La liberté des espaces-temps

Karine Sabatier
LesEclaireurs
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2 min readOct 21, 2018

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Il y a quelques mois, en travaillant sur le Summercamp du Shift, je suis tombée sur cette citation de Viktor Frankl :

“Entre le stimulus et la réponse, il y a un espace. Dans cet espace résident notre pouvoir de choisir notre réponse, et notre liberté.”

Moi qui croyais pouvoir mobiliser mon libre-arbitre en toutes circonstances, j’ai réalisé qu’une chose m’avait manqué toute ma vie sans que j’aie jamais pu la nommer : ce petit espace-temps entre le stimulus et la réponse.

Sans cet espace intérieur, pas de véritable choix, et pas d’autre réponse possible que celle qui est conditionnée par ce que l’on a été toute sa vie. Aucune capacité en somme à sortir de son propre cadre, à s’échapper de soi.

Je soupçonne aussi que cette phrase a fait écho en moi car, par le passé, j’ai souvent cherché à aménager pour les autres des espaces-temps à préserver ou à investir.

Avec Les Impatientes, j’ai créé un espace-temps de liberté et de partage dans lequel chaque jour des centaines de femmes viennent reprendre le contrôle de leur santé et trouver du soutien. Avec Backlight Magazine j’ai créé un espace d’expression pour des talents anonymes, utilisant le papier pour prolonger le temps de vie de leurs photos. Au Shift, au travers du programme Explore, nous créons un espace-temps de 10 semaines, dans lequel chacun peut prendre le temps de tester son projet entrepreneurial. Au Summercamp encore, nous créons une bulle de 2 jours de reconnexion à soi et aux autres.

Créer des espaces pour que les gens s’en emparent et y vivent quelque chose d’unique… voilà ce qui m’a toujours animée. Alors pourquoi ne pas faire la même chose en mon for intérieur ?

Progressivement cette année, j’ai appris à créer cet pause intérieure, une poignée de millièmes de secondes, une respiration, avant de choisir ma réponse. Ce fut long et difficile. Cet espace est parfois infime, parfois immense. Réduit à son strict minimum : je reste spontanée, je rebondis. Étiré à son maximum : je temporise, je prends du recul, je ne (sur)réagis pas, je ricoche. Parfois le naturel revient au galop, exit l’espace… impulsive c’est bien aussi, on ne doit pas tout contrôler.

Ce petit temps que j’ai appris à créer si tardivement, je ne pourrai plus vivre sans. Car le temps, ce n’est pas de l’argent, c’est notre dernière liberté.

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Karine Sabatier
LesEclaireurs

I don't use AI to write about my Product Management and Product Design expertise.