Les Amis Mots, des histoires à deux voix
Les “amimaux” de Benjamin, Lésa Mimaud va à l’école,
Les à mi-mots de Charlotte, Lait à mi-Meaux de Bernard, les âmes y mo… (quoi?)
Tu penses, tu parles, tu communiques… Tu crois que ça sort naturellement? Tu crois que la Nature fait toujours bien les choses?
Viens par ici, je vais te raconter quelques histoires…
Parfois, il faut deux voix et plusieurs voies pour qu’une histoire existe. Parfois, il faut sonner à la porte de l’orthophoniste et lui demander de l’aide…
J’aime pas le mot orthophoniste, j’aime pas le mot logopède, j’aime pas le mot thérapeute du langage. Qu’est-ce que je pourrais inventer?
Cérébro-thérapeute? C’est pas très joli…
Neuro-logo-phono-thérapeute? C’est trop long…
Apprentissologue? Ça fait trop maçon…
Développementologue? Ça fait trop coach…
Linguisticologue? Ça fait trop … astringent (?)
Humanologiste? Ça fait trop prétentieux…
Sage-femme? Flûte, c’est déjà pris…
Bon ben, pour l’instant, y a pas de beau nom à mon métier… C’est vraiment dommage, parce que c’est un très beau métier. C’est quand même un comble de ne pas trouver un mot simple et beau pour définir ma profession!
Dans mon cabinet, on soigne le mal des mots. Pour le mal de tête, il y a l’aspirine. Pour le mal de cerveau, y a rien qu’on prend avec un verre d’eau.
Partout en France, il y a des cabinets de quartier qui délivrent des soins à tous ceux qui souffrent de ne pas bien parler, de ne pas bien comprendre, de ne pas bien apprendre. Leurs patients, très patients, ont de quelques mois à 99 ans. J’ai envie de parler d’eux et de moi. Parce que communiquer, c’est essentiel. Parce que communiquer, c’est la vie. Mais, c’est sacrément compliqué!
Ah tiens! J’ai une autre idée! Et si on m’appelait maïeutiseuse? Ça ressemble à magnétiseuse, je sais, mais autant s’en moquer! Moi, j’ai toujours eu un faible pour la maïeutique…
-Ma parole! T’as la tête à l’envers!
-Tu m’ôtes le mot de la bouche!
-Ah! Je te prends au mot et je te rends la parole…
Catherine Leduc
Ah! ça se passe comme ça, chez toi? Ma parole, t’as raison! C’est compliqué!
Chez moi, j’ouvre une fenêtre et je respire. La page blanche va se remplir, je ne sais jamais de quoi. Elle se peuple de personnages qui peuvent parler de tout ce qu’ils veulent. Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent aussi. Quand la page blanche se noircit, elle devient une forêt vierge dans laquelle on avance à la machette pour débroussailler et y voir un peu plus clair.
Quand j’étais petite, j’allais presque chaque dimanche courir et jouer dans la forêt près de chez moi. Je finissais toujours par m’asseoir sur un lit de mousse, adossée à un grand hêtre et je regardais autour de moi toute cette vie silencieuse. Moi, j’adore les forêts. Il y a de grands arbres qui en cachent de plus petits, ils sont presque invisibles, mais ils ont un espace pour respirer.
J’ai appris dernièrement que les arbres des forêts sont tous connectés les uns aux autres par un réseau extrêmement dense et complexe qui leur permet de communiquer entre eux. Les arbres se parlent, échangent des informations, prennent soins les uns des autres. Ils sont parfois en compétition, mais ils sont surtout extrêmement collaboratifs. Tu ne trouves pas que c’est fascinant?
Les arbres existent depuis des centaines de millions d’années, ils existaient bien avant nous, les humains. Et tout le monde croyait qu’ils ne faisaient juste rien. Chez moi, j’ouvre une fenêtre et je vois des arbres danser dans le vent. Alors, je me mets à écrire en pensant que je suis un arbre qui communique. Va savoir, ça se pourrait…
Jeanne Baran
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