Un livre sur l’amour d’une mère : Le Livre de ma mère

Anne-Sophie Schimpf
Littérapie
Published in
5 min readJul 9, 2017
Le Livre de ma mère, Albert Cohen (1954)

Ce que je sais c’est que ma mère était un génie de l’amour. Comme la tienne, toi qui me lis.

— Mais j’étais un fils. Les fils ne savent pas que leurs mères sont mortelles. ” Albert Cohen

Un jour, on m’a demandé quel bouquin avait changé ma vie. Spontanément, j’ai sorti la première réponse qui m’est venue à l’esprit. Le Livre de ma mère.

Cette réponse peut paraître surprenante. Beaucoup de livres m’ont marquée, c’est vrai. Des livres qui m’ont appris à voir la vie autrement, à la saisir au jour le jour ; des livres qui m’ont encouragé à poursuivre mes rêves, à trouver un sens dans mon quotidien. Mais celui-ci est particulier. Celui-ci parle d’amour.

De la tendresse de l’amour d’une mère.

Je me souviens avoir lu ce bouquin lorsque j’étais à ma première année de lycée. Cette histoire m’a littéralement touchée jusqu’au plus profond de moi-même.

Voici comment evene résume l’ouvrage :

Evocation d’une femme à la fois “quotidienne” et sublime, une mère, aujourd’hui morte, qui n’a vécu que pour son fils et par son fils, ce livre d’un fils est aussi le livre de tous les fils. Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu’il s’adresse à lui-même lorsqu’il pense à telle circonstance où il s’est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif.

Un livre sur l’amour

Ce livre est le plus bel hommage jamais écrit. Albert Cohen se remémore toutes les fois où il était en colère contre sa mère, comme le soir où elle lui a fait une visite surprise, où elle était toute contente d’être venue à son appartement et de lui concocter des petits plats, et lui, en retour, était énervé et agacé car il avait d’autres plans avec ses amis pour le soir-même, et ne pensait à rien d’autre qu’à sortir s’amuser.

“Tous les fils se fâchent et s’impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis.”

Il s’était emporté contre elle, avait ignoré toutes ses bonnes intentions. Et elle, s’était excusée, s’en était voulue, et avait été blessée alors qu’elle ne voulait que bien faire. Quand Albert Cohen a repensé à cet événement, bien des années plus tard, se rend compte de son égoïsme et regrette d’avoir été si aveugle à son amour.

“Combien nous pouvons faire souffrir ceux qui nous aiment et quel affreux pouvoir de mal nous avons sur eux.”

Il a regretté ne pas s’être rendu compte plus tôt de tout l’amour que sa mère lui portait. Et je pense que nous pouvons tous nous reconnaître dans cette situation.

“Amour de ma mère, à nul autre pareil. Elle perdait tout jugement quand il s’agissait de son fils. Elle acceptait tout de moi, possédée du génie divin qui divinise l’aimé, le pauvre aimé si peu divin.”

“Amour de ma mère. Elle était avec moi comme un de ces chiens aimants, approbateurs et enthousiastes, ravis d’être avec leur maître.”

Un livre qui vous ouvre les yeux sur vos parents

On se plaint souvent de nos parents, les trouvant trop envahissants, trop protecteurs. On se plaint qu’ils soient toujours là à se mêler de nos affaires, à nous demander si on va bien, à nous préparer à manger, à nous appeler.

Mais en réalité, c’est juste qu’ils nous aiment et s’inquiètent pour nous.

J’ai compris cela après avoir lu ce bouquin. J’ai compris que tout ce que faisaient mes parents, ce n’était jamais pour m’embêter, mais juste parce qu’ils cherchaient à faire quelque chose pour nous.

Et soudain, dès que ma mère faisait quelque chose, je la trouvais adorable avant tout de prendre tellement soin de moi.

Et parce que ce livre m’a fait prendre conscience de la peur des regrets et de la peur de la perte, j’ai commencé à agir différemment envers mes parents.

J’ai commencé à comprendre leur amour, leurs réactions, leurs inquiétudes, et je les ai aimés en retour pour prendre tellement soin de moi, même si parfois je me disais qu’ils ne me comprenaient pas et m’énervaient. J’ai appris à être patiente, et à me mettre à leur place.

J’ai compris à quel point j’étais heureuse d’être ainsi chérie, que c’était une chance inestimable et qu’il fallait l’apprécier à sa juste valeur.

Personne ne vous aimera jamais autant que vos parents

C’est la plus grande leçon de ce bouquin, qui a changé ma vie pour le meilleur. Cela m’a appris à comprendre l’amour des parents pour leur enfant, et a radicalement transformé ma relation avec eux.

Aujourd’hui, j’essaye de partager les meilleurs souvenirs avec eux, de profiter de chacun des instants que l’on passe ensemble. Ma mère est devenue une de mes meilleures amies, une véritable confidente, et ça, c’est inestimable.

Albert Cohen a écrit :

“Fils des mères encore vivantes, n’oubliez plus que vos mères sont mortelles. Je n’aurai pas écrit en vain, si l’un de vous, après avoir lu mon chant de mort est plus doux avec sa mère, un soir, à cause de moi et de ma mère. Soyez doux chaque jour avec votre mère. Aimez-la mieux que je n’ai su aimer ma mère. Que chaque jour vous lui apportiez une joie, c’est ce que je vous dis du droit de mon regret, gravement du haut de mon deuil. Ces paroles que je vous adresse, fils des mères encore vivantes, sont les seules condoléances qu’à moi-même je puisse m’offrir. Pendant qu’il est temps, fils, pendant qu’elle est encore là. Hâtez-vous, car bientôt l’immobilité sera sur sa face imperceptiblement souriante virginalement.”

Eh bien, Albert Cohen n’aura pas écrit en vain. Et je le remercie sincèrement de m’avoir ouvert les yeux.

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