8 milliards de personnes sur une page

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lesEchosLeParisien
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4 min readNov 22, 2022

Vous l’avez lu dans « Les Echos » le 15 novembre : l’humanité a passé la barre des 8 milliards d’individus. A cette occasion, Camille Beurton, Tom Février, Jules Grandin et Pauline Verge nous ont offert une très belle page enquête dans le journal et un grand format hypnotisant sur le site. Secrets de fabrication et interview exclusive…

Le rendez-vous était pris depuis longtemps ; on savait que toute la presse publierait des dossiers soigneusement préparés ce jour-là. Comment avez-vous pensé vous démarquer du reste de la presse ?

Jules Grandin : Effectivement, sur un tel sujet, on savait que tout le monde allait chercher à publier quelque chose. Donc on a essayé de se démarquer graphiquement pour montrer l’évolution de la population et éviter de faire une courbe « classique ». Sur le print, on a opté pour une courbe « boustrophédon », c’est-à-dire une courbe repliée sur elle-même, qui fait des allers et retours sur la page, et donc l’épaisseur (et non la hauteur comme sur une courbe classique) indique la donnée. Sur le web, on a proposé une courbe en spirale, qui est enroulée sur elle-même et qui rappelle les cercles concentriques, ou anneaux de croissance, sur la section transversale du tronc d’un arbre. On a aussi proposé des choses plus classiques, une carte et une visualisation de la planète comme si c’était un village de 100 personnes.

Recherche d’inspirations.

C’est difficile de réussir à faire comprendre la démesure du chiffre de 8 milliards. Je me souviens de ce site qui tentait de faire sentir physiquement, par la longueur du scroll ce que représentaient les 45 milliards de livres du mini-budget de Liz Truss… Vous avez choisi une forme particulière pour le print : le boustrophédon (et pour le web, la coquille d’escargot). Si ce n’est pour le plaisir du mot, pourquoi ce choix ?

Alors déjà, c’est pour le plaisir du mot boustrophédon bien sûr ! Mais plus sérieusement, c’est une forme qui convenait plutôt pas mal car la courbe de l’évolution de la population depuis -10.000 a une forme particulière : elle est toute plate pendant la plupart du temps, puis elle monte d’un coup.

En termes de maquette, ce n’est pas arrangeant car cela crée un grand blanc vide. La courbe boustrophédon permettait de mieux structurer la page ! Pareil pour la courbe en spirale, avec l’avantage que le format carré dans lequel elle s’inscrit correspondait mieux au format d’un écran (ordinateur ou mobile) pour le web.

Dessin préparatoire de Camille Beurton et mise en page intermédiaire.

Sur le même sujet, avez-vous vu passer des traitements qui vous ont bluffé ?

J’ai beaucoup aimé la proposition de Visual Capitalist.

C’est une visualisation qui permet de montrer l’ensemble de la planète et la répartition de la population à la fois par continent et par pays. C’est à la fois très clair et très efficace, et ça montre qu’on n’a pas toujours besoin de la carte pour représenter des données géographiques ! Dans le jargon, il s’agit d’un treemap circulaire (ils sont habituellement carrés ou rectangulaires), appelé « treemap de Voronoi », où chacune de section est proportionnelle à la population, et colorée en fonction du continent.

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