Mission Biosphère — Semaine 4

Le 20 février 2018, Nomade des Mers a lancé la phase 2 de son exploration low-tech : La Mission Biosphère, ou 4 mois en autonomie grâce aux low-tech. Chaque semaine, Corentin nous partage son journal de bord.

Gold of Bengal
Low-tech Lab Stories
19 min readMay 8, 2018

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JOUR 18

Première nouvelle, mon indice de condition physique est de nouveau à 8 ! Tanita a rendu son verdict : 60kg !

J’ai repris 1,2kg. C’est une excellente nouvelle !

Je me demande quel est le délai entre un changement alimentaire et sa conséquence au niveau de la masse.

Corentin à bord de la Mission Biosphère — Février 2018 — © Gold of Bengal

Ces derniers jours, j’ai augmenté ma consommation de maïs, mangé de la spiruline mais consommé moins d’oeufs. Je pense que mon activité physique a diminué depuis l’orage du jour 15 qui a conclu la crise de l’eau. Mais cela est difficilement visible par la lecture des donnés enregistrées par la montre (pouls et niveau de stress).

Samedi. Journée passée à compléter la matrice, l’analyser, et écrire le journal hebdomadaire.

Je devais me rendre chez les voisins pour apprendre à cultiver des algues. Mais Guit et Farein n’étaient pas là. Il n y avait que les parents, je n’y suis pas allé.

Je me demande comment compenser l’évaporation d’eau dans les bacs de spiruline. Comme la plateforme bouge quasiment en permanence, il est difficile de créer un repère visuel pour lire le niveau et en déduire la quantité évaporée tous les jours. D’après les infos trouvées sur internet, elle pourrait être de 1cm par jour. Soit 10 litres par m2. Je ne compense pas cette évaporation pour le moment.

Il faut que je prenne garde à ne pas laisser la solution se concentrer. La spiruline risquerait de mourir.

La seule solution qui me parait fiable est de compenser l’évaporation les jours où la plateforme sera suffisamment stable, et en déduire une moyenne d’évaporation quotidienne.

🐛 La crise des chenilles parait terminée !

J’espère que c’était un bizutage ! Pas un évènement récurrent…

Pour éviter que cela se reproduise, j’isole les agrumes. Je pense que c’est là que les papillons pondent leurs oeufs. J’ai repéré des amas blancs gluants à la base de certains citrons et feuilles. Je pense que ce sont des oeufs.

Au début de l’expérience les agrumes et les patates étaient dans la même Box. Je pense donc que les chenilles sont nées et ont envahi les patates. Les séparer parait donc être une bonne solution.

J’ai lu qu’une chenille pouvait chercher pendant 2 jours un endroit où faire son cocon. Je pense qu’elles sont capables de se déplacer sur des distances assez importantes et de franchir des obstacles. Je vais faire en sorte qu’elles ne puissent pas trouver les patates.

FEELING : 😌

Le samedi est un jour agréable. Je travaille à l’ombre, et je trouve que l’analyse des données est intéressante. Ces bilans me font avancer et me donnent des orientations motivantes.

JOUR 19

☕️ Parmi toutes les denrées que je consomme habituellement, celle qui me manque le plus est le café. J’aime le gout du café. Mais ce que j’apprécie surtout c’est son pouvoir stimulant au réveil. Il me permet d’avoir le cerveau alerte dès les premières heures de la journée.

Or, je consacre tous les matins les premières heures de la journée à la réflexion (de 4h30 à 7h). J’aimerais donc avoir le cerveau vif pendant cette phase pour qu’elle soit la plus créative et productive possible.

J’ai d’abord pensé que me plonger dans l’eau dès le réveil allait combler ce besoin. Ce n’était pas satisfaisant. Plonger stimule le corps, pas le cerveau. Puis je me suis dit que boire de l’eau chaude pourrait aider. Au réveil, j’allume un petit feu juste pour réchauffer un fond de tasse avec 3 feuilles de menthe. C’est agréable mais pas stimulant comme le café.

La caféine est présente dans les graines, les feuilles et les fruits de différentes plantes ou elle agit comme insecticide naturel, paralysant ou tuant les insectes qui s’en nourrissent. En revanche, chez les mammifères, la caféine agit surtout comme stimulant du système nerveux central et du système cardio-vasculaire, diminuant temporairement la somnolence et le temps de réaction et augmentant l’attention.

Un stimulant est une substance qui augmente l’activité du système nerveux sympathique facilitant ou améliorant certaines fonctions de l’organisme. Parmi les stimulants fréquemment consommés, on trouve la caféine contenue dans le thé et le café, ainsi que la nicotine présente en grandes quantités dans le tabac.

Les stimulants induisent un sentiment d’euphorie ou/et un sentiment d’éveil. Ils accélèrent le rythme cardiaque, augmentent la fréquence respiratoire et la pression artérielle.” Source : Wikipedia

Dans la liste des plantes “stimulantes” on trouve le café, le thé, la coca, etc. Il y parait aussi le bétel. Les thaïlandais en consomment. Il se trouve que j’ai cette plante sur la plateforme. Je savais que c’était comestible, mais je ne savais pas ce que c’était.

« Les feuilles de bétel sont utilisées comme stimulant, antiseptique, anti-inflammatoire, en protection du foie, antidiabétique, contre les ulcères et pour rafraichir l’haleine. Sa richesse en phénols en fait un bon anti-oxydant. Elles sont également utilisées en infusion pour traiter l’indigestion, comme onguent ou en inhalation contre les maux de tête, comme traitement contre la constipation, comme décongestionnant, et comme aide à la lactation ! » Source : Wikipedia

Malheureusement mon plan de bétel est quasiment mort : à moitié mangé par les chenilles et en mauvaise santé. Il n’a plus que 3 morceaux de feuilles. Je lis sur internet qu’il ne faut pas le laisser en plein soleil. Je vais tenter de lui refaire une santé… J’ai prélevé un petit morceau d’un des morceaux de feuilles pour y gouter. Ce n’est pas très bon… Mais si ça me rend alerte dès le réveil, ce sera un excellent ersatz du café !

Le plan de bétel n’est pas en forme — mars 2018 — © Gold of Bengal

C’est dimanche. Je suis allé explorer l’île.

J’ai accosté sur la plage de la mangrove, située au Sud de la plateforme, dans la baie. Après avoir attaché le paddle je me suis enfoncé dans la jungle.

Il y a d’abord une zone plate et marécageuse. Elle est jonchée de troncs et de branches mortes. Je ne comprends pas pourquoi.

Cette zone forme un cirque entouré par des falaises. Au fond il y a un passage. Il faut escalader une paroi de 4 ou 5 mètres de haut puis se faufiler dans une grotte.

Elle débouche sur la crête qui surplombe le cirque. On peut alors descendre de l’autre coté.

La jungle continue en descendant. Le sol est rocailleux. Ces rochers sont très découpés, cisaillés comme des roches volcaniques. Ils forment des falaises et des crevasses.

Des passages sans doute créés par les singes facilitent la marche à travers la végétation. Régulièrement, je trouve des grottes dont le sol est couvert de coquillages.

Je pense que ce sont les singes qui les apportent là.

L’ambiance de la forêt n’est pas aussi hostile que j’aurais pu l’imaginer. Mais elle donne une sensation d’intemporalité étrange. Elle parait immobile. Poussiéreuse, figée, comme oubliée par le temps. J’ai avancé par les sentiers de singe. Ils m’ont amenés à une zone pleine de bananiers et de palmiers. Aucun fruit visible.

Visite de l’ïle voisine — Thaïlande — Février 2018 — © Gold of Bengal

Je l’ai traversée. J’ai longé une falaise. Puis je me suis glissé entre des plantes tropicales dont les feuilles sont énormes et les tiges massives.

Après 3/4 d’heure de marche je suis arrivé à la côte. J’aurais parié avoir atteint la face Est de l’île, car j’avais l’impression d’avoir tourné de plus en plus à gauche au fur et à mesure de la traversée.

En fait j’ai débouché sur ma baie. Étrange. J’étais à 100m du paddle… Que je ne pouvais pas rejoindre à cause d’un pic rocheux. Le retour a été beaucoup plus compliqué. Je me suis perdu plusieurs fois…

À l’aller, j’ai eu l’impression d’aller quasiment tout droit, je n’ai donc pas jugé utile de créer des repères. J’ai juste coupé quelques feuilles pour indiquer la direction d’ou je venais. J’ai tourné en rond à la recherche des feuilles coupées. Mais dans une forêt tropicale de milliers de feuilles similaires, c’est un repère stupide.

J’ai fini par sortir mon téléphone, qui a un GPS… Ça a été ensuite très facile.

Prochaine sortie, je ne suivrai plus mon instinct, je suivrai le GPS. J’irai sans doute plus loin et plus rapidement. Je ne suis pas né dans la jungle.

⛈ Un orage similaire à celui qui a achevé la crise de l’eau s’est annoncé en fin de journée. Coups de tonnerre au loin, le ciel s’est couvert, le vent a tourné, l’air a fraichi, un clapot s’est levé. Tous les signes annonciateurs étaient là. Finalement il a évité la baie.

En ce moment j’assure 4 routines. La principale le matin de 7h à 9h, puis 3 autres plus légères à 11h, 14h et 17h. Cela me semble être un bon rythme.

FEELING : 😌

Depuis la fin de la crise de l’eau, je suis plus détendu, j’arrive à avancer la lecture de mon livre.

Ce matin, bonne séance de réflexion.

Comme j’ai accès à internet, je suis tenté d’écouter des podcasts pendant chaque activité qui ne sollicite pas l’attention du cerveau, comme préparer les repas, semer des graines, réaliser la routine du matin, etc.

Apprendre des choses en temps masqué me donne l’impression de gagner du temps. Je suis devenu fan d’Affaires Sensibles, la Tête au Carré et autres infos de France Inter.

Mais depuis quelques jours je lâche cette habitude.

Je me rends compte que les moments sans sollicitation du cerveau sont agréables et productifs. Les informations décantent, se rangent, se compilent. Et de bonnes idées naissent du silence.

J’ai la chance d’être déconnecté de la plupart des sollicitations habituelles. Il faut que j’en profite à fond. Je vais ranger toutes les informations de mon cerveau.

JOUR 20

Maintenant que les chenilles ont quasiment disparu, je m’attaque au problème des araignées rouges. Elles sont partout. Elles doivent se reproduire à une vitesse impressionnante. C’est un problème moins important que les chenilles car elles ne tuent pas les plantes. Mais elles les font souffrir et nuisent à leur croissance.

Ordinairement, le terme araignée rouge fait référence non à des araignées, mais à des acariens, visibles à l’oeil nu, de la famille des Tetranychidae. Pour beaucoup, il désigne collectivement les espèces ravageuses de cette famille capable d’infester plus de 2 300 espèces végétales différentes.

Les araignées rouges se distinguent par leurs huit pattes et absorbent le contenu des cellules foliaires. Une fois attaqué le limbe des feuilles se décolore et prend un aspect plombé argenté caractéristique. Ces acariens sont très féconds ; la femelle pond de 2 à 10 œufs par jour selon les espèces. Les nouvelles génèrations sont capables de pondre de 3 à 10 jours seulement après leur éclosion.

Les araignées rouges détestent l’humidité, il est donc conseillé de doucher les feuillages le soir par temps chaud pour éviter les attaques qui sont d’autant plus redoutables lorsque le temps est chaud et sec.” Source : Wikipedia

Je spray de l’eau plusieurs fois par jour les feuilles. Mais les araignées rouges vivent sous les feuilles, qui restent au sec. Je vais tenter d’arroser aussi sous les feuilles tous les soirs à partir d’aujourd’hui.

🌱 Création du deuxième champ de légumes feuilles. Dans la Box 4. Elle fait 1m20 par 1m20. Une bâche étanche agricole couvre l’intérieur. Comme pour le premier champ j’ai vidé 1 sac de billes d’argiles au fond pour drainer (environ 3 à 5cm d’épaisseur). Puis j’ai recouvert ces billes par un carré de bâche troué, faute de géotextile. Enfin j’ai ajouté 15cm de coco, 1 sac de chips de coco et 3 de fibre de coco.

Le deuxième champs de légume feuille — Mission Biosphère — Mars 2018 — © Gold of Bengal

Un grand nombre de microgreens a maintenant 5 feuilles, je vais pouvoir les repiquer.

🥔 Le prototype de rang de patates réalisé il y a 10 jours est satisfaisant. L’excédent d’arrosage est très facile à récupérer au fond de la bâche. Plusieurs fois par jour (à chaque routine), je l’écope et le vide sur les plans. Pendant les coups de vent, je rabats les bords de la bâche pour les protéger des embruns.

J’ai donc décidé de créer une version plus grande pour accueillir les futurs plans.

Le système de culture de patates sur la Biosphère — Mars 2018 — © Gold of Bengal

2 bambous de 4m de long, parallèles, écartés de 1m, sont suspendus à 60cm de hauteur. Les cotés de la bâche sont attachés à ces bambous. La bâche forme un U entre ces 2 bambous. Le fond du U est posé sur la plateforme. Je vais pouvoir poser environ 10 sacs de patates au fond de ce U. Les extrémités du demi-tunnel formé sont relevées pour que la solution nutritive n’en sorte pas et que les vagues ne puissent pas entrer.

Problème possible : pour aller d’un bout à l’autre de la serre je serai maintenant obligé de passer par le périphérique (tour extérieur de la serre) car cette installation prend toute la largeur.

😴 Je fais des siestes très courtes (moins de 5 minutes) pendant lesquelles je tombe dans un sommeil qui me semble très profond. Je me réveille en sursaut et regarde l’heure. À chaque fois je suis surpris de voir que seulement quelques minutes se sont écoulées.

FEELING : 😉

Je suis très content de ce chantier de réorganisation !

La serre prend une voie qui me plait. Elle a moins l’allure d’un bidonville. Ce n’est pas encore organisé comme une biosphère de la NASA, mais le curseur se déplace !

FEELING : 🤔

J’ai fait des simulations sur l’indice d’autonomie. J’étais déçu de voir qu’avec les grillons, la spiruline et les légumes feuilles, même produits en assez grande quantité, l’indice d’autonomie est plus faible que ce que j’avais en tête.

JOUR 21

Tanita m’a replacé à 7 sur l’échelle de la forme. J’oscille.

J’avais un peu mis de coté l’idée de manger des cacahuètes et commander de la nourriture pour poules et grillons depuis qu’elle m’avait annoncé à nouveau 8 il y a quelques jours.

Mais du coup j’y repense. Je vais en parler aux voisins. Je pense qu’ils pourraient me faire ces achats dans la semaine.

Sans Tanita, je n’aurais pas eu le moindre indice d’une baisse de poids, de masse musculaire ou de condition physique. Mais je crois qu’elle dramatise un peu.

🥔 J’ai installé les 2 meilleurs plans de patate dans le nouveau rang. Ils sont sévèrement attaqués par les araignées rouges. J’ai arraché les autres plans. Je les ai donnés aux poules. Il n’y avait plus grand espoir. Je préfère miser sur la jeune génération de germes.

Le rang a belle allure et correspond fidélement à mes plans. J’espère que bientôt il sera envahi par la verdure.

⚡️ Le relai de la minuterie Arduino a grillé. Je ne sais pas pourquoi. Je l’ai changé.

J’ai rapproché les boxes 1, 2, 3 et 4 pour densifier les éléments de la serre. La surface occupée est un paramètre important de l’étude. Plus elle sera faible, meilleur sera le résultat. J’ai donc intérêt à compacter les installations. Les passages entre les boxes étaient un peu larges, je les ai donc réduits au minimum acceptable.

Nouvel aménagement de la Biosphère — Mars 2018 — © Gold of Bengal

J’ai lancé un grand plan de rangement. Les objets qui ne me servent pas au quotidien seront stockés à l’abri de la pluie tout au bout de la plateforme (derrière le poulailler). Le périphérique sera bien dégagé pour circuler rapidement sans avoir en permanence à passer sous ou au dessus d’objets. Les ficelles, bâches et câbles qui pendent partout seront organisés

FEELING : 😇

Comme hier, la réorganisation de la serre me plait beaucoup. Je vais continuer.

Une Biosphère bien ordonnée, c’est un cerveau tranquille.

FEELING : 😩

J’ai raté ma cachupa du matin. Comme c’est un plat unique pour la journée, que je mange chaque heure, c’est un élément important. Ne plus jamais rajouter d’eau à la fin de la cuisson.

JOUR 22

🐛 Je trouve encore des chenilles, très grosses. Surtout au réveil, la nuit, quand je vais chercher les feuilles de menthe. C’est étrange, je me demande où elles se cachent…

☔️ Cette nuit il y a eu une grosse pluie. Peu de vent. J’ai collecté 96 litres d’eau. Je commence à être rodé. Les gouttières ne sont toujours pas très efficaces, mais je n’ai plus à courir partout quand un orage se déclenche.

Petit défaut : à cause du nouveau rang de patates, je dois passer par le périphérique pour aller d’un bout à l’autre de la serre. Je passe donc souvent sous les gouttières et me fais tremper.

J’ai repiqué 24 plans dans le champs numéro 2. Ce sont des amarantes, tsoi sim, mustard et chinese cabbage. J’ai aussi complété le champs numéro 1 avec les mêmes espèces. Il compte maintenant 33 plans. Chaque pousse repiquée a au moins 5 feuilles. Comme je sème 2 graines par emplacement dans les barquettes, il y a de nombreuses pousses doubles. Je ne sais pas si je dois en couper une sur 2. Quand je compare la croissance des pousses qui ont poussé seules et celles qui ont poussé à 2 (même très serrées), je ne constate aucune différence.

En repiquant ces pousses, je me suis rendu compte que pour la plupart seule la couche de substrat supérieure était humide. La fibre de coco au fond était sèche. Je pense donc que je n’arrose pas suffisamment les pousses.

La spiruline vivait dans 4 bacs en plastique. La capacité de ces contenants ne permettait plus d’augmenter le volume de spiruline. J’ai transvasé le contenu de 3 bacs dans la Box 2. J’ai gardé un bac tel quel afin d’avoir quelques litres en sécurité. Si la spiruline meurt dans le Box 2, j’aurai ainsi toujours une souche vivante. J’ai mis 3 bulleurs dans la Box 2, et un dans le bac de sécurité. Ils sont allumés en permanence quand il y a du soleil.

La culture de spiruline à bord de la Biosphère — Mars 2018 — © Gold of Bengal

🌱 Les germes mis dans l’eau le jour 13 avaient une mauvaise allure. Feuilles vert-jaunes un peu molles. J’ai donc pris 4 nouveaux germes sur une patate germée. Ceux ci avaient des germes sur les bords de la patate, avec des racines venant de ces germes. J’ai donc pu les détacher avec leurs racines. Ça n’avait pas été le cas avec les précédents car les racines partaient de la patate, j’avais donc du arracher les germes de la patate sans leurs racines.

J’ai attendu le soir pour les repiquer.

Je suis allé chercher du sable sur la plage de la côte Est. Les patates ont besoin de sable mélangé à de la fibre de coco. Ce sable ne doit pas être salé. J’ai choisi du sable du haut de la plage, bien au dessus de la marque de la dernière marée. Je pense que cette zone de la plage n’est atteinte que lors des grandes marées. En ce moment, avec la lune noire, les coefficients de marée sont faibles. Avec la pluie de la nuit, dont on voyait encore les empreintes, ce sable doit être bien rincé.

Les nouveaux plants de patates — Mission Biosphère — Mars 2018 — © Gold of Bengal

J’ai terminé le biofiltre dédié aux patates. C’est un bidon de 20 litres au dessus duquel j’ai accroché une bouteille de 6 litres, sans fond, goulot vers le bas. Cette bouteille est remplie de billes d’argile, fibre de coco et chips de coco. Une partie de ce substrat provient des autres biofiltres. Ils sont déjà habités par des bactéries, ce qui accélèrera la colonisation de ce nouveau biofiltre. Une pompe récupère l’eau dans le fond du bidon de 20 litres et la remonte via un tuyau dans le haut de la bouteille, afin qu’elle s’écoule via le substrat.

💻 À partir d’aujourd’hui, dans la matrice je ne distinguerai plus les feuilles des microgreens. Différencier les 2 demandait de comptabiliser séparément les quantités d’eau d’arrosage. Comme je n’ai qu’un seul grand spray, et que la surface de culture est maintenant importante, je l’utilise pour les microgreens et les feuilles. Il est plus simple de ne pas les dissocier.

FEELING : 😃

Depuis longtemps avant le début de l’expérience, le challenge de réussir à faire pousser des légumes feuilles en hydroponie avec des engrais organiques était une de mes plus grandes menaces d’échec. Finalement c’est parmi ce qui marche le mieux. Chaque matin, au réveil, voir les champs qui ont poussé est un réel plaisir.

FEELING : 🙁

La fin de mon livre “Sapiens” me laisse pas mal de réflexions pas toutes positives sur l’histoire et l’avenir…

JOUR 23

J’ai préparé 5 sacs pour futures plantations de patates. J’ai utilisé des sacs en polypropylène. Au fond, je mets un couche de billes d’argiles d’environ 5cm, puis 3cm de chips de coco. Au dessus, sur environ 15cm, une couche d’un mélange de compost de toilettes sèches (vieux de plus de 2 mois), de sable, de fibre de coco et d’un peu de chips de coco.

Enfin la dernière couche d’environ 10cm est faite d’un mélange de sable et de fibre de coco. En tout pour composer les 5 sacs, j’ai eu besoin de 10 litres de compost, 20 litres de sable, 3/4 de sac de fibre de coco, 1/4 de sac de chips de coco et 1/4 de sac de billes d’argiles.

Ce mélange est le même que celui que j’avais utilisé pour les patates plantées sur Nomade des Mers. Il avait donné de bons résultats sur les premières semaines de croissance.

À présent le rang est plein. Il y a 12 sacs. Il faudra que je repique les germes pour ces 5 sacs.

Je n’ai pas mis en service le biofiltre. Comme je récupère le surplus d’arrosage 4 fois par jour au fond de la bâche pour arroser les plantes, je pense que les sacs de patate font eux même office de biofiltres. Cela reste à vérifier. Ça m’économiserait la manipulation de remplir le biofiltre et l’énergie pour faire tourner la pompe.

Les biofiltres à bord de la Biosphère — Février 2018 — © Gold of Bengal

Les repiquages des pousses réalisés hier ont l’air d’avoir pris. La consommation d’eau et de solution nutritive a considérablement augmenté. Il faudra que je mette un paillage pour limiter l’évaporation.

FEELING : 😌

Le premier rang de patates est une marche importante. Il était temps de la franchir car la fin de l’expérience est dans moins de 100 jours, ce qui correspond au cycle de croissance des patates.

Cette phase est agréable car j’avance. Chaque jour apporte une nouvelle brique à la Biosphère.

FEELING : 😔

Le plan de betel est mort. Plus d’espoir d’avoir un stimulant.

JOUR 24

J’ai posé un paillage de chips de coco dans les 2 champs. Cela devrait réduire l’évaporation.

Les bords des feuilles d’amarante se recroquevillent. Ce n’est pas le cas dans la nursery. Et leur vert n’est pas très foncé. J’ai peur qu’un problème s’annonce…

J’ai toujours du mal à savoir identifier les solutions adaptées face aux problèmes des plantes. Trop ensoleillé ou pas assez, trop d’eau ou trop sec, excès ou déficit d’engrais, parasites… À chaque cause une solution différente doit être adoptée. Mais encore faut-il connaitre cette cause.

Ce matin je suis allé voir les voisins. Il y avait Guit, le père et la mère. Ils étaient assis en tailleur sur leur terrasse. Ils mangeaient du crabe avec du riz. Je leur ai demandé s’ils pouvaient m’acheter de la nourriture pour poules, grillons et des cacahuètes lors de leur prochain passage à AoLuek. Ils ont accepté.

En fin de journée le voisin, père (qui s’appelle Bulekan, je crois) m’a apporté 5kg de granulés pour poules et 3kg de cacahuètes. Ils n’ont pas trouvé la nourriture pour grillons. Ce n’est pas très grave. Tui, qui m’a appris à élever les grillons, utilise parfois de la nourriture pour poules qu’il broie en fine poudre. Je vais tenter.

Il n’a pas voulu que je le paye. Je trouve ça très gênant, car le prix n’est pas négligeable.

Un intrant est une ressource importée dans la Biosphère. Elle n’est pas produite par la Biosphère. Les ressources qui ne sont pas considérées comme des intrants sont l’eau de mer, la pluie, le vent, l’air et le soleil.

Raison : ce sont des intrants gratuits et accessibles à une grande partie de la population mondiale.

Cependant cela limite la réplicabilité de l’expérience aux zones ayant :

  • Un climat équivalent. Ici, le climat est chaud et humide avec des pluies. Il correspond à une large partie de la population mondiale.
  • Une présence d’eau, potable ou non. L’eau de mer est ici utilisée pour l’hygiène et le dessalinisateur. Dans une zone ou les pluies sont plus abondantes, cette ressource ne serait pas nécessaire.

Le choix des intrants est réalisé selon les critères suivants :

  • la disponibilité de la ressource au niveau local,
  • son prix
  • sa disponibilité dans les autres zones dans laquelle la biosphère pourrait être réplicable
  • son impact écologique

Par exemple, le poisson est ici disponible au niveau local. Il est bon marché, surtout quand on le pêche soi-même. Mais cela n’est pas vrai dans toutes les zones ou la Biosphère est réplicable (il y a de nombreuses zones ou on ne peut pas pêcher). Enfin son impact écologique, par les ressources qu’il nécessite, le classe en dessous d’autres ressources alternatives comme le maïs qui permet d’élever des grillons ou des poules.

Le choix des intrants principaux s’est porté sur :

  • le maïs
  • l’huile de soja
  • la noix de coco

Depuis mon problème d’apports en protéines, j’ai réalisé de nouvelles simulations avec le tableau des apports nutritionnels. Il en ressort que je peux remplacer les noix de coco par ces arachides. Leur apport est meilleur sur le plan nutritif, en particulier grâce à leur forte concentration en protéines (26,3% de protéines, ce qui est supérieur au poulet). De plus il est possible de les produire dans la Biosphère.

Dans un premier temps, tant que les productions d’oeufs, de grillons et de spiruline sont faibles, je mangerai 100g d’arachide par jour. Avec les autres aliments, cela m’apportera environ 80% de mes besoins en protéines.

L’arachide est une plante de la famille des légumineuses (Fabaceae) originaire du Mexique et cultivée dans les régions tropicales, sub-tropicales et tempérées pour ses graines oléagineuses. Elle présente la particularité d’enterrer ses fruits après la fécondation.

Les Faboideae (légumineuses) ont la particularité de puiser l’azote à la fois dans le sol et l’air. Elles se caractérisent par une activité symbiotique de fixation de l’azote atmosphérique grâce aux bactéries présentes dans leurs nodosités. L’agriculture exploite cette particularité naturelle en alternant la culture de Faboideae avec celle des végétaux cultivés bénéficiant de cet apport.”
Source : Wikipedia

La culture de l’arachide est ainsi souvent associée à la culture de maïs. Je pourrais consacrer une zone de la Biosphère à la culture de ces 2 plantes. Réflexion en cours sur la surface et le mode de culture.

RDV dans quelques jours pour découvrir la Mission Biosphère — Semaine 5.

À PROPOS

Mission Biosphère, 4 mois en autonomie grâce aux low-tech.

Seul sur une plateforme au large de la Thaïlande, Corentin aura pour mission de combiner les low-technologies les plus prometteuses afin de constituer une base-vie autonome lui permettant de répondre à ses besoins vitaux.

Pour tout savoir de la Mission Biosphère, rendez-vous sur Nomade des Mers — Phase 2 : Mission Biosphère

Nomade des Mers, 4 ans autour du monde, à la découverte des low-technologies

Le 23 février 2016, le Nomade des Mers prenait la mer pour une grande expédition de découverte, d’expérimentation et de promotion des low-technologies. Son objectif ? Parcourir les océans à la recherche des meilleures solutions et des inventeurs les plus ingénieux. Plateforme d’expérimentation des low-tech, le Nomade des Mers permet également d’en faire la promotion et d’en assurer la diffusion. Au fil de ses expéditions, le Nomade des Mers a vocation à devenir un écosystème autonome exemplaire, porte-drapeau de l’innovation durable et solidaire.

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