À grignoter #4 — Fabrice Florent, en attendant le Déj’

L'équipe du Tank media
Le Tank media
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5 min readJun 19, 2019

Mardi 25 juin, nous recevrons Fabrice Florent, fondateur des médias féminins en ligne madmoiZelle et Rockie pour le dernier Déjeuner du Tank media de la saison. L’occasion de faire le point sur sa vision entrepreneuriale et de s’inspirer, une semaine avant le Déjeuner.

Fabrice Florent, fondateur de madmoiZelle et Rockie

Bonjour Fabrice, qui êtes-vous et que faites-vous ?

J’ai 42 ans, je suis le fondateur et PDG de deux médias web, madmoiZelle et plus récemment Rockie. Je suis aussi l’hôte d’un podcast intitulé Histoires de Darons, où je donne depuis deux ans la parole à des pères.

Rockie, le média qui s’adresse aux madmoiZelles qui ont grandi est né au mois de janvier 2019

Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans l’entrepreneuriat média il y a 15 ans ?

J’avais la sensation qu’il y avait quelque chose à faire pour renouveler le genre des magazines féminins.

Je sortais d’une expérience de 7 ans où j’avais monté entre 1998 et 2005 un magazine web pour la marque Pimkie, qu’on avait « amarqué » et intitulé Move and Be. C’est là-bas que j’ai découvert la diversité du lectorat féminin, et j’avais la sensation qu’il y avait quelque chose à faire pour renouveler le genre des magazines féminins. J’ai donc lancé madmoiZelle, avec en tête de faire un magazine féminin pour les jeunes adultes.

14 ans plus tard, c’est mission accomplie, puisque 75% de nos 4 millions de visiteurs uniques mensuels sont des jeunes femmes entre 18 et 30 ans.

Quelles furent vos plus grandes difficultés en tant qu’entrepreneur média ? Comment avez-vous réussi à rebondir ?

Faire en sorte que madmoiZelle survive de façon auto-financée et sans investisseur extérieur depuis 14 longues années, malgré les aléas du marché publicitaire, malgré les changements structurels de l’audience avec l’arrivée massive des plateformes, malgré l’apprentissage incessant au niveau managérial et recrutement (j’avais 28 ans quand je me suis lancé), malgré les drames de la vie (mon associé est décédé brutalement cet hiver)…

Avec le recul, je ne sais pas vraiment comment j’ai réussi à rebondir, si ce n’est : la résilience, qui est un muscle fabuleux.

Entre le site de madmoiZelle, les événements, la chaîne YouTube, les podcasts et le forum, votre audience varie-t-elle en fonction des supports ?

Pas vraiment, non, notre ligne édito restant très concentrée jeune adulte 18–25 ans sur l’ensemble de nos supports, le public ne varie pas vraiment. C’est d’autant plus vrai maintenant que Rockie existe : nos lectrices sont incitées à chercher ce qui leur correspond naturellement sur les deux magazines.

La Grosse Teuf, l’événement mensuel qui permet aux lectrices de faire la fête ensemble

Vous êtes entrepreneur solo mais sur votre blog, vous parlez de madmoiZelle comme d’un projet de couple. Pourquoi est-il nécessaire pour un entrepreneur média de savoir bien s’entourer ?

Parce qu’il faut savoir que vous vous lancez dans une galère financière, d’autant plus si vous vous lancez indépendamment et que vous faites le choix — comme moi, de ne pas lever d’argent. Chaque sou compte.

Je ne me suis pas payé pendant les 7 premières années de madmoiZelle.

Pour mon cas, je ne me suis pas payé pendant les 7 premières années de madmoiZelle. Certes, j’aurais pu me verser un salaire plus tôt, mais ça aurait ralenti le développement de mad’, qui a l’air de rien déjà pas maaaal pris son temps (on a mis 4 ans à atteindre le premier million de visites).

Vous venez de lancer Rockie, le média post madmoiZelle à destination des femmes adultes. Une potentielle déclinaison pour les garçons dans votre radar ? Vous abordez déjà la question des masculinités avec le podcast The Boys’ Club…

Un épisode de The Boys’ Club, le podcast qui s’intéresse aux masculinités

J’avais déjà lancé un magazine, une sorte de madmoiZelle pour les mecs en 2011, intitulé Gentlemec. Je m’étais laissé un an pour le faire décoller, mais ça n’a jamais vraiment fonctionné.

Tous mes potes me disaient « c’est super, ton nouveau magazine », et quand je leur demandais s’ils le lisaient, ils me répondaient que non. Il y a clairement encore du travail à faire pour réussir à trouver un public pour un magazine masculin à la fois décomplexé et pas bas du front.

L’audience a même baissé les 3 derniers mois où j’avais décidé de multiplier les contenus, j’ai donc préféré tuer le projet dans l’œuf plutôt que de m’acharner. Donc pour répondre à la question : si ça se fait un jour, ça sera pas tout de suite.

Vous faites partie de ces entrepreneurs qui incarnent à 100% leur média avec des articles à la première personne et des apparitions régulières dans les podcasts, en tant qu’intervenant dans Laisse-moi kiffer ou en tant qu’hôte dans Histoires de Darons. Pourquoi est-ce important de faire savoir à vos lectrices qui se cache derrière madmoizelle ?

Je ne veux pas juste être « le gars qui a fondé le magazine » et qui reste ensuite dans son coin.

Fabrice Florent répond à ses lectrices quant au modèle économique de madmoiZelle

Tout simplement pour une raison folle : parce que j’aime partager des choses avec les lectrices et les lecteurs de madmoiZelle et Rockie. Pour répondre plus clairement, je ne veux pas juste être « le gars qui a fondé le magazine » et qui reste ensuite dans son coin. J’ai mis beaucoup de moi, de ma personnalité, de ma culture aussi dans ces différents médias, et je veux continuer à l’incarner, tant que j’en ai encore l’envie — même si je sais que la priorité est de mettre en avant les différents talents de madmoiZelle et Rockie.

J’aime le lectorat de nos médias, il est pertinent, intelligent, nous pousse à nous améliorer chaque jour, et je veux pouvoir continuer à leur parler régulièrement, en dehors d’un cadre « le patron vient vous parler ».

Live du podcast Laisse-moi kiffer à La Nouvelle Seine

Le dernier Déjeuner du Tank media de la saison aura lieu mardi 25 juin avec Fabrice Florent au Tank. L’occasion de développer les grands thèmes abordés au cours de cette première rencontre, d’échanger avec vous et de répondre à toutes les questions que vous vous posez sur madmoiZelle et Rockie.

Vous en serez ?

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Au carrefour entre les médias, l'entrepreneuriat et l'innovation, Le Tank media est le futur lieu parisien dédié à l'émergence de nouveaux médias.