J’incube, tu candidates, ils ont été incubés… quelques leçons de la S01E01
Bubble, Docteo, Ernest, L’Autre Quotidien (la Nuit) et Mediatico.
Pendant 3 mois, nous les avons accueillis au Tank media dans le cadre de notre 1er programme d’incubation. 3 mois denses, intenses, riches en montagnes russes émotionnelles, en doutes, en débuts de convictions, en mots trop souvent répétés (convictions, Startup nation, persona…) — pas seulement pour les incubés qui ont tous parlé lors de leurs discours de départ de « gifles », « claques », « projets secoués », mais aussi pour la (petite) équipe du Tank media. Nous avons beaucoup appris pendant ces 3 mois.
Voici quelques trucs et mots clés que l’on retient à chaud, qui vont nous permettre d’améliorer nos prochains programmes.
Esprit promo : Sans doute l’une de nos principales fiertés sur ce programme. La certitude qu’il s’est passé quelque chose dans ce groupe. Croiser les profils, les âges, les parcours, la maturité des médias, cela permet de bâtir un groupe qui va avancer ensemble. Et c’est la principale richesse d’un programme d’accompagnement. La richesse des échanges entre les incubés est sans doute l’un des principaux « unfair advantage » que l’on peut leur apporter, malgré les dizaines d’intervenants et de formations que l’on peut leur offrir. Mais il ne suffit pas de mettre les gens ensemble : il faut animer ce groupe, créer les interactions — c’est notre principal rôle à nous, Tank media, dans ces programmes. On a très bien su le faire les premières semaines, cela a lancé une dynamique forte, moins en fin de programme.
Note pour plus tard : maintenir des ateliers communs jusqu’au bout.
Densité : Un des principaux paradoxes de ce programme. Nous avons toujours pensé qu’un accompagnement utile passait forcément par de la densité. Que ce soit sur 1 journée ou sur plusieurs mois, il faut de la densité pour générer de l’efficacité. Il y a trop d’éléments perturbateurs autour du programme, trop de « choses à faire », « d’impératifs », au fond trop de bonnes raisons de ne pas prendre le temps de s’attaquer aux problèmes pénibles. Le parcours type d’un projet qui vient nous voir :
- Je rencontre un problème, j’ai besoin de faire votre programme, on est prêt à s’y mettre à fond.
- Youpi je suis pris !
- 1er jour, DEBOUT SUR LES FREINS : j’ai pas le temps, j’ai des rdv importants, je dois produire, produire, produire de l’éditorial, même si ça ne génère pas de revenus car sinon… on ne sait pas en fait.
Cette tension a été l’un des fonds de sauce de ces 3 mois d’accompagnement. Permettre à ces équipes de se pencher sur des questions structurelles, les obliger à travailler sur des sujets qu’elles ont toujours de bonnes raisons de ne pas affronter, tenter de les projeter sur moyen terme en leur faisant lever la tête du guidon et de (toutes) leurs tracasseries du quotidien. Pour y parvenir, les obliger à faire ce travail de fond de cale, il faut de la densité. Il faut se voir au quotidien, échanger régulièrement, demander des résultats, fixer une feuille de route… relâchez la pression et ils filent tous comme des moustiques vers la lumière du problème du jour. Quitte à se brûler.
Note pour plus tard : dans ce programme, nous avons su créer une densité et une tension, une envie d’arriver à quelque chose. Nous n’avons pas suffisamment écrit leur feuille de route avec eux, pour mieux leur demander des comptes et les guider.
L’effet Amazon Prime : Le programme était construit sur deux « lignes de vie » superposées : un travail de court terme pour aboutir à des résultats concrets au bout de 3 mois, un travail de long terme, avec de nombreuses formations pour mieux maîtriser certains sujets, pouvoir se projeter sur son développement futur. L’articulation des deux n’est pas évidente, nous n’avons sans doute pas su assez la mettre en perspective. Parlez tunnel de paiement à un incubé, montrez-lui un truc qui fonctionne bien, donnez-lui les clés de développement pour y arriver plus tard, il espèrera quand même l’avoir chez lui dans les 2h. L’effet Amazon Prime. Manque de pot, ça ne marche pas comme ça. Un programme d’incubation de ce type n’est pas une réponse d’accompagnement personnalisé à 1 projet, c’est une construction collective pour mieux se projeter à long terme, tout en trouvant quelques solutions de court terme.
Note pour plus tard : mieux articuler ces deux perspectives court/long terme, amener plus rapidement dans le programme les échanges avec les équipes de Prod de Spintank (design, dev, metrics) pour mieux accompagner les incubés sur ce qui peut être mis en place rapidement… ou pas. :)
Faux problème, bonnes solutions ? Souvent, notre relation démarre sur un malentendu : les incubés viennent chercher les réponses à une mauvaise question de départ. En caricaturant (à peine), ils espèrent venir chercher leur modèle économique, avoir lancé leurs abonnements payants, venir développer une stratégie de Growth hacking et de marketing imbattables, et dès qu’on leur parle de ces sujets, ils se frustrent de ne pas pouvoir les mettre en place immédiatement.
Sauf que, bien souvent, leur problème n’est pas là, mais en amont : projet pas assez bien ficelé, contrat avec les lecteurs peu clair, aucune idée de leurs cibles réelles, niveau 0 en KPI et une mutation de rédacteur en chef à pilote d’entreprise pas vraiment aboutie.
Nous avons su leur faire prendre conscience rapidement de ce « malentendu » sur les problèmes qu’ils rencontrent, mais cela n’empêche pas les frustrations, surtout face à leur propre réalité quotidienne : leur campagne de crowdfunding va commencer, ils viennent de lancer le développement de leur nouveau site, leurs finances sont dans le rouge… L’envie d’avancer reste plus forte que celle de se remettre en question. Même s’ils savent que la participation au programme va forcément bouleverser des pans de leur projet, ils aiment bien lancer de grands chantiers juste avant. Quitte à perdre pas mal de temps, voire un peu d’argent.
Note pour plus tard : il faut un bon « momentum » entre le programme lui-même et les projets des incubés. C’est un des critères que nous avions en tête lors de la 1re sélection, mais qui s’affirme avec le temps. Trouver le bon programme d’accompagnement pour le bon niveau de développement du projet. Et côté porteur de projets, si vous candidatez à notre programme, évitez de lancer de lourds chantiers juste avant
La solitude de l’entrepreneur : On a beau le savoir, l’avoir vécu, ce n’est pas pareil de le constater en accompagnant des porteurs de projets. Il y a d’ailleurs un double sujet.
Conviction vs écoute. L’impression que tout le programme a essentiellement tourné autour de cela, la lutte de ces entrepreneurs entre la force de leurs convictions, auxquelles ils s’accrochent pour avancer, et la nécessité qu’ils ressentent de devoir s’ouvrir à d’autres, écouter, se construire peut-être des convictions un peu différentes. Et la solitude, la détresse parfois, dans laquelle ils se trouvent lorsqu’ils doivent faire des choix qui vont les engager pour la suite. Les semaines 7 à 9 (sur 12) de notre programme, c’est notre triangle des Bermudes Le moment où on a perdu certains d’entre eux où, plongés dans les affres des incertitudes, ils se noyaient un peu. Malgré leur mentor, malgré notre accompagnement, malgré les copains de promo, malgré l’entourage familial bienveillant, ils se retrouvaient seuls face à leur choix. Et le poids est un peu lourd dans ces moments-là, il faut pouvoir le partager.
Note pour plus tard : on avait demandé deux personnes engagées à plein temps sur le projet pour participer à ce programme d’incubation sur 3 mois. On avait raison. On ne laissera plus les gens tricher
Programme team vs programme solo : Si les gens trichent, c’est que la règle n’est pas bonne. Ou plutôt, qu’elle n’est pas forcément bonne pour tous. Dans ce monde des médias émergents, nombreux sont ceux qui se lancent seuls. Certains ont un peu tenté de contourner la règle lors de notre 1er appel à projets. Comme on voulait apprendre, on a laissé faire. Voir point précédent. Mais on a appris, et on donc décidé deux choses :
- Renforcer la règle, pour un programme d’incubation team
- Changer les règles, inventer un nouveau programme d’incubation pour les entrepreneurs solos. Quitte à tester, allons au bout de l’expérience.
Notre nouvel appel à projets incubation est donc en ligne, pour vous, oui VOUS là, qui êtes suffisamment fou pour vous lancer seul. On a plein d’idées pour vous aider à avancer.
Difficile de revenir sur tous les sujets abordés pendant ces 3 mois, sur tous ces micros apprentissages, sur tout ce que nous retenons et allons appliquer dans nos nouveaux programmes. Et tout n’a pas encore forcément décanté de notre côté. Mais une chose est certaine : ces 5 médias nous ont énormément apporté, ainsi que tout ceux (jury, mentors, intervenants..) qui ont participé à ce programme.
Et on va faire le maximum pour en tirer le meilleur et permettre à la communauté d’en profiter dans nos prochains programmes d’accompagnement, formations ou événements.
