Les voitures de demain et le changement des codes du design automobile

Par Thomas Mussat

taxiensemble.fr

Les avancés technologiques dans le monde automobile sont nombreuses ces dernières années : de nombreuses voitures embarquent désormais des écrans, une connexion internet, et un nombre incalculable de systèmes de contrôle. Les voitures se transforment de plus en plus en objets connectés à part entière, et en vue de l’arrivée de véhicules entièrement électriques sur le marché, nos voitures vont très vite devenir un nouveau moyen de se connecter à internet, tout comme notre smartphone apparus il y a 10 ans.

Conduire. Un verbe qui pourrait disparaître dans les années qui suivent ?

De nombreux constructeurs se sont lancés dans un nouveau défi : rendre les voitures entièrement autonomes. Prenons en premier lieu une voiture commercialisée aujourd’hui : la fameuse Tesla model S. Cette voiture, tout d’abord électrique, embarque un nombre ahurissant de capteurs de toute sorte, lui permettant de rouler, pour le moment, sur l’autoroute en toute autonomie. A bord, on retrouve tout de même encore un volant bien sûr, mais à sa gauche se trouve aussi une tablette de 17 pouces nous permettant de lires les dernières news sur leMonde.fr, ou encore regarder une vidéo sur YouTube. Ce genre de pratique deviendra une norme dans nos déplacements futurs, notre regard sur la route ne sera sûrement plus nécessaire. Partons maintenant dans le futur, et jetons un œil à l’un des derniers concept car du constructeur allemand Mercedes-Benz, la F015.

Telegraph

A l’intérieur, non plus 4 sièges baquets, mais plus un salon posé sur un parquet en bois. Autour de celui-ci, des écrans. Des écrans tout autour de vous, vous permettant de regarder une série, travailler ou appeler votre tante sur Skype. Tout ça en vous déplaçant à bord d’une voiture qui conduit toute seule, vous n’avez même pas à regarder la route, elle le fait pour vous.

Notons tout de même la présence d’un volant à l’intérieur de cette voiture futuriste, celui-ci étant sûrement mis ici pour répondre à des problématiques de notre temps. L’algorithme des voitures autonomes n’étant pas forcément au point pour le moment pour permettre une autonomie totale, mais je suis convaincu qu’il ne sera plus nécessaire d’en intégrer un dans nos véhicules dans les années qui suivent.

Conduire deviendra peut-être une option lorsque l’on achètera une voiture, et encore, si les lois ne tournent pas en totale défaveur de la qualité de conduite de l’être humain, pensant qu’un algorithme évitera bien mieux que nous les problèmes rencontrés.

Faire cohabiter sur la route des voitures autonomes et des voitures classiques est d’ailleurs une grande problématique que se posent les constructeurs, les réactions de l’être humain étant peut-être trop complexe pour qu’un algorithme puissent les prévoir parfaitement et éviter la faute.

Petite aparté : l’un des véhicules autonomes de Google a récemment eu son premier accident responsable : bloqué sur sa voie par des débris, le véhicule a déboîté sur la gauche, et a rencontré sur sa route un bus : l’algorithme pensait que le conducteur de bus allais le laisser passer, erreur.

Regardons maintenant le design extérieur de cette voiture futuriste.

Tout d’abord, le fait que cette voiture soit électrique apporte quelques changements par rapport aux voitures thermiques : plus de pot d’échappement, plus d’énormes entrées d’air pour alimenter le moteur, et si vous avez eu l’oeil en regardant l’intérieur de celle-ci, plus de boite de vitesse. Même si ces changements ne sont pas majeurs, ils changent la encore des codes ancrés depuis la création de l’automobile.

Pour certains constructeurs de voitures électriques, notamment les constructeurs Renault et Toyota, lorsque leur véhicule devient électrique ou hybride, il est nécessaire que le design de celui-ci soit unique, que le logo du constructeur présent sur ces véhicules soit bleu par exemple.

Avem

Pour moi, montrer que notre voiture est électrique répond avant tout à des problématiques marketing qu’à une réelle réponse de designer. Le design des voitures électriques aujourd’hui est bien trop caricaturale, le client qui achète une voiture électrique aujourd’hui semble avoir besoin de montrer au monde qu’il aide la planète… Ce n’est pas ce que fait le constructeur Tesla d’ailleurs, et en vue du nombre de ventes de ces véhicules, une voiture électrique (et autonome) se vend très bien quand elle garde les codes du design des voitures classiques, tout en montrant discrètement qu’elle ne pollue pas.

Un point assez intéressant est tout de même à mettre en avant lorsque l’on regarde cette Mercedes-Benz fonctionner : elle communique avec l’extérieur avec ces phares comme une voiture classique, mais pas seulement, lorsqu’elle effectue un freinage fort, un STOP se dessine sur son pare-chocs arrière pour prévenir l’utilisateur derrière elle. Lorsqu’un piéton désire traverser la route devant elle, elle va dessiner un passage piéton sur le sol pour qu’il traverse en sécurité. Toute ces interactions sont donc avant tout pour communiquer avec l’être humain et les véhicules non autonomes.

Ce type d’interaction sera sûrement nécessaire pour implémenter des véhicules autonomes au côté de voitures classiques, mais disparaîtra sûrement quand toutes les interactions nécessaires à son parfait fonctionnement se transmettront via des données transitant sur internet et pouvant être récupéré par la voiture derrière elle ou par notre smartphone qui nous dira que l’on peut traverser sans danger.

Et que fait-on du plaisir conduire ?

La voiture électrique et autonome ne possèdent pas forcément la réponses à toutes les questions. Personnellement, je conduis plus au moins 2 heures par jour pour mon trajet Maison / Campus à bord d’une petite Alfa Roméo, et c’est toujours un plaisir que d’entendre crier un petit 4 cylindre italien, de pouvoir rétrograder pour accélérer, de conduire tout simplement.

Regarder une vidéo pendant qu’un algorithme conduit à ma place sans prendre une once de plaisir me semble pour le moment inimaginable, et je ne pense pas être le seul à penser ça, les “Petrolhead” ( amoureux de l’automobile ) ne rêve pas d’une voiture autonome, mais plus de la dernière création des constructeurs d’hypercar comme Lamborghini ou Ferrari.

De nombreux constructeurs haut de gammes se lancent dans l’automobile hybride, comme Porsche et ça 918 ou encore Koenigsegg et sa Regera. Le moteur thermique est encore présent aujourd’hui grâce à ses performances à grande vitesse, tandis que le moteur électrique apparaît à ses côtés pour la puissante accélération qu’il génère.

Helvetio

Pour le constructeur Ferrari, il est pour le moment inconcevable de produire une voiture électrique entièrement consacrée au plaisir de conduire car les moteurs électriques ne répondent pas à cette problématique : pas de bruit, pas de boite de vitesse, et une vitesse maximale limitée (les constructeurs se focalisent essentiellement sur ce chiffre en ce moment).

Conduire sans entendre le bruit d’un moteur peux paraître idyllique pour certain, mais pour d’autres c’est une aberration. Un constructeur Japonais, GLM, intègre dans l’habitacle de son dernier modèle électrique la possibilité de recréer le son d’un moteur thermique. Cette solution, bien qu’intéressante, n’est pas forcément suffisante… Une voiture qui ne fait aucun bruit est aussi un soucis de sécurité, le bruit d’un moteur thermique permet de prévenir les passants de notre arrivée, pas celui d’un moteur thermique.

Pour l’Europe, la voiture doit faire du bruit, et c’est pour cela qu’elle a lancé le projet e-VADER : trouver un bruit pour les voitures électriques. Avec un peu de chance, le son choisi nous donnera l’impression de conduire une soucoupe volante… mais probablement pas une voiture.

Heureusement, certains constructeurs se basent sur le passé pour construire l’avenir. Le design des voiture anciennes possèdent un charme unique, et lorsque l’on voit la dernière création d’Alfa Roméo, on ne peux qu’espérer que la voiture du futur ressemblera plus à ça qu’à un vaisseau spatial.

Merci de votre attention !

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