Alan, Slack et Coda : 3 exemples inspirants de vision produit

Karine Sabatier
LesEclaireurs
Published in
5 min readMay 28, 2024

S’il y a un parent pauvre dans le Product Management, c’est bien la vision produit. Ni nécessaire ni suffisante pour réussir, elle reste néanmoins utile aux organisations pour “faire de la stratégie”, donner un cap.

Selon moi, une bonne vision Produit doit exprimer pourquoi mais surtout comment on souhaite changer durablement les comportements. Si le pourquoi est souvent trop difficile à articuler (ou, à l’inverse, trop évident : “nous produisons des yahourts pour nourrir les gens”), le comment — primordial, permet de traduire l’intention en actes. Le durablement quant à lui exprime la résilience indispensable à cultiver quand on essaie de créer son propre futur ou d’infléchir celui des autres.

L’iceberg des problèmes Produit
L’iceberg des problèmes Produit

La vision doit inspirer les actions stratégiques et permettre de créer un véritable Leadership Produit. Elle doit permettre de prendre facilement des décisions en répondant à la question suivante : “selon notre vision produit, est-ce notre job de faire X ?” Car c’est le manque de leadership inspirant qui est le père de tous les autres maux.

😍 Alan, Slack & Coda : des exemples inspirants

La vision par Alan

Qu’est-ce qui ressemble le plus à une assurance qu’une autre assurance ? et comment se démarquer ? Alan, la néo-assurance, a beaucoup travaillé sa vision pour cela et envisage le monde de la santé sous un autre angle : celui où l’assurance n’est pas réactive (on vous rembourse de vos soins curatifs) mais où elle est proactive (on finance votre prévention santé). La vision de Jean-Charles Samuelian le fondateur d’Alan est rassemblée dans son livre “De l’assurance maladie au partenaire bien-être”… Vous pouvez en comprendre la substantifique moelle ici, au travers des fiches résumé de cette vision

Et comme une vision n’arrive jamais seule, Jean-Charles a récidivé avec “Healthy Business” ou comment avoir une culture d’entreprise cohérente avec sa vision…

La vision de Slack

En un post de blog Stewart Butterfield (créateur de Slack) partage avec son équipe ses réflexions sur le product / market fit, le marketing et la vision produit.

“Vendons l’innovation, pas le produit. La meilleure — peut-être la seule — mesure réelle et directe de l’innovation est le changement de comportement humain […] Il est peu probable que nous soyons en mesure de vendre un système de chat : il n’y a tout simplement pas assez de personnes pour l’acheter. C’est pourquoi ce que nous vendons, c’est une transformation organisationnelle […] Nous réussirons dans la mesure où nous créerons de meilleures équipes.”

Avec, au passage, une excellente question (et ses réponses) pour travailler sa vision produit : “Who Do We Want Our Customers to Become?”

Austin Powers et Coda

Dans une retranscription de podcast presque introuvable Shishir Mehrotra le CEO de Coda (passé précédemment par Google), explique sa vision produit au travers d’une allégorie…

“On a une private joke chez Coda : si Austin Powers sortait de cryogénie aujourd’hui, il ne saurait pas quels vêtements porter, ni quelle musique écouter, mais il pourrait travailler sur un traitement de texte ou une feuille de calcul […] Je connais très peu d’industries qui ont connu moins de changements que le secteur de la documentation et de la productivité.”

Lors de cette interview il partage sa vision pour Coda : dépasser le paradigme du “fichier typé avec une extension” stocké sur un réseau pour réinventer le document comme un objet versatile, interopérable et aussi puissant qu’une application; car sa conviction est que ce sont les documents qui font tourner le monde, pas les applications.

Ce que ça n’est pas

La vision n’est pas le produit, c’est la façon dont le produit change les habitudes. La vision n’est pas le produit mais les possibilités qu’elle véhicule

“In the factory we make cosmetics; in the stores we sell hope.” — Charles Revlon

😵 3 mauvaises visions en images

La nombriliste — la vision est exprimée uniquement du point de vue de l’entreprise… Mais qui avez-vous vraiment besoin de convaincre au juste ?

La chiffrée — des chiffres, des stats, même faux, même inatteignables, ça rassure dans une vision. “Notre vision c’est d’avoir 68% du marché sur nos 3 principaux segments clients d’ici 24 mois dans 143 pays”… vraiment ?

L’imbittable — trop vague, trop confuse, on ne peut pas être contre… ni pour non plus d’ailleurs. A quoi on la reconnaît ? on ne peut pas la ré-expliquer facilement… Son grand atout ? on peut dire qu’on y a vraiment bossé longtemps et elle provoque l’illusion de la compréhension chez ceux qui la lisent. Et puis, si c’est compliqué c’est que ça doit être drôlement ambitieux !

La vision comme vecteur de décisions

En 2 mots, la vision donne un cap (où) et une trajectoire (comment). Elle permet de prendre des décisions (“est-ce notre job ou non de faire X ? Est-ce que X est sur notre trajectoire ?”) et la prise de décisions fait des bons produits.

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Karine Sabatier
LesEclaireurs

I don't use AI to write about my Product Management and Product Design expertise.