scientist qui écrit ces mots. Mon recul sur le sujet est limité, je le concède aisément. Il me semble toutefois assez clair que puisque les modes sont cycliques, les entreprises sont très régulièrement placées dans l’obligation de se transformer en suivant l’air du temps. Le cycle actuel a débuté avec l’impératif de traduire tous les traitements de données selon les principes du BigData et des technologies noSQL (not only SQL), et a ensuite muté vers l’IoT (internet des trucs), le machine learning (apprentissage automatique), les chatbots (agents conversationnels) pour très logiquement déboucher sur la nécessité absolue de sacrifier à l’intelligence artificielle. Voici où les entreprises en sont rendues.

Soit.

Je ne suis pas, à proprement dit, un expert de tous domaines. Pour la simple et bonne raison que, « non, Joséphine, ton papa ne sait pas tout sur tout ». Elle est encore toute petite, voyez-vous, il peut encore lui arriver de s’égarer quelque peu.

LinkedIn sait me parler.

J’en sais cependant assez pour savoir que ce qu’on entend dans les media est loin d’être satisfaisant. Constat assez général, d’ailleurs. Certains écrivent des romans, d’autres parlent, beaucoup répètent ; la masse n’a souvent pas beaucoup d’autre choix que de subir. Moi, scientifique de formation et data scientist, j’observe, j’écoute. En artisan de la data, je lis les textes techniques, je code, j’implémente, j’injecte les données dans les algorithmes, je connecte les modules mathématiques. On ne se refait pas.

La transformation numérique, appelée aussi transition digitale par ceux qui aiment les anglicismes, qu’on nous sert à toutes les sauces est située quelque part entre l’imposture, l’invention et la pure communication. A moins que l’on veuille parler « d’évolution naturelle des outils numériques dans l’entreprise », le roi est nu, tout le monde peut le constater.

A l’évidence, la valorisation des données est un sujet sérieux et ne doit être ni négligé, ni traité à la légère. Elle peut effectivement dégager de belles marges opérationnelles et permettre la création de nouveaux services, voire de nouveaux modèles d’affaire. Brancher des outils performants sur des problématiques opérationnelles réelles donnera forcément des résultats.

Doit-on cependant se prosterner devant cette sacro-sainte #data et se refuser à toute réflexion ? Doit-on tous suivre les exagérations infondées des professionnels de la communication ?

Je ne rêve pas encore de moutons électriques, mais il me semble parfois deviner leurs bêlements.

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Thomas Gerbaud
les Transitions

Dresseur de données | Considérations intempestives d’un data scientist. http://oceandata.io