Fallait pas le chercher

de Victoria Nekfeet

Éditions Numeriklivres
Littérature sentimentale

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Sophie, célibataire apparemment assumée, la trentaine libérée, avec une vision pourtant bien acérée de la condition de femme mariée, supporte de plus en plus mal le regard négatif de ses parents sur ce qu’ils considèrent comme une tare, à savoir son célibat. Lors de la préparation du mariage de Philippe, son frère, Sophie, dans un défi qu’elle n’a pas même le temps d’analyser, annonce qu’elle viendra accompagnée de Bertrand, son fiancé. Le problème, c’est qu’elle n’a pas de fiancé… Prise au dépourvu, elle va être dans l’obligation d’improviser. Pour le meilleur et (mais) surtout pour le pire !

Un avant-goût

Thierry Maréchal m’écoute avec une attention comatique, les bras croisés sur son costume bleu pétrole, panoplie quasi réglementaire de tout analyste financier qui se respecte.

De temps en temps j’aperçois sa pomme d’Adam qui me fait coucou par-dessus le nœud de sa cravate, mais c’est bien le seul indice qui me prouve qu’il est encore en vie…

Pourtant je déploie tous les artifices habituels : voix pénétrante, yeux de biche effarouchée habilement complétés par de petits mouvements de main fébriles sensés trahir une excitation souterraine, mais rien à faire : son regard reste fixe comme celui du Général de Gaulle au musée Grévin et j’ai l’impression qu’on lui a coupé tous les nerfs du visage. C’est plutôt pas bon signe, mais je poursuis quand même jusqu’à la conclusion :

— Alors, Thierry, qu’est-ce que t’en dis ? ça pourrait être sympa, non ?

Il jette un œil sur ses pompes à trois cents euros tout en gardant les bras croisés, attitude classique du cadre qui réfléchit… Quelque part ça me rassure de savoir qu’il est encore vivant.

— Tu ne te trouves pas un peu gonflée ?

Là je comprends pas. Je l’invite au mariage de mon frère, c’est quand même super sympa de ma part ! À lui les mets délicats à volonté, les divins nectars, les discussions enfiévrées autour du plat de petits fours ! En prime il aura tout loisir de trémousser ses petites fesses sur les rythmes endiablés de DJ Sylvain.

En contrepartie, je lui demande juste de jouer mon fiancé pour la journée, pour ainsi dire rien en regard des félicités annoncées. Qu’est-ce qui cloche alors ?

— Tu as vraiment la mémoire courte…

Oh là là ! Le regard ! Je commence à comprendre.

C’est vrai qu’on a eu une petite aventure tous les deux il y a quelques mois. Bon. Ça a duré combien, cette histoire ? Trois semaines à tout casser, casées entre la fête de Noël de la boîte et le retour du stage ski de fond dans le Vercors.

Très sympa, enfin surtout au début. Parce que très vite je l’ai trouvé aussi collant qu’une poêle Tefal usagée, toujours à m’appeler toutes les cinq minutes pour un oui pour un non : « Et qu’est-ce que tu fais, là ? Tu épluches les comptes du magasin de La Ciotat ? J’ai envie d’être avec toi… » Mais avec joie mon loulou, tu grimperas sur mes genoux et tu tiendras la calculette !

Et puis cette manie de m’appeler « Mon amour », surtout au bout de vingt-quatre heures, c’était insupportable. Combien de pauvres filles s’étaient vues gratifiées du même sobriquet avant moi ? Le coup de la love story minute, ça marche pas avec Sophie !

Les vacances n’ont fait qu’accélérer le processus. Déjà dans le car il s’est collé à moi, et vu qu’il supporte pas les vibrations du moteur il a été malade la moitié de la nuit. Pendant le séjour j’étais le rocher et lui la moule : il voulait dormir, manger, skier, danser, rire avec moi. Et comme il est doté d’un humour de contrôleur RATP dans l’exercice de ses fonctions, c’était plutôt la torture. Parce que le sourire figé ça va cinq minutes, mais ça donne vite des crampes.

Moi qui partais à la montagne pour respirer l’air pur, j’avais l’impression de suffoquer. À la fin j’étais prise d’hallucinations, je voyais sa tête partout, même aux toilettes !

Pour le voyage du retour, Sylvie m’a réservé une place à côté d’elle : la rupture était consommée.

Mais on est restés bons copains comme on dit, le genre qui se font la bise quand ils se croisent dans les couloirs… Enfin, c’est ce que j’imaginais…

Tous droits réservés. Victoria Nekfeet et Numeriklivres.

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