Série : Pourquoi l’assurance habitation est-elle cassée ?

Episode 01 : Le conflit d’intérêt au coeur de l’assurance

Raphael Vullierme
Luko
Published in
5 min readJun 22, 2018

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Lorsque nous avons lancé notre technologie de prévention des sinistres il y a 18 mois avec mon associé, nous avons tout de suite pensé que nos interlocuteurs idéaux seraient les assureurs. Imaginez une intelligence artificielle analysant les consommations en électricité et en eau des particuliers, et sonnant l’alerte en cas d’anomalie. On pourrait ainsi éviter les millions d’incendies et inondations qui ont lieu chaque année dans nos foyers!

On était loin d’imaginer le fossé d’incompréhension et le conflit d’intérêt qui oppose les assureurs et les assurés…

Une relation gagnant perdant

Le modèle d’assurance tel qu’on le connaît est né au XIVe siècle lors de l’explosion du trafic maritime. Déjà à l’époque, Francesco di Marco Datini, un marchand florentin, écrivait à sa femme

“Ils sont très aimables de prendre mon argent, mais à l’inverse, la catastrophe arrivée, ils sauvent tous leurs arrières et font tout leur possible pour ne pas payer.”

Fort de ce constat, Francesco s’est alors enrichi en vendant des assurances à ses confrères.

L’assurance a pourtant une vraie utilité sociale. Elle permet à chacun de vivre sans se soucier des aléas et aux victimes d’un sinistre de reprendre une vie normale. Alors, pourquoi est-elle perçue comme un mal nécessaire ?

Le problème de l’assurance ne vient pas des acteurs mais de son modèle. Il repose sur une profonde opposition des intérêts entre assureurs et assurés. Une situation dans laquelle moins l’assureur vous rembourse, plus il accroît ses profits. En effet, à chaque fois qu’il vous rembourse, l’assureur vous reverse une partie de l’argent qui viendrait autrement accroître sa rentabilité — il perd de l’argent. L’assureur est donc tiraillé entre ses obligations de performance financière à court terme, exacerbées par une forte volatilité boursière, et son devoir de bien rembourser pour garder ses meilleurs clients.

Résultat : l’industrie dans son ensemble investit très peu dans les technologies permettant de simplifier et d’accélérer le remboursement de ses clients (vidéo, intelligence artificielle, inventaire en ligne…). En conséquence, se faire rembourser aujourd’hui est toujours synonyme de lenteur et de complexité administrative.

Une asymétrie d’information au profit de l’assureur

Soyons francs, aujourd’hui comprendre l’assurance est complexe. Et pourtant, le principe de base est très simple. Une mutualité (un groupe de personnes) s’unit et met de l’argent de côté pour venir couvrir les risques futurs. Un acteur central, “l’assureur”, est responsable de percevoir les primes, de gérer les accidents (sinistres) et de s’assurer qu’il y ait toujours suffisamment d’argent pour payer tous les sinistres. Pour cela, il est rémunéré.

Cette rémunération est aujourd’hui opaque. Quand on achète un produit d’assurance, on comprend rarement de quoi il se compose : limites, franchise, durée, conditions… Et surtout, on a souvent l’impression de se faire avoir. Suis-je vraiment couvert ? L’assurance la moins chère est-elle la meilleure pour moi, ou la plus rentable pour mon assureur?
Par exemple, certaines assurances de carte bleue réalisent plus de 70% de marge ! Il en est de même avec les extensions de garantie vendues avec insistance par votre vendeur d’électroménager, réalisant des marges souvent supérieures à 50%.

Résultat: les Européens n’ont plus confiance dans leur assureur (seuls 30% des Français se déclarent satisfaits d’après le baromètre européen de la satisfaction client réalisé par Ipsos). Même les mutuelles, fondées originellement dans une logique d’unir une communauté liée par des intérêts communs (les artisans, les professeurs, les médecins, les militaires…) atteignent leur limites. Certaines, avec qui nous avons collaboré dans le passé, font aujourd’hui un travail remarquable. Mais beaucoup se sont laissées dépasser, et prélèvent des frais de gestion élevés pour un service client d’une autre époque.

Chez Luko, nous pensons qu’il existe une autre manière d’assurer les foyers. Nous avons cherché un modèle reposant sur la transparence afin d’aligner les intérêts des particuliers et de l’assureur. Devenir partenaires plutôt qu’adversaires.

Un nouveau modèle d’assurance

Pour faire notre travail : gérer rapidement les sinistres, vous protéger et vous garantir que vos sinistres seront toujours remboursés, nous prélevons des frais fixes et transparents à la manière d’une plateforme web. Cela représente 30% des cotisations, soit les frais de service les plus faibles du marché. Grâce à un modèle entièrement digital utilisant l’Intelligence Artificielle, et à l’absence d’agences et de commerciaux, nous concentrons tous nos efforts sur le service client et sur notre technologie de prévention des sinistres. Les 70% restants sont placés dans un fond commun servant à dédommager rapidement les assurés en cas de sinistre. À aucun moment, ils ne sont intégrés dans les bénéfices de Luko.

En fin d’année, s’il reste de l’argent une fois que tous les sinistres ont été payés, nous le reversons à l’association de votre choix. Nous appelons cela le Giveback*. Contrairement à une assurance traditionnelle, Luko ne gagne rien à ne pas vous rembourser. Le giveback c’est la fin du conflit d’intérêt. Vous êtes remboursé rapidement et simplement.

Pourquoi ce modèle de giveback ? On nous demande souvent pourquoi nous ne reversons pas le solde restant directement aux assurés.

Selon différentes estimations, la fraude à l’assurance accroît de 5 à 15% le prix des cotisations annuelles. Pour vous éviter de payer pour les autres et pouvoir vous proposer une assurance au meilleur prix tout en remboursant rapidement les sinistres, nous avons mis en place des filtres anti-fraude ultra performants. Mais nous pensons que le meilleur moyen de réduire la fraude, c’est de créer les conditions de la confiance grâce à un modèle vertueux. Si vous exagérez un sinistre, ce n’est pas une mutualité d’anonymes sans visage, mais l’association que vous avez vous-même choisie que vous pénalisez.

Le giveback c’est un moyen d’être remboursé rapidement et simplement en cas de besoin, tout en soutenant une association qui vous est chère.

Je change l’assurance

*le principe du Giveback n’a pas été inventé par Luko mais par une assurance américaine ayant rencontré un fort succès. Rendons à César ce qui appartient à César.

💵 Giveback et exonération fiscale : Le giveback est un concept innovant, son statut fiscal n’est pas encore totalement arrêté. Nous travaillons actuellement sur une structuration vous permettant de bénéficier des exonérations soit sous forme de réduction sur votre prochaine prime d’assurance ou directement via une déduction fiscale.

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Raphael Vullierme
Luko

Co-founder & CEO of @getluko to protect European homes. Former CEO @flyopenjet, @rocketberlin GVD, and #foodtech founder.