Ev Anckert, une passion parisienne

Louise Auger

Éditions Numeriklivres
Littérature sentimentale

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Ev te plairait. Une femme de contrastes. Du noir, du blanc, un peu de zones grises, une présence lumineuse, fluide et à la fois accrochante, comme la lumière dont tu sais jouer si merveilleusement dans tes photographies.

De passage en France pour faire la promotion de son livre, la québécoise Isabelle Coache fait la connaissance de Ev Anckert, l’éditrice de renom à la beauté et au charme remarquables. Avec une liberté qui n’a d’égale que celle de ses personnages, Louise Auger raconte la passion tumultueuse entre ces deux femmes, dans Paris où le climat de violence terroriste tisse la toile de fond d’un amour naissant entre ces deux êtres intenses.

« Ev te plairait. Une femme de contrastes. Du noir, du blanc, un peu de zones grises, une présence lumineuse, fluide et à la fois accrochante, comme la lumière dont tu sais jouer si merveilleusement dans tes photographies. Une femme vive, enjouée, un brin moqueuse, parfois ironique, plus souvent sensible et émouvante, une femme que la vie amuse et qui s’y jette à corps perdu, avec la profondeur d’une montagne assise, cramponnée au paysage, solide et certaine d’exister d’un soleil à l’autre. Une femme qui prend la vie à cœur, attentive et sereine, qui déborde d’énergie, qui bouillonne, heureuse d’être en vie .»

Un avant-goût

C’était au fond d’un vestiaire. Une nuit de février. Ça portait un nom anglais, le Malcom’s ou le Harris Bar. Pascal l’y avait amenée. À deux heures du matin, disait-il, c’est la seule boîte de nuit qui swinge encore. Faute de préposée, ils devaient embouquer dans cet étroit et long vestiaire. La bousculade, des gens sortaient par vagues successives avec leur manteau, d’autres en file attendaient d’y entrer, une vraie foire. Isabelle avait retiré son manteau, que Pascal était allé suspendre en même temps que son immense cape. Il en était ressorti rutilant, puis s’était empressé de prendre possession d’une table, juste en face du vestiaire, qu’un groupe venait à peine de libérer. Elle le suivait en fouillant dans son sac, elle avait oublié ses cigarettes dans les poches de son manteau. Elle est retournée au vestiaire, en blaguant à propos de son horreur des foules : « Si tu ne me revois pas d’ici une demi-heure, appelle les pompiers, je serai grimpée au plafond. »

Le vestiaire était vide. Elle s’est enfouie jusqu’au fond, a ausculté ses poches, mis la main sur ses cigarettes et, comme elle se retournait, une Noire est entrée, sa fourrure sur le bras. Une grande Noire très maquillée, qui sentait le parfum et la poudre, qui souriait de toute sa bouche rose bonbon. L’image avait jailli, c’est le soir de sortie de Aunt Jemima. Elle prenait toute la place avec sa fourrure, sans se gêner, et lança un hello ! à faire gémir un mort. Elle est grise, conclut Isabelle, qui entreprit de la contourner en se faufilant à gauche, du côté opposé au vison, que la grande Jemima laissait mollement traîner de sa hanche jusqu’à terre. Puis, c’est arrivé comme une pierre déboule une colline. La femme a enserré sa taille de son bras droit, s’est collée contre elle en la tassant très doucement vers l’arrière, dans la pile de manteaux, et l’a embrassée sur la bouche, lentement, très lentement, en murmurant quelque chose en anglais, trois ou quatre mots dont elle n’a compris que « honey ». Elle a fondu dans le lainage et le poil. Une éternité, une seconde, une minute tout au plus. Le temps que la belle Jemima s’empare de sa bouche, qu’elle la mouille de sa langue en l’ouvrant comme une huître, qu’elle enserre sa lèvre inférieure entre ses lèvres charnues, le temps de goûter au parfum de sa bouche rose bonbon sur la sienne, le temps du petit son humide lorsqu’elle s’est détachée, ce fut tout. Son bras ramena Isabelle au milieu du vestiaire, pendant qu’elle marmonnait quelque chose en riant. Les mots de la belle Jemima lui échappaient, mais la voix claironnait joyeusement. Ce qui venait de se passer à l’instant était la chose la plus ordinaire à laquelle une femme peut s’attendre en sortant d’un vestiaire ! Isabelle eut le flash coloré de n’être qu’une oie blanche. Elle s’extirpa de là en replaçant ses cheveux, que son intrusion dans le fouillis de manteaux avait électrifiés. Personne ne la croirait, elle avait imaginé tout cela. Ses mains tremblaient, elle avait les poils dressés sur les bras, les genoux en guenilles, la culotte mouillée, elle ne rêvait pas, une femme l’avait embrassée. La situation était complètement farfelue. Elle l’avait laissée faire, une parfaite inconnue. Un homme aurait osé, elle aurait hurlé au viol !

Elle émergeait du vestiaire, elle resplendissait, survoltée et vaguement dans les pommes. Il y avait des coudes, des têtes, des corps lourds, du bruit, de la fumée, de l’ouate qu’elle repoussait et Pascal, d’un coup, là, devant elle. Elle dégrisa. De son siège, il avait tout vu. Elle ne respirait plus. Elle perdait contenance et cherchait son feu. Qu’allait-il penser, que les femmes l’attiraient ?

Tous droits réservés. Louise Auger et Numeriklivres.

Format numérique (ebook) — 258 pages-écrans — 4,99€

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