L’Eurovision : Une autre vision de l’Europe?

Benjamin Dasnois
L’Oeil Ailleurs
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4 min readMar 13, 2016

“On peut faire de la géographie avec n’importe quoi” ; ces mots de mon professeur d’Histoire-Géographie de Première et Terminale me sont restés gravés dans la tête. C’est ainsi qu’il expliquait que tout, du football à la télévision, était en fait affaire de politique. Un petit morceau de ce nœud gordien qui lie toute chose à toutes autres.

Une histoire de l’Europe

C’est ainsi qu’aujourd’hui j’ai décidé de parler politique au travers de l’Eurovision. En effet, quoi de plus logique alors que l’on sait maintenant qui sera le représentant de la France dans la fameuse “Green Room”, que nous ne sommes plus qu’à deux mois de la grande finale et que l’Europe, notamment l’Union Européenne, traverse une crise sans précédent, que de s’intéresser à cette grande messe européenne? Good evening Europe!

C’est en 1956 qu’eu lieu pour la première fois, en Suisse, Le Grand-Prix Eurovision de la Chanson Européenne. Lancé par l’European Broadcasting Union (L’union européenne des diffuseurs) dans le but, après la guerre, de rapprocher les pays européens autour d’un divertissement, il était aussi, et cela tombait bien, une véritable aventure technologique.

Alors que la télévision par satellite n’existait pas, diffuser ainsi à travers toute l’Europe était une véritable prouesse et un défi qui fût relevé avec succès.

Un concours plein d’espoir

Souvent raillé, parfois même en plein direct par les présentateurs nationaux, ce programme est pourtant une grande réussite avec d’énormes moyens qui font passer Les Victoires De La Musique pour une production amateure. Il s’agit par ailleurs de l’un des programmes les plus regardés au monde car c’est bien à travers le monde entier que cette image de l’Europe est envoyée. Et soyons francs, il s’agit là d’une formidable image : des dizaines de pays qui ensemble célèbrent l’une des formes les plus universelles de communication, s’inventant un petit bout d’Histoire commune et donc de culture commune. Mieux encore, cette année l’Australie sera de retour dans la compétition.

Osons le dire, contrairement à l’Union Européenne qui est au bord de la dissolution de fait alors qu’elle fait face à sa première grande crise au lieu de s’entre-aider et de réfléchir à de vraies solution commune, l’Eurovision a réussi son pari initial en devenant un événement fédérateur. L’an dernier le thème était d’ailleurs “Building Bridges” (construire des ponts), en 2014 “Join Us” (rejoignez-nous) et cette année il est “Come Together” ce qui peut se traduire par “se rejoindre” mais aussi “avancer ensemble” ou encore “jouir ensemble” ; une véritable invitation à être ensemble et construire ensemble donc.

L’Europe qu’on aime

Si l’on aime tant le concours Eurovision, au-delà de son aspect divertissant, c’est peut-être justement pour cela : il est une invitation à progresser ensemble. Bien loin de l’Union Européenne et de sa technocratie, bien loin de se demander quel pays tire le plus avantage de telle décision, de vouloir imposer à l’autre telle ou telle chose, l’Eurovision est le symbole d’une Europe qui fait des choses ensemble, d’une Europe qui a trouvé un moyen de diffuser la télévision sur un si vaste territoire, de créer un événement parlant à chaque culture nationale, qui malgré des divisions (on peut par exemple penser à la présence de la Russie) se parle, communique et échange.

L’échange est peut-être la chose la plus importante de l’Eurovision, et il faut revenir à ce qu’est l’Eurovision et non uniquement le concours de chanson pour comprendre l’importance de la coopération au sein de l’EBU. En effet si l’EBU permet aux diffuseurs d’échanger des compétences techniques l’Eurovision Network leur permet d’échanger des programmes. Ce réseau, dont certains programmes sont encadrés par la fameuse tonalité qu’est le Te Deum de Marc-Antoine de Charpentier, est en effet utilisé par différents diffuseurs pour échanger des programmes dont les actualités mais il a aussi, par exemple, été utilisé pour la transmission des images des Jeux Olympiques de Londres 2012!

L’Eurovision, c’est aussi l’Europe pionnière, l’Europe qui avance, qui se lance dans le futur ; en effet, alors que YouTube ne verra le jour qu’en 2005 et que c’est à cette même période que l’on verra la télévision être diffusée par Internet pour la première fois en France, c’est dès 2000 que le concours de chanson de l’Eurovision fût diffusé en direct sur son site Internet. L’EBU a donc très bien réussi et continue dans sa mission puisqu’elle fait partie du mouvement HbbTV qui définit un standard pour les télévisions connectées à Internet.

L’EBU aura peut-être fait plus pour la création d’une part de culture commune au sein de l’Europe que l’Union Européenne puisqu’on peut aussi, entre autres, verser à son crédit les fameux Jeux Sans Frontières qui avaient, eux aussi et sous l’impulsion du Président de Gaulle, pour but de réunir les peuples d’Europe.

Aimons l’Eurovision

Avec ces quelques éléments en tête, j’aimerais que les commentateurs, ignorant de ce qu’est réellement l’Eurovision, arrêtent de souhaiter que nous n’y prenions plus part pour faire le spectacle. Même si l’on veut parfois lui donner un air désuet, un petit côté kitsch, l’Eurovision est bien loin de ça et n’est qu’une petite partie d’un grand tout qu’est l’EBU.

L’Eurovision est sans doute, bien plus que l’Union Européenne, notre culture commune et un merveilleux moteur technologique et de développement, aimons-la!

Let the Eurovision Song Contest continue!

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Benjamin Dasnois
L’Oeil Ailleurs

Developer, passionate about freedom, democracy & information. French Londoner. I make your TV smart and ensure you can enjoy your favourite TV programmes.