Deux mois après une incubation au Tank media, il se passe quoi ?
Retour d’expérience de Mathieu Genelle, fondateur de Taleming
D’octobre à novembre 2018, Taleming est resté deux mois dans le giron du Tank media. Cette incubation a représenté une belle opportunité pour me remettre en phase avec le temps : aller moins vite, prendre du recul, échanger et me concentrer sur l’essentiel.
Aujourd’hui, cela fait deux mois que Taleming a quitté le Tank media. Une bonne occasion de vous dire ce que je retiens après ces quatre mois d’incubation.
À défaut d’un associé, entourez-vous !
Je suis solo-entrepreneur. Une espèce face à laquelle tout un tas de gens est sceptique parce qu’il paraît que c’est très dur d’être solo.
Spoiler : ça l’est encore plus que ça.
Personne ne vous attend. Vous êtes seul dans ce foutu ascenseur émotionnel. Face à chaque décision, il n’y a que vous. C’est aussi dur d’être au point mort qu’au plus bas. Vous pouvez vous confier mais vous hésitez à le faire. Et puis personne ne peut vraiment comprendre tout ce que vous traversez.
Moi j’ai une chance inouïe. Je suis seul sans l’être. Je suis entouré de gens solides. Toujours présents quand il s’agit de corriger en urgence un bug (Jean Luc), faire une illustration de dernière minute (Kness), penser SEO (re-Kness), chasser les fautes d’orthographe (Anne, Marine et Luc) ou enrichir les textes (Arnaud) même quand le texte arrive la veille de sa publication.
À défaut d’avoir un associé à mes côtés, j’ai un entourage.
Sans eux, je n’aurai pas autant de force pour avancer.
Sans rencontres, vous n’avancez pas
Quand on est seul, il faut rencontrer des gens. Pour s’inspirer, se confronter à d’autres avis, enrichir sa réflexion ou trouver des solutions.
Le Tank media est un formidable endroit pour ça. Il y a des mentors, des rencontres en petit comité avec des entrepreneurs média aussi passionnants que transparents. Des petits-déjeuners et des déjeuners avec des intervenants toujours intéressants. Et pas uniquement autour du monde des médias.
Les gens sont généreux avec les entrepreneurs.
Quand vous êtes un porteur un projet, si vous sollicitez quelqu’un, il prendra souvent un peu de temps. Plus votre demande sera précise, plus ça marchera, surtout si vous restez vous-même. Et n’oubliez jamais de re-lan-cer. Je vous assure que cela paiera dans la plupart des cas.
Les chiffres font un super doudou
Depuis le jour 1, je paye tous les gens avec qui je travaille. J’ai négocié les tarifs mais je n’ai jamais dérogé à la règle parce j’ai en tête que primo : tout travail mérite salaire, deuxio : être payé entraîne une obligation de travail.
« Tu dépenses trop »
Pas forcément. J’investis. Néanmoins, si je devais recommencer de 0, je partirais sur une méthode de déploiement plus progressive. J’aurais économisé quelques milliers d’euros. Mais je ne regrette rien. Parce que je n’ai pas perdu en agilité et parce que je sais précisément où je vais (ce qui ne m’empêche pas de douter).
« Pourquoi tu fais ça, au juste ? »
Quand tu entreprends, ce qui tue c’est l’impression de vide, de rien. L’idée que tes actions sont (un peu) vaines. Dis-toi déjà qu’aucun projet entrepreneurial ne l’est. Il y a une raison d’être, une mission (parfois on dit « purpose »). Et si tu n’arrives pas à mettre des mots dessus, je t’encourage à le faire (et le Tank media aide très bien sur ce point).
Il y a aussi une autre méthode : regarder ses chiffres. Pas ceux qui font plaisir (si tu veux briller tu dis « vanity metrics »), ceux qui sont utiles. J’en étais déjà conscient mais le Tank media en a remis une couche. Et croyez moi : les chiffres valent tous les bisous magiques du monde.
Début 2019 j’ai fait le point. Il y avait un décalage dans mes prévisions mais je me suis rendu compte que mon ratio visites / testeurs était plutôt bon (pas loin de 10%). Ça m’a rassuré mais surtout cela m’a montré où je devais concentrer mes efforts. Pas sur mon produit mais sur 2 actions très précises :
- Maintenir un flux régulier de visiteurs.
- Comprendre pourquoi les gens ne s’abonnent pas.
Je savais quoi faire, c’était cool mais un truc ne s’est pas déroulé comme prévu.
Être un couteau suisse n’est pas la panacée
J’ai bossé 15 ans en agence, dans le web et j’ai toujours eu des projets sur le net à côté de mon travail. Je sais faire un tas de choses : étudier un marché, pondre une stratégie ou un business plan, concevoir des sites, mettre les mains dans le code. Je ne suis pas perdu quand on me parle de SEO, de SEA, de pub sur Facebook.
Être armé c’est bien mais ça ne suffit pas.
C’est pratique. C’est rassurant de savoir faire plein de choses, je pouvais avancer sur plein de choses tout seul. Sauf que sans m’en rendre compte j’ai priorisé ce que je savais faire, ce que j’avais envie de faire… Mais j’ai oublié de me concentrer sur l’action #2 dont je vous ai parlé plus haut. C’était une erreur.
Rien n’est plus important que de comprendre les gens.
Je m’en veux, beaucoup. Parce que comprendre les gens c’était mon métier d’avant. Je n’ai jamais eu peur des avis mais j’avais peur de déranger des gens qui faisaient l’effort de tester mon produit… des gens engagés… Couillon, non ? Évidemment. Mais comme j’étais un couteau suisse, j’évitais le sujet l’esprit tranquille en me concentrant sur des tâches que j’imaginais prioritaires.
Au Tank, j’ai pris plein de gifles bienveillantes ; mais il y a quelques jours, en revoyant un ancien incubé de la saison 1 (coucou Nicolas), la vérité m’a enfin sauté aux yeux. Je sais ce qu’il me reste à faire maintenant !
Vous êtes d’abord entrepreneur
Ayez bien cela en tête. Écrire peut être l’une de vos activités mais elle ne sera pas la principale, voire elle sera annexe. Forcément au début vous devrez jongler. Prenez mon cas par exemple. J’écris 2 à 4 histoires par mois. C’est trop. Je veux passer à une histoire, voire à moins. Mais pour cela il faut que je développe Taleming, que je chouchoute mes abonnées, que je n’oublie pas de faire ma pub, que je démarche des auteurs, que je fasse ma compta, optimise le site, son référencement, etc. , tout en alimentant le site en contenu.
« As-tu vraiment besoin de sortir une histoire chaque semaine ? »
Je le crois. Parce que c’est la promesse de Taleming. Je me trompe peut-être. Après tout, personne ne m’attend et mon audience reste confidentielle. Mais chaque histoire me permet d’en apprendre plus sur les thèmes qui marchent (qui génèrent des partages, du trafic et/ou des inscriptions). Me forcer à sortir une nouvelle histoire m’oblige à rencontrer plein d’auteurs géniaux. Ma régularité m’a permis également de créer une série de Noël pour une marque !
Bientôt j’écrirai moins. Pour moi c’est une des conditions du succès de Taleming.
Une feuille de route vous sauvera.
Je n’ai jamais été fan des to-do lists. Pour tout vous dire, je n’ai jamais été capable d’en tenir un plus d’une semaine.
Il faut se faire violence pour tenir une feuille de route.
Avant le lancement de Taleming, j’avais des journées organisées, sans que je fasse d’effort. Parce que j’avais du temps. Je savais ce que je devais faire chaque jour (ou presque). Mais quand le site s’est lancé, tout a dérapé. J’avais du mal à prioriser.
Pendant l’incubation au Tank media, j’ai été obligé de réorganiser mes semaines, en fonction d’objectifs précis. J’avais beaucoup de travail mais tout était clair. Parce que j’avais des points réguliers avec Marine et Mathieu.
Mais une fois sorti, je pensais que mon cerveau suffirait à me souvenir de ce que je devais faire. PAS DU TOUT. Je me suis dispersé. J’ai oublié plein de petits trucs. Rien de grave ou d’essentiel (puisque personne ne m’attend) mais cela m’a frustré.
Depuis quelques jours, j’essaye de me tenir à des objectifs simples, chaque jour. C’est un mini combat quotidien car dès que je pense à quelque chose, j’ai envie de m’y consacrer. Alors je fais une pause, je le mets dans mon agenda et je retourne sur ma tâche principale. Je pense que ce n’est qu’au prix de cette discipline que je pourrai tenir la charge.
Et après ?
Le projet a été lancé en août 2018 mais je considère qu’il s’est vraiment lancé à la fin de mon passage au Tank media, en novembre 2018. Deux mois après, je digère ce que l’on m’a transmis mais surtout j’avance. La suite de l’aventure est incertaine mais une chose est sûre : elle est plus grisante que flippante !
PS : si voulez offrir des histoires originales à vos enfants, vous pouvez tester Taleming : c’est gratuit et sans engagement ;)