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Qui est Jeanne Baran?

Aucune idée!

Lézamimo
Published in
4 min readOct 11, 2017

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Sérieux? Aucune idée?

Un ectoplasme peut-être. Un boulet avec un drap accroché à sa chaîne. Va savoir je suis peut-être une revenante…

Et tu reviendrais d’où dis-moi?

Comment veux-tu que je le sache, rien n’est écrit! C’est la page blanche par ici. Pour l’instant, je n’ai qu’une étrange sensation… Une sensation de mondes parallèles qui ne se rencontrent jamais. Je suis entre les deux dans une errance bizarre... Un entre-deux, oui c’est ça. Je suis une créature de l’entre-deux. Qui ferait des entre-chats. Et je poursuivrais de vaporeuses souris en tutu dans les couloirs de l’opéra. Je ferais semblant de vouloir les manger, elles se mettraient à pouffer de rire, elles feraient semblant de se cacher en tricotant de leurs petites jambes, ce serait un bien joli jeu. Elles me font rire, les souris en tulle et vibrisses. Leur monde est irrésistiblement irréel, tu ne trouves pas?

Tu viens de là, vraiment?

Mais non, idiote! Je ne fais que courir dans les couloirs. Je suis un ectoplasme, je te dis. Un coup j’existe, un coup je disparais.

Qu’est-ce que tu fais alors?

Ben rien. J’essaie d’écrire.

Ah. Ça ne ressemble pas à grand chose effectivement…

Oui c’est vrai, ça n’a l’air de rien, l’entre-deux. Ceci dit, les revenants ont toujours des histoires à raconter. Tu aimes les histoires?

Bah oui. Enfin… Ça dépend. Y’en a qui me plaisent mais y’en a des tonnes qui m’ennuient, t’imagines pas.

Si si j’imagine très bien. Tu le sens toi aussi le goût du bâton parfois? Celui où y’a plus rien à sucer tellement c’est recyclé. J’aime bien l’idée du recyclage — c’est mon côté écolo — mais pas quand il est fait à la va-vite n’importe comment. Faut que ça sente la vie, pas le vieux. Du coup je suis bien embêtée…

Ah oui, je comprends. Tu ne sais pas ce que tu pourrais inventer.

Pas du tout! J’ai des milliers d’idées dans la tête. J’en ai presque trop. Je me demande juste comment un aspirant écrivaillon comme moi peut s’y prendre pour raconter quelque chose d’intéressant.

Ben je sais pas moi. Étonne-moi. Fais quelque chose de surprenant.

T’es rigolote ma chérie, pas facile de te surprendre. C’est pas comme si il suffisait de te crier “boouuh” par derrière. T’es plus une petite fille. De toute façon, je ne suis pas fortiche question suspens.

Bah qu’est-ce que tu veux alors?

Je ne sais pas trop encore. Juste écrire. A ma manière. C’est amusant tu sais. Mais pourquoi tu me poses toutes ces questions? Qui je suis, d’où je viens, ce que je fais, ce que je veux, tu m’ennuies à la fin. C’est ça qui compte?

Ben… Quand même un petit peu…

Ben non. Même pas un petit peu. Sinon j’écris “ma vie mon grand oeuvre” et je retourne me coucher. Je ne sais même pas ce que ça pourrait être d’ailleurs. J’y crois pas au grand oeuvre.

A quoi tu crois alors?

Et voilà que tu recommences à poser des questions idiotes! Je n’en sais rien. Je ne crois en rien voilà. J’écris c’est tout. Enfin j’essaie. Je n’ai pas le choix, je suis un ectoplasme. Je n’ai que la page blanche pour exister.

Mais ça fait peur les fantômes! Tu voudrais hanter les gens, c’est ça?

Ah Ah Ah! Peut-être bien tiens! Ce n’est pas ce que font les écrivains? Sinon à quoi ça leur servirait d’écrire? Faut pas avoir peur, je connais des ectoplasmes charmants. Sages comme une image. Ils me hantent gentiment. Ils ne font pas trop de bruits mais ils existent. J’en ai quelques uns sur ma table de chevet, je te les prêtes si tu veux.

Bof. J’ai arrêté de lire depuis un moment. Des livres, je veux dire. J’en ai beaucoup lu autrefois. Je ne sais pas pourquoi.

Tu ne sais pas pourquoi tu en as lu ou pourquoi tu as arrêté d’en lire?

C’est toi qui poses des questions maintenant! Disons que la littérature m’a laissée en plan. Je croyais qu’elle me transporterait loin mais on ne s’évade pas comme ça. Je lui en veux en quelque sorte. Elle n’a fait que me mentir.

Qu’est-ce que tu es sotte avec tes croyances! La littérature ne ment pas, elle ne raconte que des histoires! Allez, viens. On va dormir. Si ça se trouve, on rêvera d’une évasion réussie ou de fantômes de l’opéra. Je suis fatiguée maintenant, on verra bien demain…

Auto-interview débutée entre une heure et deux heures du matin.

Après une nuit agitée, Jeanne Baran décida de laisser les choses en l’état. La page blanche se remplirait bien assez vite.

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