Il faut qu’on parle : l’avortement…

Lucie Delplanque
5 min readMay 1, 2017

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Entre campagne anti-ivg et lutte pour le droit des femmes.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aborder un sujet assez différent des choses dont je parle habituellement. C’est un sujet qui me concerne parce que je suis une femme et parce que j’ai des droits que je revendique. Mais aussi parce que beaucoup de personnes se sont battues pour que je puisse les avoir. Avant d’en profiter pour vous dresser le portrait de Simone Veil que j’admire, j’ai décidé de vous parler d’une actualité qui m’a particulièrement interpellée.

Il y a quelques jours, “Les Survivants”, une association anti-avortement, ont décidé de mener une campagne sauvage dans le métro parisien. C’est ainsi que le 26 avril, les Parisiens ont pu découvrir ces affiches avec un message clair : “Nous sommes les 220 000 voix qui vous manquent.

Affiches placardées dans le métro

En plein dans les présidentielles, le porte-parole des Survivants, Emile Duport, a déclaré à l’Agence France-Presse qu’ “avec cette campagne, on voulait signifier que l’avortement doit être un thème politique et invectiver les candidats qui cherchent à séduire des électeurs en esquivant la question

En se renseignant sur le slogan final “Nous sommes les 220 000 voix qui vous manquent”, on découvre qu’en France, près de 200 000 avortements ont lieu chaque année. Des chiffres qui restent constants depuis 2006.

Une contre campagne pour le droit des femmes

© Jaeraymie (Instagram)

Suite à cette offensive des Survivants, deux jeunes ont décidé de répondre en lançant une contre-offensive. Cette fois, il n’y a que quelques affiches qui ont été placées : 2 dans le métro et quelques-unes en rue. @matt_tieu et @jaeraymie ont conçu ces affiches assez rapidement afin de rappeler que ces campagnes doivent nous faire réagir. Nous devons nous battre chaque jour pour que les droits des femmes soient préservés et surtout pour qu’ils soient encore étendus.

Contre offensive réalisée par deux jeunes © Instagram — Jaeraymie

Sur ces affiches, on retrouve le visage de Simone Veil ainsi que deux messages très clairs : “Simone est toujours là et veille avec vous sur vos droits” ainsi que “C’est à nous tous de veiller sur nos droits.”

Comme vous pouvez le constater, le visuel des affiches a été construit de la même manière que celui des Survivants. Ils rappellent aussi que “Nous sommes des millions à protéger vos droits.

#Simoneveille #Gardonsnoslibertés — Simone Veil.

Simone Veil est une figure emblématique de la lutte pour le droit des femmes et notamment quand il est question d’avortement. En mai 1974, elle est nommée Ministre de la Santé. Elle fait adopter la “loi Veil”, après 4 jours de débat. Une loi qui sera promulgée le 17 janvier 1975. Elle dépénalise le recours à l’interruption volontaire de grossesse pour les femmes. Pourtant, cette loi n’est pas encore identique à celle que nous connaissons aujourd’hui.

Pour vous en parler rapidement :

  • Loi Veil : à la base, c’est un texte provisoire et non une loi votée. Cela signifie qu’il suspend pour une période de 5 ans l’article du code pénal qui interdit l’avortement.

Dans cette loi veil, l’IVG peut être pratiquée sous certaines conditions : situation de détresse de la femme par son état, obligation d’une autorisation parentale pour les jeunes filles de moins de 18 ans, délai de réflexion de 7 jours minimum, rencontre avec un médecin obligatoire, délai légal de 10 semaines d’aménorrhée et l’IVG n’est pas remboursée.

  • Cette loi est reconduite en 1979 et est adoptée définitivement le 1er janvier 1980.
Yvette Roudy
  • Loi Roudy : le 31 décembre 1982, la ministre de la santé Yvette Roudy fait voter le remboursement de l’interruption volontaire de grossesse. L’IVG est alors remboursée à 70%
  • Loi Aubry-Guigou : dans cette loi, on cherche à institutionnaliser un véritable droit pour les femmes d’avorter. Elle est votée le 4 juillet 2001.

La loi Aubry-Guigou modifie le délai légal de l’avortement : il passe de 10 semaines de grossesse à 12 semaines. L’IVG devient une liberté physique et corporelle. Elle est reconnue comme un droit. Le consentement parental pour les mineurs n’est plus obligatoire et la consultation psychologique non plus. Le gynécologue peut désormais pratiquer l’IVG médicamenteuse directement dans son cabinet.

  • Loi de Mars 2013 : L’IVG est remboursée à 100%
  • Loi santé de 2016: Elle est annoncée le 27 janvier 2016.

Dans cette extension de loi, les sages-femmes peuvent pratiquer l’IVG médicamenteuse. Le délai de réflexion de 7 jours entre la première consultation et la confirmation est supprimé.

Le 26 février, un arrêté annonce que la sécu rembourse à 100% tout le processus d’interruption volontaire de grossesse.

On en est où aujourd’hui?

© Idé

Dans l’Union Européenne, Malte est le pays le plus stricte : l’avortement est interdit. A Chypre, il est toléré en cas de viol. Du côté de l’Irlande, il est “toléré” s’il y a un danger de mort pour la mère, s’il y a une malformation du foetus ou si la grossesse résulte d’un viol. Même configuration pour le Luxembourg et l’Espagne. En Pologne, la situation est similaire si ce n’est qu’ils ont voulu supprimer la possibilité d’avorter en cas de viol. Après de multiples manifestations, cette loi n’est pas passée.

Et chez nous, il y a des projets de loi qui ont été déposés par le CD-V et la NVA qui proposent une reconnaissance paternelle du foetus. Ceci tend à donner des droits au foetus.

Vous en voulez plus?
J’ai pu comprendre ce sujet grâce, notamment, à cet article. Ce site vous parle de l’avortement en général mais aussi de l’évolution du droit à l’IVG.
Le monde a écrit un article sur le sujet, vous pouvez le retrouver ici ! madmoiZelle.com en a aussi parlé ici ; un papier hyper instructif.
Tout récemment, Elle.fr a réagi à cette même problématique. Vous pourrez aussi retrouver l’histoire de Simone Veil et de son combat pour les femmes ici :-)

Vous pouvez aussi retrouver le compte Medium de Doc’, J’avorte?, un mémoire médiatique réalisé sur le sujet par des étudiants en journalisme de l’IHECS : https://medium.com/doc-j-avorte

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Lucie Delplanque

Journalisme — Etudiante @IHECS en Master 1 — Un rien critique, grande rêveuse, très enjouée, petite comique dans l’âme, un brin “chouineuse” mais passionnée !