La fin de la formation & le retour du mentorat.

Fabrice Liut
Liut Design
Published in
6 min readMay 29, 2019

Nous arrivons à la fin de l’ère de la formation dite traditionnelle, qui a fait son temps durant une époque de grands développements industriels. Cette logique et culture d’apprentissage n’est plus adaptée au monde d’aujourd’hui et encore moins au monde de demain : c’est le mentorat qui va reprendre sa place, soit “comme avant”, soit profitant des changements culturels de notre temps.

Voyons pourquoi la formation est arrivée à son terme et comment le mentorat va se développer et s’installer. Préentation d’un projet en développement dans ce sens > http://link.liut.design/mentors

La fin de la formation et du modèle éducatif traditionnel.

Je ne rentrerai pas dans les détails historiques ou philosophiques pour argumenter cette affirmation, je resterai simplement au niveau du constat : la formation vient d’un modèle d’éducation optimisé pour créer une quantité de “ressources humaines”, les termes sont importants. Ces ressources doivent porter un “savoir-faire” utile à la production, dans une chaîne de production globale qu’est une organisation “entreprise”, existant pour répondre à certains besoins du marché.

Voilà la logique de l’ère de laquelle nous sortons, celle de l’industrialisation intensive : Pour gagner plus, il faut produire plus. Pour produire plus il faut plus de ressources humaines qualifiées pour les différentes missions à remplir. Il faut donc former à ces “savoir-faire” et placer ces ressources dans le système de production et il faut en former beaucoup. Nous avons alors construit des grandes écoles, universités et centres de formation certifiants, pour “produire” cette ressource (humaine) nécessaire à alimenter nos entreprises, qu’on dit “qualifiée si certifiée”.

Depuis le début du siècle précédent, nous continuons sur la même logique qui est devenue notre culture et également un business plus que rentable :

  • 1. Passer par une école
  • 2. Obtenir la meilleure certification, quasi unique gage de confiance
  • 3. Prendre la place qui était prévue pour nous, si elle existe encore
  • 4. Produire

La formation et la production sont alors asynchrones : nous n’apprenons pas en produisant, nous apprenons, sommes certifiés et ensuite nous sautons dans le bain de la production.

A l’origine du modèle éducatif, l’école qui signifie étymologiquement “loisir”… On en est loin…

Une formation déconnectée du réel.

C’était la solution la plus optimale pour produire la quantité de ressources humaines nécessaire à remplir des tâches répétitives, rationnelles, centrées exclusivement sur le savoir-faire : en extrapolant à peine les termes, c’est produire des robots à remplir des tâches et certifier pour s’assurer de la qualité nécessaire de la ressource.

De nos jours, que ce soit pour des tâches manuelles, intellectuelles, simples ou compliquées, le modèle d’apprentissage est toujours le même : celui de la formation déconnectée du réel, dans une bulle de cas d’expérimentations la plupart du temps fictifs, ne traitant que des savoir-faire et préparée par ceux qu‘on dit porter “le savoir”.

Concernant “ces savoirs” à proprement parler, c’est une classe de “sachants” qui les détiennent, sorte d’élite certifiée elle aussi, faisant référence et écrivant pour les autres comment il faut faire et comment il faut penser. Ils écrivent des programmes qui alimentent à la chaîne la formation de ceux qui vont produire. En quelque sorte, eux aussi sont des ressources ultras spécialisées. Notre culture les places encore souvent “au dessus des autres”.

Toujours d’actualité ?

En 2019, les “ressources humaines” doivent être des humains sensibles, les tâches ne sont plus simplement mécaniques ou compliquées : elles sont sensibles et complexes. Pour répondre aux besoins sensibles (relations humaines, services, etc…) il nous faut développer des savoir-être. Pour répondre à la complexité, il nous faut développer une agilité à penser, une diversité d’intelligences, la collaboration, etc… Et que ce soit la sensibilité ou la complexité, ça ne s’apprend pas en formation dites traditionnelles.

Nous essayons de rendre rationnel et “savoir-faire” ce qui est “savoir-être”. Cela devient une ressource à laquelle nous former, on l’appelle “soft-skills”. Malheureusement, ce n’est pas en 2 jours ni même 2 mois qu’on développe ces éléments de sensibilité et encore moins dans une bulle en dehors d’expériences réelles de tous les jours où l’on doit pratiquer des “outils de sensibilité”. La sensibilité n’est pas une “technique” à apprendre. Être humain n’est pas une technique rationnelle à apprendre.

Pour ce qui est de la complexité, ce n’est pas non plus en 2 jours ni 2 mois que l’on développe une agilité à penser, une curiosité, une répartie, etc… C’est seulement en étant dans des situations réelles, face à des problématiques réelles qu’on peut, grâce aux autres et aux évènements, “rebondir”, réagir et alors souvent collaborer.

C’est par la répétition d’expériences et d’erreurs dans le réel qu’on apprend et non pas seulement des savoir-faire, mais aussi des savoir-être et plus largement des savoirs, c’est-à-dire de la connaissance et de l’expérience nécessaire à être agile d’esprit. Celui qui porte le savoir est le mentor et non pas une élite intellectuelle qui porte elle, certes de la connaissance, mais pas nécessairement l’expérience qui fabrique une réelle sagesse et les gestes à transmettre.

Le mentorat.

« […] Songez bien que c’est rarement à vous de lui proposer ce qu’il doit apprendre ; c’est à lui de le désirer, de le chercher, de le trouver ; à vous de le mettre à sa portée, de faire naître adroitement ce désir et de lui fournir les moyens de le satisfaire. »

Jean-Jacques Rousseau, Émile ou de l’éducation.

On dit de quelqu’un qu’il est mentor parce qu’il porte l’expérience et le savoir nécessaire au développement des autres. Depuis la nuit des temps, se sont les sages et les mentors qui transmettent et qui “forment”. C’est dans l’expérience partagée et des cas concrets du réel qu’on apprend et qu’on se développe. C’est dans le lien et la relation d’humain d’expérience à humain curieux, de mentor à élève que l’apprentissage se fait.

Mentors.

Comme il est toujours plus intéressant de concrétiser des observations théoriques et de proposer des pas d’actions concrets, voici le projet Mentors. Il est centré sur le mentorat à la facilitation mais représente une expérimentation de modèle à dériver pour pleins d’autres secteurs et sujets d’apprentissages.

Il repose sur l’expérience et la collaboration de multiples facilitateurs et cultures de facilitation : intelligence collective, agilité, ateliers & workshops créatifs, Design Sprint, interviews & recherches, etc… Ce sont autant de couleurs sur le spectre de la facilitation que vous pourrez explorer avec les Mentors de ce projet.

La facilitation s’apprend par la répétition d’expériences directes. Le futur facilitateur doit développer autant des savoir-faire que des sensibilités (savoir-être) et des savoirs pour nourrir sa boîte à outil, son coeur et sa curiosité, les moteurs de cette posture qui n’est alors plus uniquement qu’un “métier”.

L’idée est d’inviter l’apprenti facilitateur à placer des ateliers, tous formats, là ou il sent qu’il veut intervenir. L’initiation vient de lui, pour favoriser sa dynamique propre, ses désirs, nécessaire à son implication et à l’apprentissage.

Souvent, ce qui bloque au départ, c’est le syndrome de l’imposteur. Dans ce cas, il peut compter sur les Mentors du programme qui seront de “son équipe” pour l’accompagner et aussi rassurer “le partenaire projet”.

Dès l’opportunité validée, le Mentor prépare et facilite avec l’apprenti les ateliers et la démarche se répète jusqu’à l’autonomie de l’apprenti, validée en commun. Il peut devenir à son tour Mentor, s’il le souhaite.

La répartition des rétributions se fait en Win-Win — Le Mentor est payé par le partenaire et une part est pour l’apprenti, en toute transparence ! Ce qui pait “la formation”.

http://link.liut.design/mentors

Vos retours sont le bienvenus, et que vous soyez dors et déjà Mentors ou que vous souhaitiez être accompagnés et rentrer dans la dynamique, n’hésitez pas à nous écrire ! ✍️

Merci de votre lecture.

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