“Cible mouvante”

Le journaliste et l’entrepreneur, ép.1

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En bon journaliste qui se respecte, lorsque j’ai imaginé Ernest, je l’ai d’abord pensé comme un magazine, avec une offre de contenus forte et des journalistes expérimentés. Aussi, Ernest est clairement issu d’une envie et d’une intuition éditoriale : parler de littérature simplement, sans jugement et en mettant en avant le plaisir de lire. Cela en mixant les coups de coeurs des libraires, avec l’approche journalistique des passeurs de lecture. Ernest devenant ainsi l’ami des lecteurs qui n’ont pas dans leur tête une vision sacrée du livre.

L’idée, simple, était de permettre aux lecteurs assidus comme aux lecteurs plus occasionnels de se retrouver dans un média qui raconterait la littérature, toutes les littératures. Bel idéal de journaliste. Imaginer que l’on peut s’adresser au plus grand nombre et que l’on peut séduire le plus grand nombre grâce à une approche et un ton différents. Et nous avons atteint certains de nos objectifs. Evidemment du travail reste à faire pour passer encore un cap et il a commencé, ces dix derniers jours, au Tank Media, l’incubateur au carrefour de l’entrepreneuriat et des médias.

Lors de ces deux premières semaines, alors que nous réfléchissions en atelier, l’un d’entre nous, parmi les plus expérimentés m’a lancé :

« Mais, au fond, c’est qui ton lecteur. Celui que tu appelles ton ernestien ? ».

Au delà-de l’explication finalement assez confuse que j’ai donnée et dont je vous fais grâce (ce qui se conçoit clairement, s’énonce clairement, vous vous souvenez ? ), la graine du déséquilibre, et donc de l’amélioration était plantée.

Quelques heures plus tard, différemment posée, la même question assenée en termes plus marketing :

« C’est quoi ta cible ? ».

Est-elle féminine ? Masculine ? Mixte ? Lit-elle Le Monde des livres ou les pages livres de Elle ? Recherche-t-elle des conseils ou de l’inspiration et des découvertes ? Quel âge a-t-elle ? Quels sont ses besoins ? A quel moment recherche-t-elle de l’information sur les livres, les auteurs et la littérature en général ? Nous lit-elle sur son mobile, sa tablette ou son ordinateur ?

Des questions plutôt nouvelles pour le journaliste que je suis et que je reste, des doutes aussi, mais surtout des réponses à aller chercher. Cela pour se donner de meilleurs outils de décision quant à l’avenir d’Ernest.

Quasiment jamais depuis notre lancement en juin 2017, je n’avais réellement posé la question de la sorte. Pour moi, le lecteur potentiel était finalement assez simple à définir : celui qui aime lire, un peu beaucoup, passionnément, à la folie…Peu importe, puisqu’il trouverait chez Ernest un ton décomplexé et accessible porté par des journalistes et des libraires amoureux des livres et qu’il y en aurait pour tous les goûts.

« Tous les goûts ». « Toutes les littératures ». Voilà peut-être le point d’achoppement ou du moins le point à rendre plus lisible et plus clair. Il est possible de parler de toutes littératures, mais reste à savoir à quel type de lecteur on s’adresse en premier, puis en deuxième etc… « Less is more » nous ont d’ailleurs rappelé deux des intervenants inspirants (Eric Fottorino, fondateur du 1 Hebdo, et Thomas Deyries, directeur de création de l’Agence Upian) que nous avons rencontrés lors de ces deux premières semaines.

Voilà l’une des (nombreuses) pistes que nous avons envie d’explorer lors de notre incubation au Tank Media. On vous dira, dans quelques semaines, si la cible cesse d’être mouvante.

David

PS : si vous avez envie de réagir à ce billet, ou de nous dire ce que vous pensez d’Ernest c’est là : info@ernestmag.fr