La certification dans l’humanité : le Moyen Âge

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16 min readJan 4, 2024

Comme évoqué précédemment dans l’article sur la certification pendant l’antiquité, les systèmes de certification ont façonné les grandes civilisations humaines.

Cet article se concentre sur l’influence cruciale de la certification dans la société au Moyen Âge, une période complexe s’étendant du 5e à la fin du 15e siècle, marquée par la fragmentation politique après la chute de l’Empire romain.

La certification, à travers des éléments tels que les sceaux féodaux, les tabellions et les lettres de change a joué un rôle central dans la préservation, l’authentification et la transmission d’informations à l’époque des châteaux forts. Nous examinerons comment ces pratiques ont contribué à maintenir l’ordre, à établir des normes, et à adapter la société à la réalité changeante de l’époque médiévale. En mettant en lumière l’évolution des techniques de certification, nous observons la persistance et l’adaptation des anciennes méthodes romaines dans le contexte féodal. Celles-ci façonnent la structure juridique et sociétale de cette période charnière de l’histoire européenne.

La certification n’est pas simplement une formalité administrative ; c’est la marque authentique qui scelle l’essence d’une époque, conférant à chaque acte, à chaque œuvre, une légitimité qui transcende le papier pour devenir le témoignage palpable de l’histoire

L’Art du Sceau au Moyen Âge : Gardien de l’Authenticité et Symbole d’Identité

Au cœur du Moyen Âge, une époque où l’écrit n’était pas monnaie courante, les sceaux et cachets ont émergé en tant que gardiens précieux de l’authenticité des documents. Loin de n’être que des ornements, ces empreintes en relief jouaient un rôle crucial dans la reconnaissance des auteurs et dans la validation des actes. Leur utilisation remonte à l’Antiquité, mais c’est au Moyen Âge qu’elle devient généralisée.

Symbole de la personnalité juridique de son détenteur, il assure une triple fonction :

  • Il clôt, « scelle » et garantit le secret ou l’intégrité d’un contenu
  • Il affirme, indique la propriété de l’objet scellé
  • La plus importante de ses fonctions est la troisième : il valide et rend authentique l’acte écrit

Sceaux des Puissants et des Grands Seigneurs

Frédéric I, Barberousse (1122–1190) Empereur allemand, appartenant à la maison des Hohenstaufen, élu empereur par la diète de Francfort en 1152 et couronné à Rome en 1155 par le pape Adrien IV.

Sous la dynastie Carolingienne (8e au 10e siècle), le sceau acquiert une valeur juridique engageante, trouvant une place significative dans les chancelleries royales. Au 11e siècle, il se diffuse parmi les grands seigneurs, ajoutant une dimension symbolique à travers des sceaux équestres. Ces derniers représentent les seigneurs à cheval dans leur tenue de combat, tandis que les suzerains se distinguent par des sceaux de majesté où ils siègent sur leur trône, ornés des attributs du pouvoir. L’affirmation du pouvoir royal et féodal était inscrite sur ces sceaux, leur utilisation quotidienne renforçait leur autorité et imposait leur contrôle sur toutes les transactions au sein de leur territoire. Ces sceaux avaient un spectre d’utilisation large, ils étaient utilisés pour certifier et valider les accords commerciaux, les transactions foncières, les mariages et alliances et toutes les déclarations officielles.

Sceau de Louis IV d’Outremer rivé à un acte de 953. Caractéristique des chancelleries carolingiennes, la technique du sceau rivé consistait à plaquer la galette de cire sur le parchemin et à en pousser une partie à travers une incision de façon à l’aplatir au revers.
AD Marne, 56 H 33

Extension à Toute la Société

Entre le 11e et le 13e siècle, l’utilisation des sceaux s’étend à différents segments de la société. Les dames de l’aristocratie, les communautés religieuses, les villes, ainsi que l’ensemble du clergé et de la petite noblesse adoptent les sceaux pour officialiser leurs documents. Ces empreintes deviennent des témoins de l’évolution sociale, reflétant les classes dirigeantes, la bourgeoisie et même les femmes.

second sceau de la Jeanne de Navarre, reine de France (1285–1305). Dans une niche d’architecture, la reine debout, couronnée, tient le sceptre de la main droite.Sur les piliers, à gauche, l’écu de France ; à droite, celui de Navarre. AN, sc/D 157

Évolution des Sceaux : Vers une Société Commerciale

La multiplication des sceaux, notamment ceux des villes, reflète l’essor du commerce et des franchises municipales. Ils deviennent un moyen indispensable de validation des transactions et des contrats, témoignant ainsi de l’évolution économique et sociale de la société médiévale. L’essor du commerce s’accompagne du besoin de certification.

Tonneliers de Bruges Un compas et une doloire, sur champ fretté ( texte SEGHEL • DER • CVPERS • VAN • BRVGGhE) 1407 — DEMAY G., Inventaire des sceaux de Flandre, Paris, 1873 , n° 4769

Certification au Service de la Société : Notaires et Tabellions

Aux côtés des sceaux, la certification des actes au Moyen Âge était assurée par les notaires et les tabellions. Ces officiers publics rédigeaient et authentifiaient une variété d’actes, renforçant la confiance dans les transactions juridiques et familiales. La distinction entre notaires et tabellions était souvent claire, le notaire rédigeait divers actes tandis que le tabellion se spécialisait dans la certification.

Sceau des foires de Champagne (1333). Depuis le XIIIe siècle, le garde des foires de Champagne assure une activité de notariat en donnant la sanction de l’autorité comtale puis royale aux actes de droit privé relatifs aux transactions et aux créances passés sous son sceau Archives nationales, sc/B 584

Sceau des foires de Champagne (1333). Depuis le XIIIe siècle, le garde des foires de Champagne assure une activité de notariat en donnant la sanction de l’autorité comtale puis royale aux actes de droit privé relatifs aux transactions et aux créances passés sous son sceau Archives nationales, sc/B 584

Les Sceaux des Villes, des Métiers et les Armoiries

Au-delà de leur rôle dans l’authentification des documents, les sceaux jouaient un rôle crucial dans la représentation des identités urbaines, des corporations de métiers et des familles aristocratiques. Les villes alsaciennes, comme celles de la Décapole, ont développé des sceaux distincts, témoignant de leur alliance pour défendre leurs libertés. Les corporations de métiers, avec leurs propres sceaux, ont contribué à l’essor du commerce et à la validation des produits. Les armoiries, initialement utilisées par les chevaliers pour s’identifier, sont devenues des symboles présents dans tous les aspects de la vie quotidienne, reflétant l’identité et l’appartenance à une famille ou à une ville.

Sceau de 1289 de la ville de Strasbourg

Les Sceaux du Clergé, des Évêques et des Monastères

Les sceaux étaient également des instruments importants pour le clergé médiéval. Les évêques, les papes et les monastères utilisaient des sceaux pour authentifier des documents, marquant leur influence et leur autorité dans la société médiévale. L’Alsace, avec ses multiples diocèses et institutions religieuses, offre un panorama diversifié de l’utilisation des sceaux dans le contexte ecclésiastique.

H/7834/4 — Ratification par Richard Cœur de Lion de l’acquisition de Robehomme par l’abbaye Saint-Martin de Troarn (1190). Le sceau, dit “sur double queue”, est attaché à l’acte par un lien passé dans les trous sur le repli du document. (archives du calvados)

  • sceau pendant, suspendu par des attaches. Elles peuvent être en parchemin, en lacs de soie, en cordelette ou encore en cuir.

Les sceaux pendants étaient employés par diverses catégories de personnes, notamment les personnalités de haut rang, les paysans qui ne maîtrisaient ni la lecture ni l’écriture, les entités institutionnelles telles que les universités, les monastères et les corporations d’artisans, ainsi que les municipalités. Ils servaient de signature et étaient fixés aux documents par des lacets de cuir ou de soie, communément appelés “queue”.

L’empereur Louis IV cède le village de Kintzheim 16 mars 1338 à la ville de Sélestat. Une charte sur parchemin, cordon en soie verte avec fragment de sceau. Le sceau original mesure plus de 10 cm de diamètre. Un moulage du sceau complet, réalisé par le Musée du sceau alsacien est conservé aux Archives. De nombreux sceaux, très fragiles, ont disparu ou sont à l’état de fragments. La dégradation de la cire et des lacs de soie, matériaux fragiles qui ont traversé les siècles avec beaucoup de dommages est fréquente. La disparation des sceaux peut aussi être la conséquence de malveillances passées. Archives municipales de Sélestat : DD8 (1338)

Les bagues de sceaux :

Les Mérovingiens, habiles artisans du métal, fabriquent des bijoux, et parmi eux des anneaux sigillaires en or ou en bronze. Sur ces anneaux ne figurent bien souvent que le nom ou le monogramme du propriétaire de la bague. Plus simplement n’est gravé parfois qu’un S barré ou suivi d’un point signifiant signum ou sigillum (Cachet, sceau, empreinte d’un sceau). Destinée à être apposée sur les documents à côté des noms des témoins ou du souscripteur de l’acte, cette marque ne figure qu’à dessein d’authenticité, faisant du sceau une preuve. Durant la période du Haut Moyen-Age, de nombreuses femmes ont commencé à posséder leur propre anneau sigillaire, comme en attestent les multiples exemplaires retrouvés lors des campagnes de fouilles de sépultures.

Paris — Musée de Cluny — les temps mérovingiens — bague d’Ingonde — 523

On recense par ailleurs d’importantes empreintes reçues en bas des diplômes mérovingiens par les princes de cette dynastie, comme celui de Childéric Ier (5e siècle) ou Clovis Ier. Les reines possèdent également le leur, à l’instar de Berteildis, épouse de Dagobert Ier. Les chancelleries carolingiennes poursuivent dans le même élan pour valider leurs actes. Sont utilisées dans un premier temps des intailles antiques représentant des divinités ou des portraits d’empereur. Dans l’empire byzantin, on assiste à des innovations techniques d’importance ; les chancelleries adoptent un appareil en forme de pince pour imprimer le plomb ; ce métal connaît un grand succès puisque la « bulle » de plomb des papes adoptée au moins dès le VIIe siècle finit par donner son nom au document.

boullotirion Bizantin, outil utilisé pour fabriquer les bulles de plomb

Bulle papale, Innocent III. s.d. (1198–1216).

L’utilisation de la bulle se retrouve essentiellement en Italie centrale, méridionale et insulaire où elle est pratiquement le seul sceau utilisé. En revanche, elle est inconnue au Nord de la Flandre et en Angleterre.

Moulage du sceau de Guillaume le Conquérant (11e siècle archives du Calvados))

Dans d’autres régions, son usage cohabite avec celui du sceau en cire (Italie du Nord, Provence, Dauphiné, Lyonnais, Languedoc, Péninsule ibérique). Les raisons de l’emploi d’une bulle répondent à des questions de mode et c’est sous les Carolingiens (8e-9e siècle), puis aux 12e et 13e siècles qu’elle devient la plus courante. À la fin du Moyen-âge, elle est partout en passe de disparaître. Le sceau va peu à peu se démocratiser dans le contexte de l’éclatement et de l’affaiblissement de la puissance publique. Si son utilisation pour les actes est uniquement royale ou impériale au début, ecclésiastiques et seigneurs ont le droit d’en utiliser à leur effigie à partir du 11e siècle, à l’instar des comtes de Flandres aux alentours de 1050. Puis, cela devient aussi le fait d’établissements publics ou privés, d’autorités laïques, religieuses ou de particuliers :

  • dans le courant du 11e siècle les bourgeois, les villes et même, à partir du 13e siècle, les artisans et les paysans, en disposent, symbolisant ainsi une certaine autonomie juridique.

Les sceaux au Moyen Âge étaient bien plus que de simples ornements. Ils étaient les gardiens de l’authenticité des documents, témoignant de l’évolution sociale, économique et juridique de la société médiévale. Les sceaux des villes, des corporations de métiers et des familles aristocratiques sont autant de témoignages visuels d’une époque révolue, mais dont l’héritage persiste dans notre compréhension de l’identité médiévale. Chaque empreinte portait le poids de la certification, façonnant ainsi une période où la visualisation était aussi importante que l’écriture.

Les Notaires et Tabellions au Moyen Âge : Gardiens de l’Authenticité Juridique

Au cœur de la société médiévale, la profession de notaire a joué un rôle central dans la préservation de l’ordre juridique. Cette institution, dont les racines remontent à l’époque romaine, s’est développée de manière significative au Moyen Âge, influencée par le renouveau du droit romain et les échanges avec l’Italie. Parallèlement, les tabellions, équivalents des notaires, sont apparus, avec des connotations géographiquement et historiquement différentes.

L’histoire du notariat médiéval, particulièrement en Provence à partir du dernier quart du XIIe siècle, révèle une évolution substantielle. Les notaires, en tant qu’officiers ministériels, ont progressivement façonné leur rôle au sein de la société. Leurs registres, classés en brouillards, protocoles, et étendues, offrent un témoignage riche et varié sur la vie quotidienne médiévale. Contrats, testaments, transactions immobilières, constitutions de dot, et autres actes, soigneusement consignés, constituent une source inestimable pour comprendre les dynamiques sociales et économiques de l’époque.

Registre des notaires (XIVe siècle), Bibliothèque Augusta de Pérouse (Italie)

La certification, pierre angulaire du métier, était assurée par la signature et le sceau du notaire ou tabellion. Cette authenticité juridique conférée aux actes renforçait la confiance dans les transactions commerciales et familiales. Les notaires étaient bien plus que de simples rédacteurs d’actes ; ils étaient les gardiens de la stabilité juridique, contribuant activement à la création et au maintien du tissu social médiéval.

registre de minute notariale 1415–1436 archives de la Loire

Les conditions d’accès à la profession étaient strictes, impliquant des critères de religion, de naissance légitime, d’indépendance matérielle et morale, d’âge et d’honorabilité. Le notaire devait prêter serment et obtenir le privilegium notariatus pour exercer sa fonction, soulignant ainsi l’importance éthique et sociale de la profession.

La distinction entre notaire et tabellion, bien que parfois confondue, était marquée. Tandis que le notaire rédigeait une variété d’actes, le tabellion se spécialisait dans la reproduction certifiée de documents existants. Cette complémentarité reflétait la diversité des fonctions juridiques nécessaires à la société médiévale. L’évolution historique, notamment sous l’édit de mai 1597 d’Henri IV, a conduit à la fusion progressive des deux professions sous le terme “notaire”.

Au Moyen Âge, les notaires et tabellions étaient bien plus que de simples fonctionnaires. Ils étaient les architectes de la stabilité juridique, tissant les liens juridiques qui formaient le socle de la société médiévale. Leurs registres, véritables trésors d’informations, attestent de l’importance cruciale de la certification dans la préservation de l’ordre social et juridique de l’époque.

La Certification par Lettre de Change au Moyen Âge : Un Art Ancien du Commerce

La lettre de change, telle que nous la connaissons aujourd’hui, a ses racines profondément ancrées dans les pratiques commerciales du Moyen Âge. Pendant cette période tumultueuse de l’histoire, la certification par lettre de change est devenue un instrument crucial, facilitant les échanges commerciaux à travers l’Europe et jetant les bases d’un système financier en évolution.

Histoire de la Lettre de Change au Moyen Âge :

Au Moyen Âge, les voyages commerciaux étaient souvent risqués et laborieux. Les marchands, cherchant à minimiser les dangers liés au transport de grandes sommes d’argent, ont commencé à utiliser des lettres de change comme un moyen de certifier des paiements à distance. Bien que ses origines soient souvent associées à la Rome antique, c’est au Moyen Âge que la lettre de change a véritablement pris son essor. Ce système a été vraiment démocratisé par les Templiers (aux 12e et 13e siècles) quand ils accompagnaient les pèlerins chrétiens pour Jérusalem. Le négociant demandait à son banquier de lui procurer le change sur la place étrangère où il se rendait. Le banquier remettait une lettre à son correspondant sur place.

Le sceau de l’ordre du Temple représentant 2 personnes partageant le même cheval. Symbole de pauvreté. (Bien que chaque templiers puissent posséder jusqu’à 3 chevaux…) On peut y lire « Sigilum Militum Xpisti » = « Sceau militaire du Christ ».

Les premiers exemples de lettres de change datent du 13e siècle. Ces lettres étaient des documents écrits dans une forme épistolaire, contenant des ordres de paiement entre différentes parties. Elles étaient utilisées pour échanger de l’argent entre différentes devises, facilitant ainsi les transactions commerciales à travers les régions et les marchés médiévaux.

Certification et Contrats :

La lettre de change du Moyen Âge ne se limitait pas seulement à faciliter les paiements. Elle jouait également un rôle crucial dans la certification des contrats commerciaux. Les marchands pouvaient émettre des lettres de change comme garantie de paiement pour des transactions futures. Ces lettres servaient ainsi de contrat commercial, énonçant les termes de l’accord entre les parties impliquées.

Le changeur, expert dans les transactions monétaires, devenait une figure centrale dans le processus de certification. Les marchands avaient recours à ces professionnels pour émettre des lettres de change, assurant ainsi la fiabilité des transactions et la sécurisation des fonds impliqués.

Exemples Historiques :

Un exemple notable remonte à 1325, avec une lettre de change émise à Milan et payable à Lucques à cinq mois de la date d’émission. Ce document témoigne de l’utilisation précoce et répandue de la lettre de change pour des paiements à longue distance.

Dans une lettre de Cicéron datant du 12e siècle, Livre, le banquier vénitien, agissant comme intermédiaire, envoie vingt-cinq mille marcs d’argent à l’empereur Frédéric II en Allemagne. Cette lettre de change illustre comment les marchands utilisaient ce moyen pour des paiements transnationaux.

Utilisations dans le Commerce Médiéval :

Au-delà des simples transactions, la lettre de change était également utilisée dans des centres commerciaux tels que ceux de Champagne, où les vendeurs permettaient aux clients de partir avec des marchandises sur parole, fixant le paiement à des marchés ultérieurs. Les lettres de change étaient alors employées pour formaliser ces arrangements.

Jacques Cœur :

Jacques Cœur, notable marchand et argentier du 15e siècle en France, Palais Jacques Cœur à Bourges, témoignages tangibles de la certification dans l’architecture médiévale.

En mettant en lumière la vie de Jacques Cœur, nous observons comment un homme d’affaires visionnaire a transcendé les frontières entre le commerce, l’art et la certification, laissant derrière lui un héritage qui résonne à travers les siècles.

Jacques Cœur, artisan du renouveau financier après la guerre de Cent Ans, a marqué l’histoire en stimulant les échanges entre la France et l’Orient. Pour asseoir sa puissance dans le commerce international, il a innové en introduisant des pratiques avant-gardistes telles que l’utilisation de lettres de change et de certifications.

La stratégie audacieuse de Jacques Cœur visait à concurrencer des places commerciales renommées comme Venise et Gênes. À une époque où les transactions commerciales reposaient souvent sur la confiance, l’introduction de certifications et d’autres méthodes sécurisées a révolutionné ses affaires. Il a exploité des mines en France pour assurer un approvisionnement stable en métaux précieux, renforçant ainsi sa position dans le négoce.

Par le biais de ses opérations, Jacques Cœur a établi des bases solides pour le commerce futur avec l’Orient. Ses entreprises s’étendaient des mines d’argent aux ports méditerranéens, et son monopole dans l’importation des épices et le transport des marchandises vers les ports musulmans témoignait de son influence grandissante.

Bien que son parcours ait été entaché par des accusations fallacieuses et une disgrâce ultérieure, l’héritage de Jacques Cœur réside dans sa vision avant-gardiste du commerce, avec l’utilisation de certifications comme un pilier essentiel pour bâtir sa puissance économique. On lui doit la devise: à cœur vaillant rien d’impossible.

Lettre de changes en Europe.

Les marchés des Pays-Bas, de l’Italie et du sud de la France ont également adopté les lettres de change comme moyen de paiement, démontrant leur rôle central dans le commerce médiéval. L’essor et l’utilisation de cette technique a permis de certifier les transactions commerciales et a grandement contribué à la libéralisation des échanges entre royaumes et empires.

La certification par lettre de change au Moyen Âge a marqué une étape importante dans l’histoire du commerce et des transactions financières.

Elle a facilité les échanges commerciaux, atténué les risques liés aux voyages, et établi un système qui s’est perpétué dans les siècles suivants. À travers des exemples historiques et des utilisations variées, la lettre de change a prouvé son rôle vital dans la tapisserie complexe du commerce médiéval, contribuant à jeter les bases du système financier moderne que nous connaissons aujourd’hui.

Plan Jacques Cœur et le commerce international

© Palais Jacques Cœur / Centre des monuments nationaux

En explorant le riche tissu de la certification au Moyen Âge, nous découvrons un réseau complexe d’interactions sociales, juridiques et commerciales qui ont façonné cette période charnière de l’histoire européenne. Des sceaux féodaux aux lettres de change, la certification a joué un rôle crucial dans la préservation de l’ordre, l’authentification des actes, et la facilitation des échanges commerciaux.

Les sceaux, bien plus que de simples ornements, étaient les gardiens de l’authenticité des documents, témoignant de l’évolution sociale, économique et juridique de la société médiévale. Des empreintes en relief des puissants et des grands seigneurs aux sceaux des villes, des métiers et du clergé, chaque marque portait le poids de la certification, symbolisant l’identité et le pouvoir à une époque où la visualisation était aussi importante que l’écriture.

Les notaires et tabellions, gardiens de l’authenticité juridique, ont largement contribué à la stabilité juridique de la société médiévale. Leurs registres, véritables trésors d’informations, attestent de l’importance cruciale de la certification dans la préservation de l’ordre social et juridique de l’époque.

La lettre de change, émergeant comme un instrument crucial, a facilité les échanges commerciaux à travers l’Europe médiévale. Au-delà des simples transactions, elle a également joué un rôle dans la certification des contrats commerciaux, témoignant de l’évolution des pratiques commerciales et de l’établissement d’un système financier en évolution.

Cependant, la certification ne se limitait pas aux actes juridiques et aux transactions financières. Elle se manifestait également dans les chefs-d’œuvre de la construction et de l’art, incarnant une identité forte et des idées novatrices. Les cathédrales gothiques, les châteaux forts, les manuscrits enluminés et les œuvres artistiques étaient autant de chefs-d’œuvre certifiés, garantissant la marque d’une époque imprégnée de raffinement rare et de nouvelles idées.

Tapisserie de Bayeux 11e siècle

Ainsi, la certification au Moyen Âge était bien plus qu’un simple processus administratif. C’était le pilier sur lequel reposait l’ordre social, juridique et commercial, symbolisant l’essence même d’une époque qui embrassait l’authenticité, la confiance et l’expression créative. Chaque sceau, chaque acte notarié, chaque lettre de change était une pièce du puzzle complexe qui définissait le Moyen Âge, une période où la certification transcendait le papier pour devenir le témoin tangible de l’histoire.

Dans un prochain article nous continuerons de remonter le temps pour étudier ce que l’époque de la Renaissance a apporté comme nouvelles techniques de certification. Merci pour votre attention.

(Pour aller plus loin je vous conseille la lecture du Livre Le Grand Coeur de Jean Christophe Rufin sur l’histoire de Jacques Coeur.)

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