Motion de défiance de Podemos contre le gouvernement Rajoy

Anabel Mier Garcia
¿L’indignation au pouvoir?
6 min readMay 31, 2017

Il y a quelques jours, plus exactement le samedi 20 mai, se tenait un grand rassemblement à la Puerta del Sol en plein coeur de Madrid. La raison? Unidos Podemos a déposé des motions de défiance contre Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, et Cristina Cifuentes, présidente de la communauté de Madrid.

Pourquoi de telles mesures? Les citoyens ont-ils été au rendez-vous? Pour mieux comprendre, nous vous proposons la traduction de deux articles espagnols : l’un, écrit peu avant le rassemblement et l’autre, juste après. Retrouvez les versions originales ici : http://www.publico.es/politica/mocion-censura-sol.html http://www.publico.es/politica/mocion-censura-unidos-recibe-apoyo.html

Des milliers de personnes participent au rassemblement à la Puerta del Sol. ©Podemos

(1) Unidos Podemos mesure aujourd’hui dans les rues le soutien à ses motions contre Rajoy et Cifuentes.

Sous la devise “Il faut les mettre dehors”, le groupe parlementaire a prévu de réunir des milliers de personnes cet après-midi, à la Purta del Sol de Madrid. Plus tôt dans la journée, le Conseil citoyen de Podemos, l’organe de direction du parti, analysera la situation politique actuelle et établira les prochains pas à suivre pour le parti.

Unidos Podemos se prépare ce samedi à mesurer le soutien des citoyens dans les rues de Madrid à ses motions de défiance contre Mariano Rajoy et Cristina Cifuentes. Le groupe parlementaire de Pablo Iglesias travaille depuis plusieurs semaines au rassemblement de la Puerta del Sol de Madrid, qui commencera à 18h, avec pour devise « Ils faut les mettre dehors ». Il veut ainsi montrer que les citoyens sont de son côté et capitaliser le mécontentement contre le gouvernement du Parti populaire (PP).

Podemos, Izquierda Unida (IU) et Equo (parti espagnol affilié au niveau national à Unidos Podemos et au niveau européen au Parti vert européen) se sont donnés pour objectif de rendre public que, malgré le fait que les deux motions n’ont pas beaucoup de chance de prospérer à cause de la distribution actuelle des forces au Congrès et à l’Assemblée de Madrid, ces initiatives sortent de la procédure parlementaire et répondent à l’indignation citoyenne causée par la corruption qui éclabousse le PP.

Les arrêts et les imputations dans le cadre de l’opération Lezo, l’imputation de la déléguée du gouvernement à Madrid, Concepción Dancausa, pour un supposé délit sociétal ; le rapport de l’UCO qui relie Cifuentes avec le financement irrégulier du PP, ou la déclaration de Rajoy comme témoin dans le cadre de la trame Gürtel — que le président veut reporter au 27 juillet — sont seulement quelques uns des scandales auxquels doit faire face le PP, dans un moment où la corruption est à nouveau le deuxième plus gros problèmes pour les Espagnols, selon le Centre d’Investigations Sociologiques (CIS).

Podemos veut canaliser cette indignation et se revendiquer comme une alternative « ferme et sérieuse » à la politique du PP, qui « parasite et pille les institutions », comme l’affirmait ce vendredi Irene Montero, pendant la présentation de cette initiative. La motion contre Rajoy initiait alors sa procédure parlementaire et les choses restent maintenant aux mains de la présidence du Congrès. Quant à l’initiative contre Cifuentes, elle n’a pas encore été enregistrée, bien que le parti ait prévu de la formaliser dans le courant du mois de juin.

Le lieu n’a pas été choisi au hasard : près de la place du musée Sofia de Madrid, la Puerta del Sol est l’un des endroits fétiches de Podemos. Sur la scène, il est attendu que Pablo Iglesias et quelques autres dirigeants du parti violet, de IU, d’Equo, de En Comú Podem ou de En Marea prononcent des discours durant le meeting.

Et, comme c’est le cas pour le lieu, la date n’est pas non plus casuelle : Unidos Podemos a inscrit sa motion ce vendredi, 48 heures avant les primaires socialistes, et convoque ce rassemblement seulement un jour avant que le PSOE n’annonce qui sera son prochain secrétaire général.

Les trois candidats — Susana Díaz, Pedro Sánchez y Patxi López — ont déjà expliqué qu’ils ne soutiendront pas l’initiative de Unidos Podemos, bien que d’abord Sánchez, et ensuite Díaz aient laissé la porte ouverte pour formuler une motion similaire dans le futur contre Mariano Rajoy, à condition qu’ils puissent compter sur le nombre qui permette de garantir son approbation à la réunion plénière. En suivant le Règlement du Congrès, le nouveau secrétaire général du PSOE pourrait présenter son propre candidat pour remplacer Rajoy dans le cadre de la motion de Unidos Podemos le même lundi.

La direction se réunira quelques heures avant

Quelques heures avant le rassemblement, Podemos réunira son conseil citoyen, organe suprême de direction du parti, constitué de plus de 80 dirigeants, en comptant les secrétaires généraux autonomes. Des sources parlementaires expliquent que, au-delà des lignes du travail sur la motion de défiance, les dirigeants de Podemos se centreront sur l’analyse politique, tant de ces dernières semaines que sur les mois à venir et sur les tâches du parti sur la période actuelle.

Comme d’habitude, il est attendu que le secrétaire général fasse un discours public, retransmis en streaming, pour après célébrer le reste de la réunion en huis clos.

(2) La motion de défiance de Unidos Podemos reçoit le soutien populaire à la Puerta del Sol

52 autobus ont été mobilisés depuis la quasi-totalité des communautés autonomes, et des autocars venant de tout le pays se sont déplacés : d’Andalousie, de Catalogne, de la Communauté Valencienne, de Galice, de Castille — La Manche, de Castille — Léon, de la Rioja, du Pays basque, de Cantabrie, des Asturies, de Murcie, de Ceuta, de Melilla et mêmes des îles.

Des milliers de personnes se sont réunies cet après-midi à la Puerta del Sol de Madrid pour prendre part au rassemblement convoqué par Unidos Podemos en faveur de la motion de défiance contre le gouvernement de Mariano Rajoy, qui a commencé à six heure de l’après-midi.

En face du siège du gouvernement de la Communauté de Madrid, se tenait la scène où les principaux dirigeants et députés du groupe parlementaire de Unidos Podemos-En Comú Podem-En Marea se sont adressés aux manifestants pour défendre les raisons qui les ont amené à présenter une motion de défiance qu’ils perdront probablement au Congrès.

Avant 18h, les gens commençaient à se regrouper devant la scène circulaire en plein milieu de la place en criant « Oui on peut », le slogan toujours présent durant les événements de la formation violette.

« Ils sont en train de nous voler sous nos yeux. La motion de défiance est une obligation morale » dit l’un des manifestants à Público (le journal). « Nous savons déjà qu’elle ne va pas prospérer, mais celle de Felipe Gónzalez n’avait pas non plus prospéré à l’époque et elle tout de même fini par gouverner » il ajoute avec enthousiasme.

Le premier à monter sur scène était le secrétaire d’Organisation de Podemos, Pablo Echenique, juste après que le musicien Víctor Lemes ait diverti les manifestants avec des chansons satiriques camouflées dans des rythmes de chansons populaires.

Après Echenique d’autres dirigeants de Podemos comme Ramón Espinar, Xavier Doménech, Irene Montero et Pablo Iglesias ; et les leaders d’IU, Alberto Garzón y Sol Sánchez. L’événement a pris une tournure populaire avec l’intervention de citoyens anonymes — des chauffeurs de taxi, des pompiers, des manutentionnaires, des médecins ou des étudiants — qui ont symbolisé le soutien des bases à la motion de défiance proposée par Unidos Podemos au Congrès.

Les images du rassemblement étaient caractérisées par les drapeaux républicains et les pancartes contre « la trame » et « la corruption du PP » qui ont fini par se transformer en visières improvisées contre le soleil de Madrid.

Le rassemblement a coïncidé avec le sit-in de femmes contre la violence machiste à la Puerta del Sol qui ont voulu montrer leur rejet en criant « Ils ne nous représentent pas ! ».

Les rues alentours de la Puerta del Sol comme Montera ou Preciados sont restées paralysées par les manifestants qui ouvraient d’étroits couloirs aux passants étrangers à l’événement.

Podemos a mobilisé 52 autobus pour que ses sympathisants puissent assister au rassemblement depuis la quasi-totalité des communautés autonomes, et des autocars sont venus d’Andalousie, de Catalogne, de la Communauté Valencienne, de Galice, de Castille — La Manche, de Castille — Léon, de la Rioja, du Pays basque, de Cantabrie, des Asturies, de Murcie, de Ceuta, de Melilla et mêmes des îles.

--

--